Dépendance, indépendance, interdépendance
II - Un nouveau paysage politique martiniquais en gestation ?
Au lendemain du 24 janvier 2010, le paysage martiniquais me semble marqué par deux caractéristiques essentielles : sa complexité accrue, d’une part et, d’autre part, son caractère fluide, voire labile : continuités et discontinuités s’étalent sur un éventail allant de l’intégrationnisme proclamé au séparatisme revendiqué, en passant par diverses nuances d’autonomisme.
C’est seulement dans sa genèse que l’indépendantisme martiniquais est de type dessalino-fanonien. Il ne l’est plus totalement dans ses développements ultérieurs.
Le climat insurrectionnel créé par la guerre d’Algérie et l’onde de choc de la révolution castriste, suite aux événements de décembre 1959, a marqué la toute première propension du séparatisme martiniquais à se réclamer de la lutte armée, notamment dans sa version cabort-massonienne. À noter que Cabort-Masson, grand admirateur de la geste napoléonienne dans son adolescence, avait fait l’école Militaire de Saint-Cyr et était passé au FLN après avoir pris conscience en Algérie de l’aliénation que traduisait chez lui un hyper-patriotisme envers une république colonialiste. Une inflexion nouvelle allait être apportée par Alfred Marie-Jeanne. Ce dernier a accédé au pouvoir municipal au début des années 1970 sur des bases dépourvues de la moindre connotation séparatiste, avant d’ériger sa commune, Rivière Pilote, en bastion de l’indépendantisme. La trajectoire marie-jeannienne inscrit le mouvement pour l’indépendance martiniquais (le MIM) dans la stratégie des urnes par opposition à celle des armes, sinon celles « miraculeuses » (éminemment césairiennes, donc) de la persuasion et de la conscientisation. Avec l’apparition des radios libres dans les années 1980, les outils de la pédagogie hertzienne prenaient le pas, à la Martinique, sur les velléités romantiques d’affrontement armé. Le travail éducatif et pédagogique s’est avéré d’une densité, d’une ténacité, d’une valeur et d’une efficacité remarquables, notamment avec les interventions de Marie-Jeanne sur la radio RLDM et de Robert Saë, membre fondateur du CNCP, animateur de génie de radio APAL. « Le MIM propose, le peuple dispose », tel est le mot d’ordre qui a contribué à ramener l’ensemble hétérogène de la mouvance indépendantiste sur la voie du réalisme, en rupture donc d’avec les stratégies terroristes et les fantasmes militaro-utopistes de la démarche dessalino-fanonienne, dont relevaient la rhétorique et la gesticulation cabort-massoniennes. En sorte que tous les partis adeptes de la rupture d’avec la nation française sont, de ce point de vue, tout à fait marie-jeanniens, y compris le PKLS, seule organisation, toutefois, à récuser la voie de l’autonomisme, comme moyen tactique vers l’indépendance. Le citoyen de base a du mal à faire le départ entre positionnement stratégique et posture tactique des différents partis en présence, à l’exception de ceux qui sont placés aux deux extrêmes : intégrationnisme pur et dur d’un côté et, indépendantisme sans compromis de l’autre. Le pays passe progressivement et imperceptiblement d’un contexte de crispation et d’immobilisme idéologique à un climat de réalisme propre à favoriser des ajustements continuels et à créer de la dynamique là où il n’y avait que figement. Cette nouvelle réalité n’est pas encore parfaitement visible parce qu’encore en filigrane. Mon propos vise à lui donner du relief. L’utilisation implicite et explicite du concept d’autonomisme, dans ses multiples variantes est la manifestation la plus éclatante de l’émergence d’un état d’esprit en gestation bien avant le 7 décembre 2003, date de la réponse négative à la consultation sur l’assemblée unique. Il va acquérir une visibilité accrue avec la disparition d’Aimé Césaire en avril 2008 et la récupération tous azimuts qui s’est ensuivie de son message dans sa dimension universelle, c’est-à-dire au service de l’émancipation de l’Homme, singulièrement du Martiniquais. L’autonomisme césairien est, je le rappelle à double détente : l’une tactique, l’autre stratégique. Il s’agit là d’une démarche d’opportunité et non pas d’opportunisme, la considération du rapport des forces en présence constituant pour Césaire, une incontournable donnée. Adepte de la politique des petits pas, Césaire pense le chemin vers l’émancipation de façon ouverte sur les aléas de l’histoire, mais pas fermée sur un