AIR CARAÏBES PREND LE CONTRÔLE DE CORSAIR

Corsair sous les ailes d'Air Caraïbes

corsair.jpgAprès des discussions inabouties fin 2013, le groupe familial Dubreuil devrait créer un leader sur les Antilles.

Le voyagiste TUI tire un trait sur Corsair. Sauf surprise de dernière minute, le groupe familial Dubreuil, déjà propriétaire d'Air Caraïbes, s'apprête à prendre le contrôle de la compagnie aérivenne. Il crée ainsi un nouveau leader du transport entre la métropole et les Antilles, avec plus de 50 % de parts de marché, devant Air France (43 % sur les dix mois de l'année 2014) et XL Airways (5 %). Les comités d'entreprise extraordinaires de Corsair et TUI France sont convoqués le 19 février: le groupe Dubreuil présentera alors son projet.

 

Spécialiste des Antilles (environ 22 % du trafic avec la métropole), Corsair, qui prévoyait un retour à l'équilibre en 2013-2014 (exercice clos fin septembre), a dégagé l'an dernier une perte opérationnelle de 8 millions d'euros, pour un chiffre d'affaires de 479 millions (- 1 %). La compagnie avait été acquise en 1990 par le voyagiste Nouvelles Frontières à l'époque où son bouillant fondateur, Jacques Maillot, était aux commandes. Son objectif était de disposer d'une compagnie aérienne pour pratiquer des tarifs bas. Le géant allemand TUI en a hérité lorsqu'il a racheté Nouvelles Frontières en 2002.


Image revalorisée

En mauvaise situation financière, Corsair a été restructurée sous la houlette de Pascal de Izaguirre, son PDG depuis mai 2010 (également à la tête de TUI France depuis mai 2011). De compagnie charter travaillant pour Nouvelles Frontières, elle a été repositionnée en compagnie régulière long-courrier. Sa flotte de sept avions est réaménagée avec de nouvelles cabines. La classe affaires (baptisée «classe grand large») a pris du galon: + 50 % de chiffre d'affaires en 2012-2013 et + 25 % en 2013-2014. Proche de l'équilibre financier, Corsair bénéficie donc d'une forte notoriété et son image se revalorise. Elle s'est séparée au passage de plus de 20 % de son effectif: elle emploie 1160 personnes contre 1500 en 2010.

La mission de Pascal de Izaguirre était de restaurer la rentabilité de Corsair mais pas de la conserver au sein de TUI. Fin 2003, il évoquait l'ouverture probable du capital. Des discussions en vue de son rachat avaient même été engagées en 2012, avec le groupe Dubreuil. Sans suite. 

 

Risque social

Discret, fin négociateur, ce groupe familial exploite déjà Air Caraïbes, compagnie bénéficiaire. C'est son métier principal, mais c'est loin d'être le seul. L'entreprise, qui a réalisé 1,4 milliard d'euros de chiffre d'affaires en 2014, est présente dans la distribution automobile et de pièces détachées (26 % du chiffre d'affaires en 2014, contre 33 % pour Air Caraïbes), ou encore la distribution de produits pétroliers (15 %).

Il y a un peu plus d'un an, les discussions avec TUI avaient achoppé probablement sur la flotte de Corsair (notamment trois Boeing 747-400 âgés de 20 ans) et sur le risque d'un conflit social dans la perspective de suppressions de postes. «C'est le coup de massue. Au moment où Corsair va gagner de l'argent, elle est vendue, avec la crainte évidente d'un plan social», affirmait hier Lazare Razkallah, secrétaire du comité de groupe regroupant Corsair et TUI France.