Les Matadors de Marc Marie-Joseph
Avec les Matadors de Marc MARIE-JOSEPH, nous voilà de nouveau à Saint-Pierre. Au XIXème siècle. Près de la mer. Sous la ligne bleu courbé des horizons que trouble l’épaisse vapeur de rhum qui monte des distilleries et suinte dans les corps.
En ce Saint-Pierre là, dont la géographie, ici, est la géographie flottante du rêve et du fantasme, chaque couturière a sa matador. Pour qui, carton après carton, elle dessine la dentelle rose ou sombre des costumes où le désir, comme renversement des jeux de pouvoir, se met en scène.
Bustiers, guêpière. Mousseline frivole ou organdi. Chaque modèle est la promesse, plusieurs fois affirmée, d’une aventure heureuse. Mais c‘est une promesse qui ment. Puisque la matador, comme figure de l‘amour, est une figure tragique. Celle de l‘amour vécu comme une lutte à mort.
L’intime, donc ? En ce qui touche au plus près le corps : le linge d’en dessous ? Certes. Mais l’intime surtout comme récit d’une histoire collective. Comme récit d’un certain usage des corps. L’intime, à vrai dire, comme espace d’affrontement pour celles qui, alors, sont interdites d’espace public.