CHAMPIX, UN MEDICAMENT DE SEVRAGE TABAGIQUE ACCUSE DE DECLENCHER DES SUICIDES

USA : Plus de 1 200 plaintes contre le laboratoire Pfizer

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Aux Etats-Unis, le laboratoire croule sous les plaintes contre ce médicament de sevrage tabagique accusé de déclencher des pensées suicidaires

 

Triste Champix! Hier présenté comme un médicament miracle dans le sevrage tabagique, le voilà bien mal en point. On a donc appris que plus de 1200 plaintes ont été déposées aux Etats-Unis contre les effets secondaires de ce produit, accusé de déclencher des pensées suicidaires, voire des passages à l’acte.




En France, le Champix a eu son autorisation de mise sur le marché en 2007, un an après les Etats Unis. C'est en juillet 2006 que trois études publiées dans le prestigieux Journal of the American Medical Association (Jama) avaient rapporté des éléments positifs concernant cette nouvelle molécule. Celle-ci agissant sur les mêmes récepteurs que la nicotine, elle se révélerait capable d’inhiber la sensation de plaisir décrite par les fumeurs. Les études ont été menées sur 2000 personnes désirant arrêter de fumer. Après administration du médicament pendant douze semaines, on arrivait à un taux d’abstinence de 44 % pour la varénicline, de 29,5 % pour le bupropion (Zyban, un antidépresseur) et de 17,7 % pour le placebo.

 

Neuf mois après l’arrêt du traitement, les écarts tendent à diminuer: 21,9 % d’abstinence pour la varénicline contre 16,1 % pour le bupropion et 9 % pour le placebo. Au bout d’un an, on notait, enfin, une différence «modeste mais significative dans les taux d’abstinence en faveur du Champix». En clair, le Champix se révélait utile, mais on ne pouvait vraiment pas parler de produit miracle. Les substituts nicotiniques marchant tout aussi bien, ou plus exactement tout aussi peu.

Face à un marché en plein boum, – celui du sevrage antitabagique –, Pfizer n’allait pas s'arrêter à ces résultats moyens. En France, le lancement ne s’est pas fait en douceur. Il fut spectaculaire. Ainsi, à l’automne 2007, une énorme campagne de pub a été lancée en France, s’étalant sur des grandes affiches dans la rue, dans les journaux ou par le biais de spots à la télé. Le slogan ? «Tabac, j’arrête avec l’aide de mon médecin».

Troubles de l’humeur

 

Une campagne singulière car le produit vedette qui la sous-tendait - le Champix - n’était pas mentionné. Pfizer, une des plus grandes firmes pharmaceutiques au monde, avait-elle succombé aux charmes de la philanthropie ? Il n’en était évidemment rien. Le labo avait mis en place une stratégie à plusieurs étages. D’abord, profil bas. En aucun cas les visiteurs médicaux affirmeraient que le Champix allait révolutionner la prise en charge des fumeurs qui veulent s’arrêter, juste les aider. Ensuite, ils allaient diffuser massivement le message que «fumer est un problème médical». Et que donc le fumeur se devait d’aller voir un médecin. Et comme il n'y avait qu'un seul médicament, on arrivait fatalement sur le... champix




Trois ans plus tard, qu’en est -il? En France, le Champix a été mis sous surveillance dès son arrivée. «Sa commercialisation a été accompagnée d’un plan de gestion des risques européen et national», avait expliqué à sa sortie l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps). «L’Emea (l'agence européenne) a analysé les données européennes de pharmacovigilance depuis son autorisation de mise sur le marché. Des cas de troubles de l’humeur et des idées suicidaires voire exceptionnellement des tentatives de suicide ont été analysés à plusieurs reprises, en juillet, octobre et novembre 2007.» Ajoutant, néanmoins: «La relation de causalité n’est pas établie entre la prise du médicament et ces symptômes, qui peuvent apparaître également lors de tout sevrage tabagique sans médicament.»

 

En France le Champix reste largement prescrit. C’est le seul médicament, remboursé pour 50 euros. Pour la petite histoire, en ces temps de Médiator, certains nutrionnistes ont noté qu’il y avait des détournements du Champix, utilisé alors comme coupe faim.

SOURCE : Libération.fr