Afrique du Sud

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Après Thabo Mbeki,  un tiers du gouvernement démissionne !   

Un tiers du gouvernement sud-africain a annoncé mardi sa démission dans le sillage du départ forcé du président Thabo Mbeki, renforçant les craintes d'instabilité dans un pays secoué par une crise sans précédent depuis la chute de l'apartheid en 1994.


La vice-présidente Phumzile Mlambo-Ngcuka, dix ministres sur 29 et trois ministres adjoints ont remis leur démission au chef de l'Etat et quitteront le gouvernement en même temps que lui, jeudi, a indiqué la présidence. L'ampleur des départs, dont celui du ministre des FinancesTrevor Manuel, artisan du redressement économique de l'Afrique du Sud, a suscité l'affolement et fait plonger la bourse de Johannesburg et la devise nationale, le rand.

 


Précisant avoir démissionné "par respect" pour le président Mbeki, le ministre Manuel, en fonction depuis 1996, a ensuite assuré rester "disponible" pour le futur gouvernement. Les marchés sont remontés après cette mise au point, mais restent nerveux.


Le Congrès national africain (ANC, au pouvoir depuis 1994), qui a précipité la crise en retirant sa confiance à Thabo Mbeki sur fond de divisions intestines, a multiplié les messages rassurants.


"Ces démissions ne constituent pas une crise et il n'y a aucune raison de céder à la panique", a déclaré son chef, Jacob Zuma, qui a ravi la tête du parti à Thabo Mbeki, en décembre lors d'un congrès aux allures de révolution interne.


"Les événements politiques en cours seront résolus bientôt et ne doivent pas perturber les services publics", a-t-il ajouté. "Le nouveau président va pouvoir former bientôt un gouvernement parfaitement à même de servir la nation."


Jouant déjà l'apaisement, le groupe parlementaire de l'ANC avait désigné lundi Kgalema Motlanthe, un homme réfléchi et conciliateur, pour succéder au président Mbeki jusqu'aux élections générales du 2e trimestre 2009.


Et pour sortir au plus vite de cette zone de turbulences, le parti, qui avait ordonné samedi à Thabo Mbeki de démissionner, a géré avec célérité les étapes de la succession.


Mardi, par 299 voix contre 10, les députés ont adopté une motion stipulant que "la démission du président de la République d'Afrique du Sud (prendrait) effet le 25 septembre 2008".


Jeudi, à 11H00 (09h00 GMT), l'Assemblée nationale élira son successeur. Le nouveau président devrait prêter serment dans la foulée et désigner son gouvernement.


Mais les assurances de l'ANC n'ont pas vraiment convaincu. Les départs en masse du gouvernement "montrent à quel point l'ANC est divisé", souligne ainsi l'analyste Aubrey Matshiqi. "Leur départ rend la gestion de la transition plus difficile."


Quant à l'opposition, elle a dénoncé "un désastre total" (le parti zoulou Inkhata Freedom Party), ou le "canyon" qui sépare les factions de l'ANC (Alliance démocratique).


Le Parti communiste, allié du clan Zuma, a renvoyé la balle vers le chef de l'Etat. "L'annonce (des démissions) par la présidence était une tentative inconsciente de provoquer un sentiment de crise (...) et en faire porter le blâme à la direction de l'ANC", estime le parti.


Le président Mbeki a pour sa part contre-attaqué sur la scène judiciaire, en saisissant lundi soir la Cour constitutionnelle pour faire appel du jugement qui a précipité sa chute.


Le 12 septembre, un juge avait annulé les poursuites pour corruption contre Jacob Zuma pour vice de forme. Dans ses attendus, il avait dénoncé des "interférences politiques" et accusé implicitement le chef de l'Etat d'avoir instrumentalisé la justice pour écarter son rival.


"Il est injuste que je sois jugé et condamné" sans avoir pu "me défendre", sur la base de ces attendus, "qui ont conduit mon parti, l'ANC, à me rappeler", fait valoir M. Mbeki dans son recours. "Je crains que, si cette situation n'est pas rectifiée, je n'endure un préjudice plus élevé encore".