CATASTROPHES NATURELLES : QUELLE EST LA DIFFERENCE ENTRE UN TSUNAMI ET UN RAZ-DE-MAREE ?

L'explication

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Tout est dans la cause du phénomène, même si les scientifiques ont longtemps utilisé le mot «raz-de-marée» pour désigner un tsunami.

PHOTO : La vague du tsunami dans une rue de Miyako, dans le nord-est du Japon, le 11 mars 2011

 

Pour décrire l’immense vague qui a déferlé sur l’Est du Japon à la suite du séisme du 11 mars, les médias français ont davantage utilisé le terme «tsunami», un mot japonais, plutôt que «raz-de-marée». Sur Google News, par exemple, la requête «Japon tsunami» renvoie plus de 30.000 occurrences contre moins de 1.000 pour la requête «Japon raz-de-marée».

Le mot français s’est donc trouvé aisément supplanté par le japonais, mais y a-t-il une différence entre un tsunami et un raz-de-marée?
 

Oui et non: «raz-de-marée» est un terme désuet utilisé pour parler de tous les accidents marins qui «faisaient déborder la mer», explique le géographe Charles Le Cœur, faisant référence à l’effet plus qu’à la cause du phénomène. Donc, les tsunamis, mais aussi une série de grosses vagues, ou une onde de tempête.

Par exemple, on a parlé de raz-de-marée pour désigner les inondations de 1953 en Pays-Bas, qui avaient été créées par une onde de tempête. Même chose pour la tempête Xynthia, très largement décrite comme un raz-de-marée alors que l’inondation avait également été causée par une onde de tempête.

La définition stricte du raz-de-marée le limite aux événements liés à une cause météorologique, même si on a utilisé le terme pour décrire des tsunamis pendant longtemps. Désormais on distingue l’événement à l’origine du phénomène marin pour le nommer, estime Hélène Hébert, spécialiste des tsunamis au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA):  

«Soit c’est météorologique pour le raz-de-marée, soit c’est géologique pour le tsunami.»

Le mot «tsunami» est apparu chez les Occidentaux pour la première fois en 1896, dans un récit de la journaliste/écrivaine Eliza Ruhamah Scidmore écrit pour le National Geographic.

Il s’est popularisé dans la littérature scientifique anglo-saxonne et française au XXe siècle, particulièrement avec le tsunami qui a touché Hawaï en 1946 (et la mise en place d’un «système d’alerte des tsunamis» en 1949), et le tremblement de terre au large du Chili de 1960, qui entraîna des tsunamis sur le pays, sur Hawaï, le Japon, les Philippines et la côte Ouest des Etats-Unis.

Pour Charles Le Coeur, les années 1950-60 ont également marqué le passage d’un mouvement de description des phénomènes à une recherche de leurs causes, «ce qui a participé au changement des termes employés»: même s’il signifie littéralement en japonais «vague sur le port» et n’est donc pas plus précis que raz-de-marée puisque les tsunamis ne se jettent pas nécessairement sur les ports (tout comme les raz-de-marée ne sont pas liés aux cycles de la marée), le mot tsunami désigne uniquement ces débordements de mer déclenchés par un mouvement sismique.
  
Les scientifiques, particulièrement ceux qui travaillent sur les tsunamis, ont donc abandonné le mot «raz-de-marée», comme les anglo-saxons n’utilisent plus non plus le terme de «tidal wave», explique Frédéric Dias, professeur à l’ENS Cachan et qui travaille sur le phénomène.

«Le mot raz-de-marée n’est plus utilisé parce que tsunami est devenu le mot utilisé par tout le monde pour décrire ce phénomène.»

SOURCE : Slate.fr