AN : ALFRED MARIE-JEANNE S'OPPOSE AU DÉMANTÈLEMENT ANNONCÉ DE L'UNIVERSITÉ DES ANTILLES

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M. le Président

Mme la Ministre

Collègues de l’Assemblée

 

Il faut se rendre à l’évidence, la mutilation de l’Université des Antilles et de la Guyane a été un échec flagrant. Son onde de choc n’a pas fini de faire des dégâts. Ce qui se mijote autour de la création de l’Université des Antilles laisse présager le pire. J’ai l’intime conviction que les tractations en cours n’ont qu’un but inavoué, celui de nous acheminer vers une seconde séparation.

Du passé, je sais les frustrations insupportables.

Du passé, je sais les dysfonctionnements regrettables. 

Comme je sais aussi les détournements de fonds publics en bandes organisées déplorables.

J’ai dénoncé toutes ces dérives les unes après les autres sans complaisance et sans complicité d’aucune sorte.

Mais au-delà de toutes ces déconvenues, j’ai su raison garder en plaidant constamment pour le raffermissement et le développement des liens entre la Guyane, la Guadeloupe et la Martinique.

Car j’ai toujours considéré sur ce sujet vital que les points de vue égocentriques n’étaient pas ipso facto porteurs de plus d’efficacité globale.

 

Ce qui se dessine dans la pénombre risque d’exacerber inutilement les antagonismes entre la Guadeloupe et la Martinique si les deux composantes sont traitées en rivales plutôt qu’en partenaires équivalentes et solidaires. A moins de se satisfaire d’une Université croupion.

A regarder de plus près c’est le concept du « on avance à reculons pour mieux sauter » qui est préconisé. Ce concept est malheureusement inadaptable à l’Université. C’est une hérésie de vouloir d’abord rompre les liens puis ensuite envisager comment les recréer.

Une autre approche est possible. Entre associées, il faut toujours lâcher du lest, en conserver une part pour soi-même, dans le but in fine de réussir ensemble.  

La question en fait qui turlupine est celle de la continuité du mandat de la Présidente de l’Université que certains veulent à tout prix pousser à la porte de sortie. Si l’intéressée s’en va, de gré ou de force, la question n’a plus sa raison d’être.

Dans le cas contraire il n’y a pas de garantie formalisée. Rien n’empêche par exemple au Conseil d’administration de démissionner même en partie. Ce n’est pas une hypothèse d’école. C’est une épée de Damoclès. Ce serait un acharnement insolite et peu glorieux que d’arriver à une telle extrémité.

Et c’est là qu’il faut prévoir, et c’est là qu’il faut anticiper pour empêcher toute détérioration supplémentaire.

Madame la Secrétaire d’Etat, vous êtes le pivot central autour duquel gravitent toutes les probabilités inimaginables.

Dois-je rappeler que la Présidente de l’Université n’a pas été désignée. Elle a été élue. Son mandat expire dans deux ans. L’obliger à s’en aller de force par un artifice quelconque c’est fomenter un complot.

Ne pas respecter la date de l’échéance est une atteinte délibérée à la démocratie. 

Il est temps de revenir à des considérations plus apaisées. 

Sans remettre en cause le principe d’une direction collégiale élue, il serait judicieux d’insérer dans les statuts, que la présidence de l’Université soit dévolue alternativement à une personne issue de chaque pôle, tantôt Guadeloupe, tantôt Martinique.

Madame la Secrétaire d’Etat, ne succombez plus aux voix des sirènes de la discorde permanente.

Vous avez mis en place les meilleures conditions possibles pour que les Universités de France soient plus performantes et plus attractives à l’international, alors que pour les étudiants de notre « Outre-Mer » de la Caraïbe vous nous faites naviguer à contre-courant du monde. 

 En effet, en mai 2013 à l’Assemblée nationale, lors de la discussion du projet de loi relatif à l’enseignement supérieur et à la recherche, une dame déclarait avec fougue  conviction et pertinence,  et je cite :

-Que « les regroupements des Universités relèvent du bon sens »

- Que « les regroupements des Universités donneront une plus grande visibilité aux Universités »….« qui sont des pastilles vues de Shangaï »

-Que « nous devons regrouper nos forces…. et favoriser la coopération au lieu d’une compétition qui ne rime à rien »

Cette déclaration magnifique a été faite par vous, Madame Geneviève FIORASO. 

Six mois plus tard, une dame défend avec le même talent et le même allant le démantèlement de l’Université. C’est encore vous Madame Geneviève FIORASO.

Aujourd’hui, on demande à une dame de conduire à l’échafaud la Présidente en place de l’Université et on s’adresse à vous, Madame Geneviève FIORASO.

Que de volte-face subites et déconcertantes.

Malgré tout, j’aurai souhaité vous faire confiance dans cet ultime épisode de ce feuilleton désolant. A condition que vous vous émancipiez enfin de ce système d’injonctions répressives, empêchant la mise en place sereine de l’Université des Antilles.

Collègues, mes propos ne sont ni exagérés ni injurieux. Devons-nous rester indifférents à ces enjeux cruciaux, pour notre devenir et notre ancrage dans notre zone géographique à potentialité élevée,  en pleine expansion et mutation positives.

                                                                   

                                                                   Alfred MARIE-JEANNE

                                                                   Paris, le jeudi 19 février 2015

 

 

NDLR :

Vote des amendements : Demi-victoire pour l'UNIVERSITÉ DES ANTILLES

 

L'amendement sur la répartition des moyens et du... patrimoine : REJETÉ

L'amendement contre le "ticket à trois" :  ADOPTÉ

Victorin LUREL a menacé de faire éclater l'Université des Antilles et de créer une... Université de Guadeloupe !