dogme préétabli, pourvoyeur d’impasse dans la cartographie du destin martiniquais. Césaire n’a jamais été opposé au concept d’indépendance appliqué à la Martinique. « Laisser du temps au temps ! » (cette expression figurant dans La Tragédie du Roi Christophe n’est pas une invention de Mitterrand à qui on l’attribue faussement !). On aura compris que ce qu’on peut lire des propositions actuelles du PPM fait de ce dernier un parti animé certes d’une volonté de spécificité de la nation martiniquaise au sein de la nation française et ce, au terme d’un éloge de la différence. Il s’agit donc d’une volonté intégrationniste, en fin de compte. Quant à la branche locale du PS, par son statut même d’affiliation à la rue de Solférino, il exprime un intégrationnisme de même nature, mais théoriquement moins avancé sur la voie de l’autonomisme que le PPM. Le RDM, parti récent, transfuge du PPM, se trouve par rapport à ce dernier moins suspect de rupture d’avec la conception césairienne, dans la mesure où, à la différence de son rival-frère, il n’a pas cherché à couler son autonomisme dans une démarche constitutionnalisante, ayant pour vocation avouée de verrouiller théoriquement l’échappée vers l’indépendance. Mais dans la mesure où l’histoire concrète ne se laisse jamais verrouiller, on peut aussi se demander si le positionnement du PPM n’est pas en réalité une posture visant à rassurer une population majoritairement indépendantophobe. PCM, enfin, par son discours, qui n’a pas varié depuis la rencontre de la gauche du Morne Rouge dans les années 60, il reste aussi un parti plutôt proche du RDM quant à l’évolution statutaire de notre pays, encore que les contenus de son action, à la différence du parti de Claude Lise, comportent des références (implicites ou explicites) à la lutte de classe, fondatrice de tout parti communiste. BÂTIR lui aussi est dans une mouvance idéologique de type RDM. L’autonomisme n’est pas le seul apanage des partis intégrationnistes. Il est aussi mis à profit par une frange importante des séparationnistes qui en font un usage tactique, ce en quoi leur ligne (qui est une grosse ficelle) n’a pas trompé la grande majorité indépendantophobe de l’électorat du 10 janvier. Ce dernier le leur a clairement signifié. Il y a donc lieu ici de procéder à une approche plus fine de la mouvance indépendantiste. Une première configuration regroupe le MIM, le CNCP, le MODEMAS et le PALIMA. Pour bien comprendre la situation politique de notre pays, il convient de revenir au concept d’émancipation. Ce concept a une dimension sociale, mais en pays colonisé ou considéré comme tel, il revêt nécessairement un aspect national. Je dis bien : « considéré comme tel », parce que les intégrationnistes considèrent – et c’est leur droit – que la Martinique n’est pas sous le joug français, au motif qu’être partie intégrante d’une nation indépendante, revient à être indépendant. Autrement dit, les intégrationnistes dits départementalistes ne sont pas concernés par la dimension nationale martiniquaise. Dans le camp indépendantiste, si chez les seuls adeptes du PKLS, on note la récusation de l’autonomisme on ne doit pas oublier l’originalité de deux autres partis de l’extrême-gauche, qui n’entrent ni dans la problématique de l’autonomisme comme moyen ni dans celle de la focalisation sur la nation. En effet, nationalistes, ils sont avant tout internationalistes et pour eux, la lutte de classe l’emporte sur la lutte nationale, sans pour autant l’exclure. Il s’agit de la démarche du GRS et de Combat Ouvrier, partis trotskystes, dont il n’est précisément pas étonnant qu’ils aient joué un rôle important d’entraînement et d’encadrement du mouvement du 5 février 2009, en liaison avec le LKP et en consonance avec le nouveau NPA de Besancenot. On le sait, les autres partis indépendantistes (MIM, CNCP, MODEMAS, PALIMA) ont été pris de court par la vague bien coordonnée de revendications sociales et ont même été déstabilisés. Certains observateurs disent : décrédibilisés. Faut-il aller si loin ? Cela explique en tout cas que dans les programmes présentés pour défendre le OUI au 74, ces indépendantistes à focalisation nationalistes n’aient jamais mis en avant les revendications sociales. Chez les adeptes des partis indépendantistes à focalisation nationaliste, il y a donc eu pendant la récente campagne en vue de la consultation 74/73, comme une amnésie du 5 février. Cette amnésie n’est pour étonner que