CHLORDECONE - CLAUDE LISE PROPOSE D'EXPLORER UNE FILIERE DE BIOETHANOL SUR LES TERRES POLLUEES

Après la production horticole sur les terres polluées, le Conseil Général se lance dans le biocarburant.

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Après l'acquisition de 74 ha de terres polluées pour la production horticole, le Sénateur Claude Lise, président du Conseil Général, vient d'annoncer que la Collectivité départementale se lance dans l'étude d'un projet de biocarburant.


Une proposition saluée avec satisfaction par les agriculteurs et les participants à la Conférence « CHRLORDECONE : QUE FAIRE POUR SORTIR DE LA CRISE ? » qui s’est tenue le 23 septembre à l’ATRIUM.  Ci-après, l’intégralité de l'intervention du Président Claude Lise.
PHOTO - de gauche à droite - Les intervenants : Raphaël CONFIANT (écrivain), Claude LISE (Pt C.G.), Gérard DORWLING-CARTER (avocat) et Louis BOUTRIN (président de l'association "ECOLOGIE URBAINE" et conseiller régional).


Mesdames et Messieurs les Elus,

Chers Amis de l’Association Ecologie Urbaine,

Mesdames, Messieurs,

Je veux d’abord remercier l’association « ECOLOGIE URBAINE » et plus particulièrement son président, Louis BOUTRIN, ainsi que Raphaël CONFIANT et Gérard DORWLING-CARTER de la proposition qu’ils m’ont faite d’organiser en partenariat avec le Conseil général cette conférence sur le Chlordécone à laquelle je ne pouvais qu’apporter avec enthousiasme mon accord et mon adhésion.

Nous sommes donc réunis ce soir afin de partager, discuter, confronter, faire le bilan de nos initiatives, faire le point sur l’existant et faire, autant que possible, des propositions pour l’avenir.

Nous allons donc, chers amis, nous soumettre à la question car chacun a le droit de savoir et d’obtenir des réponses à ses interrogations, puisqu’il s’agit avant tout d’un grave problème de santé publique où des intérêts mercantiles ont fait fi du principe de précaution et manifesté ce qu’il est convenu d’appeler un grave dysfonctionnement des autorités de l’Etat.

Pour mémoire, le chlordécone est un pesticide organochloré créé par la société Américaine Dupont de Nemours qui, via une filiale basée à Miami, livra le pesticide sous le nom de KEPONE à une société antillaise. Ce pesticide fût largement utilisé pour le traitement des bananiers contre le charançon.

Ce polluant organique extrêmement rémanent et particulièrement toxique a été interdit puisque déclaré cancérigène pour l’homme dès 1979 par le (CIRC) Centre International de Recherche sur le Cancer, cependant, par des homologations ministérielles et des moyens détournés il a continué à être épandu à la Martinique et à la Guadeloupe jusqu’en 1993 !

A ce titre, dès 1975, des employés de l’usine de fabrication de Hopewell dans l’état de Virginie ont été victimes de troubles neurologiques car contaminés par le chlordécone ce qui conduit alors l’Agence de Protection de l’Environnement (EPA) à déclarer je cite : « Ce produit est très toxique et provoque une toxicité à effets cumulatifs et différés ; il est neurotoxique et reprotoxique pour un grand nombre d’espèces, incluant les oiseaux, les rongeurs et les humains ; il est cancérigène pour les rongeurs … »

Plusieurs rapports établis par des chercheurs français parviennent aux mêmes conclusions.

Je rappelle notamment le rapport de Pierre-Benoît JOLY de l’INRA qui révèle la prédominance des intérêts économiques sur d’éventuelles inquiétudes sanitaires sur les consommateurs ou les travailleurs des bananeraies et qui recommande de pousser plus avant les études sur les résidus de chlordécone dans l’environnement avant de l’autoriser !

Enfin, je n’oublierai pas de citer le livre « Chronique d’un empoisonnement annoncé » dont les auteurs, Louis BOUTRIN et Raphaël CONFIANT, sont à mes côtés. Par ce cri d’alarme et le sérieux de leurs analyses, ils ont contribué à réveiller certaines consciences quelque peu endormies.

