Surprenant silence qui contraste singulièrement avec cette effervescence médiatique quand un quidam vient de pondre sur les berges de la Seine un articulet ou un « nouveau » rapport ressassé une énième fois sur le Chlordécone. Généralement, ces excitations hertziennes émisses depuis Paris provoquent beaucoup de remous dans le Baie de Fort-de-France. Mais, au pays, rares sont ceux qui se préoccupent du sort des agriculteurs, aquaculteurs, pisciculteurs, ces oubliés du "Plan Chlordécone". Faute d'un dispositif d'indemnisation, certains sont littéralement ruinés et vivent des drames humains ou familiaux dans l’indifférence la plus totale. D'autres, malgré cette injustice, tentent de se battre pour survivre au jour le jour.
Face à cette situation préoccupante, l’association « Pour une écologie urbaine » a demandé une audience au Préfet afin de présenter ses propositions relatives à l’indemnisation des agriculteurs et des professionnels de la pêche.
Dans l’attente de ce rendez-vous avec le préfet, une délégation conduite par son président, Louis Boutrin, sera reçue ce mardi 28 septembre par Christian Ursulet, le Directeur de l’Agence Régionale de la Santé. Accompagnée de son avocat, Me Gérard Dorwling-Carter et de représentants de l’OPAM (Organisation Patriotique des Agriculteurs Martiniquais), l’association rappellera à Christian Ursulet, les engagements de la Ministre de la Santé en matière de veille sanitaire.
Il en tout de même curieux de constater, depuis que ce scandale a éclaté au grand jour, qu’ aucun recensement des ouvriers agricoles ayant manipulé ce dangereux pesticide n’ait été fait. Compte tenu des derniers résultats de l’étude Karuprostate, l’Etat pourra-t-il opter éternellement pour le Principe de Ponce Pilate ?
Louis Boutrin
Ci-dessous, la lettre adressée au Préfet de la Martinique :
Pour une Écologie Urbaine
Association agréée au titre de la protection de l’environnement
Lauréat des Rubans Bleus de l’Ecologie 2003
BP 1056 – 97 209 Fort de France – Cedex
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Monsieur le Préfet de la Martinique
Rue Victor Sévère
97 200 FORT DE FRANCE
Fort de France, le 27 septembre 2010
Chlordécone :
Monsieur le Préfet,
Par un arrêté en date du 25 septembre 2009, vous avez pris la décision « d’interdire la pêche sous toutes ses formes dans les rivières situées sur le territoire de la Martinique ». Une telle mesure de prévention, mais aussi de précaution, ne pouvait qu’être saluée favorablement par notre association. En effet, nous n’avons eu de cesse d’alerter les autorités publiques sur les risques sanitaires liés à la pollution au Chlordécone.
Néanmoins, nous regrettons que cette interdiction ne soit pas accompagnée d’un dispositif d’indemnisation à l’attention des professionnels de la pêche. Ces derniers avaient manifesté leur mécontentement, à juste raison, face à l’insuffisance de communication en amont de cet arrêté. De même, les agriculteurs dont les parcelles sont actuellement fortement contaminées n’ont fait l’objet d’aucune indemnisation pour compenser le manque à gagner.
Par ailleurs, nous constatons qu’il est stipulé à l’article 4 de votre arrêté du 25 septembre 2009 que « le présent arrêté prend effet à compter de sa date de notification et pour une durée d’un an ». Un an après, quel bilan tirez-vous de cette mesure préventive ? Vos services ont-ils constaté une amélioration de la qualité des eaux de rivières et de la faune aquatique puisqu’à ce jour, vous n’avez pas renouvelé cette interdiction ? Quelles sont les dispositions à venir que vous comptez prendre à ce sujet ?
Comme vous pouvez le constater, Monsieur le Préfet, notre association demeure préoccupée par la dégradation de notre environnement suite à cette pollution durable. De nombreux professionnels, agriculteurs, aquaculteurs, pisciculteurs, ont été ruinés à cause de certaines négligences de l’administration. Aujourd’hui, il s’agit de sortir de cette logique de constat et d’envisager une sortie de crise qui passe par la mise en place d’un dispositif d’indemnisation des professionnels concernés.
A cet effet, nous sollicitons un rendez-vous pour vous soumettre nos propositions concrètes.
Dans l’attente de votre réponse, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Préfet, l’expression de nos sentiments respectueux.
Bien cordialement à vous
Pour le Bureau,
le Président
Louis Boutrin