CHLORDECONE - LE VOLET INDEMNISATION A L'ORDRE DU JOUR D'UNE REUNION AVEC LE PREFET

Ne pas oublier les ouvriers agricoles dans le Plan Chlordécone 2 !

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Martinique – Préfecture – 26 novembre 2010. Après leur rendez-vous avec le Directeur de l’ARS le mois dernier pour proposer une veille sanitaire à l’attention des ouvriers agricoles, une délégation de l’association « Pour une écologie urbaine » a été reçue, à sa demande, par Ange Mancini, le Préfet de la Martinique. A l’ordre du jour, l’épineuse question des indemnisations des agriculteurs et aquaculteurs, ruinés depuis l’interdiction faite de commercialiser les produits fortement contaminés par le Chlordécone. 


Composée de Romain Bellay pour l’OPAM, de Louis Boutrin, Genya Jos et Jean Belleterre, la délégation a proposé la prise en compte dans le prochain Plan Chlordécone 2011-2013, d’un dispositif d’indemnisation. Ce dernier reposant sur des aides à la reconversion, des départs anticipés en pré-retraite, la mise en place d’un guichet unique et d’une personne ressource de l’Etat pour centraliser l’ensemble du dispositif d’indemnisation. Des propositions qui ont reçu une écoute favorable du Préfet, Ange Mancini. LB


Visiblement, le ton a changé du coté de la Préfecture de Martinique. On se souvient de la fin de non-recevoir adressée par Yves Dassonville, préfet en exercice en 2007. La délégation de militants écologistes partie en manifestation dans les rues de Fort de France depuis le Palais de Justice, avait été stoppée par les gardes mobiles à l’angle de la Préfecture et de la Bibliothèque Schoelcher. Après un échange vif et musclé, les militants conduits par Louis Boutrin, Raphaël Confiant et Me Emmanuel Germany, avaient été refoulés. Contacté par téléphone, la réponse du Préfet était un niet catégorique ! Pas question de recevoir les auteurs de « Chronique d’un empoisonnement annoncé », ce livre qui a révélé au grand jour les négligences des services de l’Etat dans la contamination au Chlordécone. 

Aujourd’hui, la donne a changé. C’est un préfet plus soucieux de régler cet épineux dossier, dont le volet judiciaire a été délocalisé au pôle santé du Tribunal de Grande Instance de Paris, qui a reçu les écologistes. Pour la circonstance, le Préfet avait convoqué ses principaux services concernés : Eric Godard (DSDS), Thierry Touzet (Directeur Service Vétérinaire), Alain Maragnès (Direction des Affaires Maritimes), Jean-Louis Vernier (Directeur de la DIREN).

Les principaux aspects sensibles de ce dossier Chlordécone ont été exposés mais la demande de reconnaissance de l’état de calamité agricole a été écartée. La contamination au Chlordécone étant la conséquence, non pas d’un phénomène naturel, mais de négligences humaines, l’Etat ne peut pas s’engager sur ce volet. Néanmoins, la situation des ouvriers agricoles et des aquaculteurs, les oubliés du Plan Chlordécone 1., sera prise en compte lors de la venue en Martinique du Prof. Didier Houssin pour le lancement du Plan Chlordécone 2. Le Préfet s’est engagé à suivre tout particulièrement la situation de ceux qui sont directement concernés par les décisions d’interdiction administrative notamment des aquaculteurs qui se sont retrouvés ruinés du jour au lendemain. Après avis de ses services, il compte bien étudier les propositions de reconversion et de départs anticipés pour les ouvriers agricoles qui ont été directement en contact avec la molécule de Chlordécone. 

En dehors du dossier d’indemnisation, le point a également été fait sur les retards quant à la publication de la cartographie des zones contaminées, sur la veille sanitaire avec une demande d’Ecologie Urbaine pour un recensement des ouvriers agricoles concernés. Une étude de faisabilité sur l’opportunité d’un tel recensement a été lancée par la DSDS. Les résultats sont attendus par les écologistes qui devront revoir le directeur de l’ARS à cet effet.  

Malgré le pessimisme qui traverse actuellement les professionnels du monde agricole, le délicat volet des indemnisations et du suivi sanitaire des ouvriers agricoles semble avancé sérieusement. Le Préfet Ange Mancini est beaucoup plus ouvert et a insisté sur la nécessité d’une plus grande transparence dans la gestion du dossier Chlordécone. L’association « Pour une écologie urbaine » demeure néanmoins vigilante et n’hésitera pas, au besoin, à rappeler aux uns et aux autres, les engagements pris. 

Louis Boutrin