Face au scandale du chlordécone, le Conseil général a pris des initiatives.

Notre collectivité a, je le rappelle, adopté, en séance plénière du 29 mars 2007, une motion donnant mandat au Président du Conseil général pour porter plainte contre X, afin que toute la lumière soit faite sur ce scandale. Une plainte a effectivement été déposée, le dossier ayant été confié au conseil juridique de la collectivité.

Mais elle a entrepris toute une série d’autres actions allant dans le sens de la prévention et de la recherche de solutions à certains types de problèmes posés par le chlordécone.

C’est ainsi que, dès 2004, j’ai tenu à ce que le Laboratoire départemental d’analyses développe un nouveau secteur d’activités destiné à la surveillance et à l’analyse des sols, des cultures et des végétaux. A ce que, dans ce cadre, il bénéficie de la création d’une unité d’extraction et de dosage de la Chlordécone et des pesticides en général pouvant constituer un véritable pôle d’excellence en la matière dans la zone caraïbe.

C’est ainsi aussi que dans le cadre de la reconstruction de l’usine de Vivé, en 2007, nous avons doté cette unité de production d’eau potable de procédés d’ultrafiltration ultramodernes au 10ème de micron près.

C’est ainsi, par ailleurs, que le Conseil général a apporté sa contribution à l’impératif de reconversion des sols pollués au chlordécone. C’est tout le sens du pôle d’excellence rurale du Petit Galion à Trinité qui bénéficie de la mise à disposition de 74 hectares de terres polluées au chlordécone dont le Conseil général a fait l’acquisition.

Il s’agit de l’installation d’une unité de production horticole alliant technologies, énergie solaire et respect de l’environnement et pouvant constituer une filière dynamique d’exportation.

Mais il faut, par ailleurs, souligner tout le parti qu’il est possible de tirer, dans le contexte de pollution des sols générée par le chlordécone, des résultats de l’étude sur l’agriculture biologique en Martinique que le Conseil général a commandée, en 2005, à l’Institut de recherche pour le développement.

Je veux, enfin, souligner que le Conseil général a décidé d’explorer une piste de réflexion sur la faisabilité du développement d’une filière de bioéthanol.

Il s’agirait de créer une opportunité de développement économique, tout comme nous l’avons fait avec le pôle d’excellence en horticulture du Petit Galion.

Cela suppose la mise en œuvre d’une étude de faisabilité approfondie qui mette en synergie l’économique, l’agriculture, les objectifs de réduction des gaz à effets de serre et les technologies innovantes.

Le Conseil général est bien placé pour piloter une telle démarche de recherche approfondie en raison de ses compétences pluridisciplinaires en matière d’analyse des sols, de production d’eau potable, de soutien à l’agriculture avec la Station d’essais en cultures irriguées et d’aide aux filières avec le PISE.

Il s’agirait d’implanter sur le domaine départemental des parcelles d’expérimentation pour identifier les meilleures pratiques culturales de variétés de canne non encore développées en Martinique. Celles-ci seraient ensuite transposées sur des sols pollués par le chlordécone aux fins de transformation en bioénergie, avec quatre objectifs :

diminuer notre dépendance énergétique,

d’abaisser le coût économique de l’énergie,

de dépolluer nos terres

de domicilier en Martinique des savoirs innovants.

Voici donc l’essentiel de ce que je tenais à vous dire en introduction à la conférence de ce soir. Au-delà de ces éléments tournés vers l’avenir, il faut aussi tirer les leçons du scandale du Chlordécone.

L’association « Pour une Ecologie Urbaine » a porté plainte le 31 mai 2007 pour « Administration de substances nuisibles et mise en danger de la vie d’autrui » auprès du Tribunal de Grande Instance de Paris. Rapport de l’audience vous sera fait tout à l’heure.

Je vais donc laisser le micro à Louis BOUTRIN, Raphaël CONFIANT et Gérard DORWLING-CARTER en les remerciant au nom de tous les Martiniquais pour leur engagement dans ce combat pour la vérité et la justice.


ATRIUM - Martinique, le 23 septembre 2010


Sénateur Claude Lise


Président du Conseil Général de Martinique