ceux qui rechignent à entrer dans la complexité de la situation martiniquaise au motif que le faire c’est chercher à entraver l’émancipation de la Martinique. Je n’aurai garde de sacrifier ma liberté d’analyse et de parole aux injonctions tacites ou proclamés d’éventuels censeurs ! Il est donc compréhensible que le GRS et Combat ouvrier, outre qu’ils n’ont pas d’élus leur permettant de participer à la campagne officielle pour la récente consultation, n’ont pratiquement pas été entendus. La vérité est qu’ils ne semblent pas avoir cherché à se faire entendre. En cela, leur démarche s’apparente à celle du LKP, qui non seulement s’est montré extérieur et indifférent au choix 74 et 73, mais encore manifeste le souci de poser la question de l’émancipation à travers la question sociale. En d’autres termes, l’approche LKP, GRS et Combat ouvrier, sans cesser d’avoir l’indépendance en ligne de mire plus ou moins lointaine ou plus ou moins proche, est non fanonienne, alors que le MIM, le CNCP, le MODEMAS et le PALIMA, tout en ayant fait le choix des urnes contre celui des armes, restent focalisés sur la « libération nationale avant toute autre considération » et ce, même en empruntant la voix médiane (tactique) et non finale (stratégique) de l’autonomie. Il faudrait bien sûr nuancer l’analyse qui précède, dans la mesure où il serait injuste de penser que les partis indépendantistes nationalistes se désintéressent de la problématique sociale : ils ont même des liens étroits, voire organiques avec des centrales syndicales socialement très revendicatives (honneur au combat sans relâche de Loulou Pulvar !). C’est juste que leur stratégie politique ne priorise pas la problématique sociale par rapport à la question nationale. Cela peut d’ailleurs se comprendre, dans la mesure où un social exacerbé a, d’une certaine manière, partie liée avec l’assistanat, dont ils rejettent le principe et les effets destructeurs. Faut-il alors en conclure que les LKPistes guadeloupéens et les trotskystes martiniquais sont des défenseurs de l’assistanat ? Du tout pas ! Leur démarche consiste à démontrer par l’absurde les nuisances du système dans lequel sont plongés les Antilles. Nous avons affaire à deux stratégies politiques différentes. Elles sont amenées sinon à s’affronter, du moins à être de plus en plus contrastées dans les temps qui viennent. Mais alors, les intégrationnistes dits de droite selon le schéma traditionnel (UMP, FMP, MODEM, Parti démocrate-chrétien, nouvel apparu dans le paysage), en quoi participent-t-ils de la complexité et de la fluidité dont j’assume qu’elle caractérise le nouveau paysage politique martiniquais en cours d’émergence ? Avant de répondre à cette question, il convient de proposer une réflexion sur l’opposition gauche-droite en usage dans notre pays. Il y a impérativement lieu de sortir cette opposition primaire entre droite et gauche dans notre pays non pas pour abolir la pertinence théorique et concrète de cette opposition. Elle demeure incontournablement opératoire, mais doit être réinterrogée dans son application locale. Il convient de découvrir le schéma proprement martiniquais de cette opposition dont je redis le caractère universel : la gauche est progressiste et la droite réactionnaire. Resterait d’ailleurs à déterminer ce qui est réactionnaire et ce qui est progressiste. C’est une autre question, que je ne creuserai pas ici. Dans tout pays colonisé ou perçu comme tel, l’opposition gauche-droite, dans le temps de la lutte pour l’indépendance est des plus simplificatrice, réductrice et occultant un champ important de la réalité politique : la gauche caractérise tous ceux qui sont anticolonialistes et la droite tous ceux qui ne le sont pas, soit qu’ils sont complices du colonialisme, soit qu’ils considèrent que le pays n’est plus une colonie, puisque département français, n’ayant donc pas besoin d’une indépendance que lui assure ipso facto son appartenance institutionnelle à la République française, elle-même statutairement indépendante. En d’autres termes, en situation coloniale ou néocoloniale, on l’aura compris, c’est la dimension nationale de la lutte pour l’émancipation qui définit l’appartenance à l’un des deux camps et non pas le paramètre social. Une fois résolue la question nationale, que cette résolution soit symbolique (1) ou fonctionnelle, l’opposition gauche-droite procède à une reconfiguration du paysage politique. Des tenants de la gauche (nationaliste) peuvent par la suite occuper une position droitiste ou de gauche et des adeptes de la droite intégrationniste peuvent tout aussi bien se retrouver à la droite ou à la gauche d’un échiquier où c’est désormais la dimension sociale qui occupe et détermine le combat politique. L’Algérie, une fois libérée du joug colonial français, illustre parfaitement ce cas de figure : les nationalistes anticolonialistes et les modérés, voire collaborateurs, d’avant la réinstallation de la nation dans ses droits étatiques se sont répartis entre droite dure soutenant le libéralisme économique généré par le complexe militaro-pétrolier et la gauche socialisante ou encore abstentionnistes. En un mot avant et après l’accomplissement national, droite et gauche ne recouvrent plus les mêmes réalités sociopolitiques et ne correspondent pas aux mêmes protagonistes. Je le redis, en Algérie, pays non créole, la conscience nationale n’a jamais été biaisée ou oblitérée par le phénomène de la colonisation. S’agissant, au contraire, des territoires créoles, créolisation et colonisation correspondent à deux mouvements historiques qui s’identifient et sont simultanés. Cette donnée est absolument cruciale, au plan anthropologique. Le fait que nos territoires aient accédé à l’existence politique à travers la colonisation-créolisation a toujours brouillé la conscience nationale, amenant d’emblée un Toussaint Louverture à une position autonomiste, Dessalines n’ayant lui, d’autre choix que l’indépendance. De même que de Gaulle disparu, la France est devenue gaullienne, de même Césaire décédé, la Martinique tout entière est devenue non point césairiste, mais césairienne. C’est ainsi que la droite traditionnelle commence à s’emparer sans aucun état d’âme (pourquoi en aurait-elle ?) des thèmes césairiens comme dignité, responsabilité, spécificité martiniquaise, prise en compte des réalités locales, coopération avec « nos frères » de la Caraïbe. On entend même parler dans ses rangs de « droite de progrès ». Dans les années 1990, le mouvement « Osons oser » du député-maire Pierre Petit avait commencé à dégeler le bloc idéologique de son camp départementaliste en empruntant (avec audace ou toupet ?) des thématiques fortes aux partis de gauche (autonomistes et indépendantistes). Avec la césairianisation générale des esprits, ce mouvement s’accélère. La droite a besoin de retrouver une certaine légitimité et une pensée qui se voudrait à l’aune de l’humanisme césairien. On se retrouve dans une situation où la droite traditionnelle sans le savoir (ou le sachant pour ses adeptes les plus perspicaces), sera un jour ou l’autre obligée de souscrire au concept de nation appliquée à la Martinique. En effet, il existe des nations sans Etat et c’est le cas de la Martinique, brillamment décrit par Camille Darsières. Le concept de « nation sans état » ne peut être accepté par les indépendantistes (qui postulent la liaison intrinsèque de la nation et de l’Etat martiniquais). Le concept Darsiérien de la nation martiniquaise dans la nation française correspond à la position du PPM, de la FSM et du PCM. Il constitue une approche sans grand risque conceptuel, à terme, pour la droite. Mais cette dernière ne peut actuellement que le combattre pour des motifs de stratégie de pouvoir (ne pas faire le lit du PPM), mais pas pour des raisons idéologiques. Viendra le moment pas forcément très éloigné où une mutation se produira à droite, obligeant chacun des partis droitistes à se débarrasser des oripeaux d’un discours conservatiste hors de saison et hors de raison, faisant alors correspondre pensée idéologique et action politique. Cette assertion est parfaitement validée par la posture récente d’un parti de la droite dite traditionnelle. En témoigne la rupture intervenue au sein du rassemblement de droite pour le NON au 74. Elle est l’indice d’une vraie recomposition en cours de cette droite. Le MODEM local, par son NON au 73 a signé non pas un hyperdroitisme, mais au contraire une volonté de se dégager de la mouvance de droite sarkosyste ambiante et même de la droite tout court. Oui ! Même si pareille affirmation, par son audacieux paradoxe, risque d’en choquer plus d’un ! Il ne faut pas oublier que le président du MODEM est François Bayrou, l’homme qui, courageusement, à travers son remarquable et lucide essai Abus de pouvoir (un vrai chef d’œuvre !) est, sur un plan, encore théorique, en train de redonner à la République