Crise financière

logoepargne.jpgLa Caisse d'Epargne
dans le rouge ?

 

Après un article du Canard Enchaîné la semaine dernière mettant en cause la solidité financière de la Caisse d'Epargne, celle-ci avait dénoncé "une campagne de dénigrement gravement irresponsable", et affirmé qu'elle était à "l'abri de la tourmente" sur les marchés.

 

 

Caisse d'Epargne et Banque Populaire, deux des plus importantes banques de dépôt en France, auraient engagé des discussions en vue d'un rapprochement, un vieux projet redevenu d'actualité après la reprise de Fortis par BNP Paribas, qui bouleverse le paysage français

 

 
Selon le schéma à l'étude, "seuls les organes centraux des deux groupes" fusionneraient, les réseaux bancaires restant séparés sous deux enseignes distinctes, a indiqué une source proche du dossier à l'AFP, confirmant une information parue dans le journal Le Monde.
 
"L'Elysée a été tenu informé" de ce projet de rapprochement, a précisé cette source.

L'annonce par BNP Paribas de la reprise de Fortis, pour donner naissance à la première banque de la zone euro par le montant des dépôts, aurait "accéléré" les discussions autour du projet de rapprochement Caisse d'Epargne - Banque Populaire, à l'étude depuis la création de leur filiale commune Natixis fin 2006.

 
Selon Le Monde, les dirigeants des deux banques, Charles Milhaud et Nicolas Mérindol côté Caisse d'Epargne, Philippe Dupont et Bruno Mettling côté Banque Populaire, devaient se réunir ce lundi pour évoquer ce mariage qu'ils estimaient jusqu'alors prématuré.

 
Contactés par l'AFP, les groupes Caisse d'Epargne et Banque Populaire se sont refusés à tout commentaire.

La logique à l'oeuvre derrière ce rapprochement est que les banques, dans ce contexte de crise, cherchent à élargir leur base de dépôts pour accéder aux ressources nécessaires à leur fonctionnement, selon la source proche du dossier.

Mais pour Jean-Paul Pollin, professeur d'économie à l'université d'Orléans, ce rapprochement cache peut-être autre chose.
 
"C'est surprenant car la culture des deux groupes est quand même très différente", a-t-il réagi.

"Je ne vois pas quelles économies ils ont en tête. Est-ce pour répondre aux difficultés supposées des Caisses d'Epargne que les Banques Populaires volent à leur secours?", s'est-il interrogé.

 
Après un article du Canard Enchaîné la semaine dernière mettant en cause la solidité financière de la Caisse d'Epargne, celle-ci avait dénoncé "une campagne de dénigrement gravement irresponsable", et affirmé qu'elle était à "l'abri de la tourmente" sur les marchés.

D'après Le Monde, les discussions devraient porter également sur l'avenir de Natixis, dont Banque Populaire et Caisse d'Epargne détiennent chacun 35%.

Lancée en fanfare il y a deux ans, la dernière née des banques françaises n'a pas rencontré le succès escompté.
 
Très exposée à la crise en raison de sa spécialisation sur les activités liées aux marchés financiers, Natixis a perdu 3,9 milliards d'euros à cause d'investissements hasardeux dans des produits financiers liés aux crédits hypothécaires à risque ("subprime").
 
Son action a chuté de 75% en un an.

En conséquence, elle a dû lancer une augmentation de capital et engager un plan de redressement, avec 800 suppressions d'emplois à la clé.

Le rapprochement des deux groupes mutualistes, s'il se concrétisait, donnerait naissance à un mastodonte, fort de 8.000 agences en France, employant 98.000 personnes et servant 35 millions de clients (dont 24 millions de Livrets A pour les Caisses d'Epargne).

 
Le Crédit Agricole, premier réseau bancaire en France actuellement, compte plus de 7.000 agences.

"La constitution de groupes très importants n'est pas de bon augure", estime pour sa part Jean-Paul Pollin.
 
"Ces mastodontes seront difficiles à réguler et amenés à prendre plus de risques car ils sauront que, quoi qu'il arrive, ils seront sauvés", a-t-il ajouté