CORSE - APRES LE NON-LIEU SUR L'IMPACT DU NUAGE RADIOACTIF DE TCHERNOBYL : COLERE ET INCOMPREHENSION

corse.tchernobyl.jpg


Une explosion des malades de la thyroïde en Corse


 Le non-lieu prononcé mercredi par la cour d’appel de Paris sur l’impact du nuage radioactif de Tchernobyl en 1986 en France a provoqué la colère en Corse, où l’augmentation du nombre des malades de la thyroïde avait explosé dans les années suivant la catastrophe.

«Avec ce non-lieu, on s’est moqué de nous», a déclaré le Dr Denis Fauconnier, généraliste aujourd’hui retraité, qui avait le premier souligné les retombées de la catastrophe sur la population insulaire.

«Les dégâts provoqués, a-t-il ajouté, étaient connus au plus haut niveau de l’Etat. Je n’ai cessé depuis 1986 de réunir les preuves de la répercussion du passage du nuage radioactif sur la Corse, elles sont irréfutables». 

Le Dr Fauconnier, alerté en mai 1986 par des patients revenant d’Italie où les consignes de non-consommation de produits frais étaient strictes, avait souligné que les analyses de lait de chèvre et brebis faisaient apparaître «des taux souvent supérieurs à 10.000 becquerels d’iode 131 par litre de lait et jusqu’à 100.000».

Troubles de la thyroïde

Une forte augmentation des troubles de la thyroïde a été observée en Corse, selon un rapport d’experts co-signé par les professeurs Pierre-Marie Bras et Gilbert Mouthon, sur la base d’un échantillonnage tiré de 2.096 dossiers du Dr Jean-Charles Vellutini, premier endocrinologue installé en Corse.

Ces experts ont observé «une augmentation importante à très importante après 1986 dans l’espèce humaine de la proportion des troubles thyroïdiens par rapport aux autres affections endocriniennes (ndlr: touchant d’autres glandes), le pourcentage moyen étant de 44% et pouvant atteindre plus de 100%».

La présidente à l’Assemblée de Corse de la commission Tchernobyl chargée d’établir une carte épidémiologique en Corse, montrant le lien entre la catastrophe de Tchernobyl et l’augmentation des cas de cancers et de maladies de la thyroïde dans l’île, a indiqué que les travaux continueraient.

«Nous n’acceptons pas le mensonge d’Etat et notre enquête doit permettre à des victimes d’aller en justice», a déclaré Mme Risterucci.

La cour d’appel de Paris a estimé que la catastrophe nucléaire de 1986 n’a pas eu de conséquence sanitaire mesurable en France. Elle a notamment mis hors de cause l’ancien directeur du Service central de protection contre les rayons ionisants, le Pr Pierre Pellerin, seul mis en examen, pour «tromperie aggravée», en 2006, dans ce dossier.

«L’association qui regroupe les victimes va se pourvoir en cassation contre cet arrêt pour avoir épuisé toutes les voies de recours», a annoncé l’avocat des parties civiles, Me Bernard Fau.

SOURCE : AFP