COUP D'ETAT AU MALI : THIERRY DOL EST-IL ENCORE PLUS EN DANGER ?

Le Président déposé au Mali : coup d'Etat dans un pays en crise

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Le président du Mali, Amadou Toumani Touré (« ATT »), a été déposé jeudi par un groupe de putschistes. Il serait réfugié à l'ambassade des Etats-Unis. La France a interrompu sa coopération avec le Mali, un pays en proie à des problèmes de sécession dans le nord, et de crise alimentaire, comme l'explique notre partenaire Global Voices dans cet article écrit avant le coup d'Etat.
NDLR : Une actualité qui nous interpelle d'autant que notre concitoyen Thierry DOL est toujours retenu au Mali aux mains d'AQMI. Quelles sont les conséquences de ce coup d'Etat sur la sort des otages ? La question mérite d'être posée malgré le silence religieux des autorités français.


PHOTO : Des militaires et des forces de sécurité maliennes après leur coup d'Etat à Bamako, le 22 mars (Malin Palm/Reuters)

 

Depuis la chute de Kadhafi, le Mali subit le retour des groupes armés touaregs précédemment installés en Libye, qui menacent de détacher du Mali le territoire de l'Azawad, ou Mali du Nord.

Les combats ont déjà chassé de chez elles 195 000 personnes depuis la mi-janvier, selon l'OCHA, le Bureau de coordination des Nations unies pour les affaires humanitaires. S'ajoute à cela la menace d'une crise alimentaire pour 3 millions de Maliens du fait de la sécheresse prolongée dans le nord du pays.

Le Mali a déjà fort à faire avec ses problèmes internes mais comprend qu'il doit aussi prendre en compte la stabilité régionale et les desiderata de ses voisins, l'Algérie, le Niger et la Mauritanie en traitant la crise des réfugiés.

L'élection présidentielle était en danger

Une des conséquences de la crise des réfugiés a été une mutinerie militaire dans le nord le 20 mars, dont les participants ont menacé de rejoindre les rebelles touaregs.

Une journaliste explique :

« Alors que le gouvernement malien et les combattants du MNLA se renvoient la balle en s'accusant mutuellement d'être responsables de l'exode de plus de 100 000 personnes, les combats font rage autour des derniers campements militaires encore entre les mains de l'armée officielle. »

Dans la vidéo ci-dessous, des rebelles expliquent pourquoi ils ont déserté l'armée malienne pour combattre aux côtés des rebelles touaregs.

Sur Al Jazeera, l'anthropologue Jeremy Keenan met la rébellion touarègue dans son contexte :

« En deux mois de combats, l'armée malienne a perdu le contrôle de la plus grande partie de l'Azawad, avec des pertes de militaires tués, capturés ou déserteurs estimées à au moins un millier d'hommes. Incident humiliant, la base de l'armée à Aguelhok est tombée le 24 janvier lorsque la garnison qui la défendait s'est trouvée à court de munitions.

Mais, du point de vue stratégique, c'est à Tessalit qu'a eu lieu la bataille décisive. Proche de la frontière algérienne et dotée d'une base et d'un aérodrome militaires, Tessalit est une ville stratégique. Le 4 mars, trois unités de l'armée malienne avaient abandonné leurs tentatives de desserrer le siège de la base par le MNLA.

Une semaine plus tard, les troupes firent retraite en Algérie, laissant le contrôle de la base et de l'aérodrome aux mains du MNLA. Le nombre de soldats tués, faits prisonniers ou déserteurs dans ces deux revers serait considérable. »

Il ajoute :

« Il est concevable que de nouvelles attaques contre la population civile nomade, hautement vulnérable, puissent forcer les rebelles à la soumission, comme ça a été le cas dans les rébellions précédentes des Touaregs. Il est aussi possible que les manœuvres du pouvoir malien – milices secrètes, campagnes de haine interethnique, militaires en vêtements civils en bande criant “mort aux Touaregs” et propagande internet – réussissent à ouvrir des brèches dans la mixture politique, ethnique et sociale complexe que compose la population globale de l'Azawad.

Pourtant, il apparaît que la rébellion est en mesure de se maintenir beaucoup plus longtemps, surtout si le MNLA reçoit l'appui des Touaregs du Niger, bien armés et aguerris, comme le suggèrent des informations non vérifiées. »

La perspective d'une sécession est inacceptable pour le candidat à la présidence Ibrahim Boubacar Keita, principal opposant au candidat sortant Amadou Toumani Touré (« ATT »), renversé jeudi.

Lors d'une réunion à Kayes, au Mali, M. Keita a martelé que le Mali est « un et indivisible », comme le raconte Madiassa Kaba Diakité :

« Il a réaffirmé son attachement inébranlable au principe sacro-saint de l'indivisibilité du territoire national et a demandé à tous les Maliens de soutenir le chef de l'Etat, Amadou Toumani Touré, et de rester soudés derrière l'armée malienne pour qu'elle puisse repousser les assaillants afin de rétablir la sécurité et restaurer l'intégrité territoriale du Mali. [...] »

« L'élection du 29 avril est la première des solutions car voter, c'est donner une nouvelle chance à la paix », selon IBK.

A l'en croire, il sera sans doute difficile de faire voter tous nos compatriotes, notamment ceux réfugiés à l'étranger mais voter, c'est dire non à la guerre.

Crise alimentaire prolongée

Le conflit rend les secours alimentaires encore plus compliqués. Selon l'Unicef :

« La saison sèche, “maigre” dans les pays concernés est imminente, et sera marquée par l'augmentation du nombre d'enfants dans les centres de nutrition qui auront besoin de traitement vital. Le directeur régional de l'institution, David Gressly, a indiqué : “Une catastrophe multiple poursuit les enfants dans le Sahel. Même dans un scénario optimiste, nous nous attendons à ce que plus d'un million d'enfants souffrant de malnutrition sévère et aiguë soient admis dans les centres de nutrition dans les six prochains mois.” »

Blogcritics a interviewé Aboubacar Guindo, un agent d'alimentation scolaire du PAM au Mali :

« Le gouvernement a identifié, à travers le système d'alerte avancée, 159 communes les plus touchées par cette crise. Pour y répondre, le PAM a élaboré une opération d'urgence (Emop) avec une composante d'alimentation scolaire pour éviter l'important absentéisme que les écoles connaissaient dans ce type de crise. L'Emop comportera aussi la nutrition, de la nourriture contre travail, et des éléments monétaires. [...]

Outre l'insécurité alimentaire, le PAM évalue les besoins des personnes déplacées en raison du conflit dans le Nord, une évaluation qui peut faire ressortir une augmentation des besoins. »

Avant même le coup d'Etat de jeudi, certains se demandaient si l'élection présidentielle pourrait tout de même avoir lieu. Gaousso Yah Touré en doute :

« Le Mali est une grande nation démocratique et la tenue des élections ne doit aucunement le plonger dans le KO. En d'autres termes, la cohésion sociale et la paix doivent être vigoureusement préservées. Cela passe, bien entendu, par le dialogue et la réflexion.

Quant à la question de savoir si les élections se tiendront le 29 avril prochain ou non, une réponse exhaustive ne peut être donnée pour le moment. »

Le coup d'Etat militaire a mis fin à ce débat.

SOURCE : Rue89. Lova Rakotomalala · Traduit par Suzanne Lehn