Un homme est tombé hier soir !
"Un homme est tombé hier soir. Il est tombé dans un combat douteux et pour une cause douteuse, mais c’était un Martiniquais !" ainsi s'exprimait Aimé Césaire, dramaturge et chantre de la Négritude, au lendemain d'un meurtre sur la Savane. Cette déclaration de Césaire résonne encore en moi car elle incarne bien ce brin d’humanité qui, hélas, nous fait tant défaut. Aujourd’hui, en Afghanistan, des hommes continuent de tomber pour des causes douteuses sans que l’opinion publique ne s’en émeuve. Fort heureusement, de ces informations qui rythment notre quotidienneté, quelques voix s’élèvent. Et, des langues finissent par se délier. A cet effet, nous relayons ici le témoignage émouvant, mais ô combien lucide, du père d’un soldat actuellement en Afghanistan, publié dans Rue 89. Il s’insurge contre cette série de morts dans le contingent français.
En Kapisa (Afghanistan), un homme est tombé hier soir. Il avait 32 ans et père de deux enfants de un et sept ans. Il avait commencé sa carrière en Guyane. Il s’appelait Facrou Housseini Ali (cf PHOTO). Il n’était pas Martiniquais mais Comorien. Mais qu’importe, c’était avant tout un Homme ! Et, nous disons à nos gouvernants que nous désapprouvons totalement le sort réservé à la jeunesse ultramarine. Sur les 4 000 soldats engagés en Afghanistan 800 sont originaires de l’Outre-Mer, soit 20% de l’effectif des forces françaises en Afghanistan. Aussi, au-delà des chiffres et du lourd tribut payé par nos fils et frères, nous nous associons à tous ceux qui demandent le retrait des troupes françaises de cette guerre aberrante. Louis Boutrin