Mais il est resté flou sur sa volonté de se soumettre aux primaires d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV), une compétition délicate pour lui dans laquelle Eva Joly est déjà en course
.
Cécile Duflot, la dirigeante d'EELV, a dit n'avoir aucune inquiétude à ce sujet. "Je ne suis pas du tout inquiète du caractère collectif de la démarche de Nicolas Hulot", a-t-elle dit à Reuters.
"J'ai décidé d'être candidat à l'élection présidentielle et de mettre le capital de confiance que j'ai essayé de construire au seul service du changement", a déclaré pour sa part l'animateur.
"Je sollicite le soutien de l'ensemble des écologistes et notamment de mes amis d'Europe Ecologie-Les Verts, mais aussi plus largement de toutes celles et de tous ceux qui ne se résignent pas au déclin conjoint de l'humanité et de la nature", a-t-il ajouté.
Nicolas Hulot, 55 ans, qui est l'une des personnalités préférées des Français avec Dominique Strauss-Kahn et Jacques Chirac, s'est déclaré à Sevran, une ville de Seine-Saint-Denis emblématique de la "souffrance sociale" dont il veut faire son cheval de bataille.
"NOTORIÉTÉ ET CRÉDIBILITÉ"
En 2007, Nicolas Hulot avait déçu les écologistes en renonçant à se présenter in extremis pour imposer un "pacte écologique" signé par les principaux candidats, dont la socialiste Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy.
Selon un récent sondage TNS Sofres Logica pour Le Figaro Magazine, 51% des Français souhaitent voir Nicolas Hulot "jouer un rôle important au cours des mois et des années à venir".
Nicolas Hulot devra maintenant franchir l'obstacle des primaires d'EELV face à sa principale rivale, l'ex-magistrate Eva Joly, autre figure de la société civile.
Or, la députée européenne n'entend pas s'effacer pour un candidat qu'elle juge avant tout médiatique. "Il ne faut pas confondre notoriété et crédibilité", répète-t-elle.
Le vote, dont le résultat devrait être connu le 24 juin ou le 9 juillet en cas de second tour, serait serré, nombre de militants reprochant à Nicolas Hulot le flou de sa ligne politique. Il n'a pas évoqué, par exemple, le nucléaire dans sa déclaration de candidature.
Il se voit également reprocher ses liens avec la chaîne de télévision TF1, qu'il vient de quitter, et les sponsors de sa fondation, dont il démissionnera officiellement vendredi.
"Le 'Hulot Circus' débarque à Sevran", a ainsi déclaré mercredi Stéphane Lhomme, autre candidat aux primaires, en dénonçant un "discours creux dans la lignée" de la fracture sociale de Jacques Chirac et de la rupture de Nicolas Sarkozy.
COHN-BENDIT S'INTERROGE
Jean-Luc Mélenchon, qui espère pouvoir incarner le Front de gauche à la présidentielle, a lui aussi souligné le flou de la candidature de l'écologiste.
"La question qui se pose est de savoir si politiquement il se rattache à la gauche ou à la droite ou à ni gauche ni droite", a-t-il dit sur Canal +.
Daniel Cohn-Bendit, l'inspirateur d'Europe Ecologie, s'est interrogé plus largement sur l'intérêt d'une candidature écologiste à la présidentielle dans ce climat de rivalités.
"Je suis très sceptique sur la possibilité dans les tensions qui existent aujourd'hui d'une candidature écologiste (...) Ils sont en train de faire la même chose que le PS. C'est inintéressant", a dit le député européen sur RTL.
Le processus de désignation des primaires écologistes est pour l'heure réservé aux adhérents et "coopérateurs" d'EELV, moyennant une cotisation de 20 euros, contrairement au voeu de Nicolas Hulot et ses alliés, qui plaident pour un scrutin ouvert.
Des discussions ont débuté en vue d'élargir le corps électoral, via une baisse de la cotisation.
Pour Eva Joly, "il n'y a aucune raison" que des primaires "provoquent des dégâts" et aboutissent au scénario d'une double candidature écologiste.
"Mon rôle de secrétaire nationale, c'est d'être un point d'équilibre qui permet que toutes les forces aillent dans le même sens", a dit de son côté Cécile Duflot.
Gérard Bon, édité par Yves Clarisse
SOURCE : REUTERS