Française tout le lustre qu’une politique droitière lui a enlevé. Véritable épreuve du feu, au sortir de laquelle cet homme intègre et rigoureux apparaît non plus comme engoncé dans un conservatisme terrien et modéré, mais à la pointe du combat pour la liberté, l’égalité et la fraternité, au sens fort et dynamique de ces emblèmes républicains. Au-delà des mots, les actes sont encore en gésine ! On en saura peut-être davantage bientôt ! On verra quelles seront ses propositions concrètes pour les régionales de mars 2010 et surtout pour la présidentielle de 2012. En bref, le NON du 24 janvier 2010 au 73 tel que porté par le MODEM local semble correspondre, pour ce que j’ai fini par en comprendre, à une opération tactique assortie d’une volonté sincère et obstinée de justice, de clairvoyance quant au futur mode de scrutin de la nouvelle collectivité. Un mode de scrutin qui sera en effet crucial pour une représentativité équitable des parties en présence. Il est vrai que les lignes de forces de ce scrutin à venir n’ont jamais été annoncées, voire dessinées, pas même en filigrane, dans la proposition de 73 soumise à consultation. En cela, le MODEM n’a pas tort, car il y a là matière à sérieuse inquiétude ! D’où le NON de rupture du MODEM, qui est aussi, qu’on y prenne garde, un NON à la droite locale ! Acceptons-en du moins l’augure ! Cela dit, cette remarque concernant le MODEM martiniquais, ne saurait pour l’heure s’étendre à son allié qu’on peut croire de pure circonstance, le tout nouveau Parti Chrétien Démocrate. Ce dernier a orné nos écrans cathodiques d’une porte-parole talentueuse et sympathique, mais il recèle, à mon sens, un défaut congénital et rédhibitoire : le confessionnalisme. Dans une république laïque, il ne doit pas y avoir de parti chrétien ! Grave erreur ! Pas seulement de casting ! Contrairement à ce qu’on peut penser, elle bouge, la droite. Même si elle ne le sait pas encore. Même si elle ne veut pas toujours le montrer ! Mais une fois passées les échéances électorales régionales et/ou territoriales, on en reparlera ! Elle entend récupérer la nouvelle donne qui lui permettra des sortir de son immobilisme et son négativisme. Les cadres rajeunissent et les anciens ne sont pas forcément tarés et ratatinés sur une départementalisme alimentaire. Enfin, pas tous ! L’ensemble des protagonistes partidaires de la vie politique martiniquaise doivent avoir la perspicacité d’analyser le réel martiniquais non pas à travers le prisme de leur approches partisanes, mais à l’aune d’une volonté réelle d’émancipation de notre pays. Plus que jamais, les politiques martiniquais doivent substituer à la paille des mots le grain des choses. Ils doivent sortir de la rhétorique de préau ou d’écran de télé pour emprunter de pied ferme les voies d’une action contestataire des ruses du Prince, mais imaginative, verticale mais pragmatique, sans la moindre compromission avec les forces du déclin et les simagrées compère-lapinistes, des champions du jeu perso, des égocentriques, de ceux qui, inconscients, s’amusent au-dessus d’un volcan à des danses macabres, lesquelles n’ont, cela va de soi, rien à voir avec le bèlè ! Et quand bien même ! La situation la plus grave appelant la solution la plus urgente correspond à l’effet de peau de chagrin qui affecte nos terres agricoles et notre personnalité avec ! Je veux dire, notre présence au monde ! A-t-on seulement analysé les causes structurelles de ce phénomène ? Nous ressaisir donc, en faisant pays, en faisant peuple, en faisant nation. Impérieuse et urgente obligation ! Le salut passe immanquablement par cette nouvelle représentation de nous-mêmes à nous-mêmes. Encore faut-il parvenir à en défricher les chemins ! D’où cette modeste mais imperturbable esquisse de contribution. Jean Bernabé (1) Nous traiterons ultérieurement de la notion de « résolution symbolique de la nation », dans une perspective anthropologique marquée par les phénomènes de créolisation-colonisation. Prochain article : III. Entre absolument relatif et relativement absolu, quels cheminements possibles vers un avenir probable pour la Martinique ?Le concept d’autonomisme
L’autonomisme stratégique
L’autonomisme tactique
Au-delà et en marge de l’autonomisme
L’intégrationnisme dit de droite
Droite et gauche coloniales, droite et gauche nationales
La césairianisation post-mortem de la Martinique
Fissures et recomposition dans la droite traditionnelle
Conclusion provisoire