"Il faut évoluer certes, mais pas dénaturer !"
Nous avons reçu cette lettre d'Alfred Marie-Jeanne, Président du Conseil Régional de Martinique, adressée à Edouard Glissant, Président du Jury du Prix Carbet de la Caraïbe.
En attribuant le Prix 2009 à Alain Plénel, le Jury a voulu récompenser une... conscience ! Soit, en cette année de commémoration du cinquantenaire des événements de "Décembre 59", personne ne peut remettre en cause l'humanisme et l'esprit perspicace d'Alain Plénel. Sa détermination et sa courage face à l'Etat colonial dépassent le simple symbole et interpellent notre conscience. Ils ont valeur d'acte poétique autant que politique et méritent, à ce type, les honneurs de la Martinique entière.
Mais, fallait-il pour autant lui attribuer un prix littéraire ? Pourrait-on concevoir que le Prix Goncourt soit attribué à ...Mère Thérèsa en lieu et place d'une oeuvre littéraire ? Qu'en penserait Edouard Glissant si son Prix Renaudot de 1958 avait été décerné à ... Fidel Castro qui, durant la même année, venait de débarrasser le peuple cubain du dictateur Batista ?
Le prix Carbet de la Caraïbe était initialement prévu pour "récompenser et promouvoir une oeuvre littéraire de réflexion ou de fiction". Le Jury s'est affranchi de ces principes fondateurs. C'est son choix ! Le président de Région, dans son droit, lui a rappelé, à juste raison, les termes de la participation régionale : "Il faut évoluer certes, mais pas dénaturer" précise Alfred Marie-Jeanne ! Un rappel aux engagements initiaux en guise de rappel à l'ordre dont on se serait bien passé si on avait attribué à l'ancien Vice-Recteur de l'ex-colonie ... un prix spécial du jury ! L.B.