DIFFICULTÉS FINANCIÈRES DES UNIVERSITÉS : EST-CE BIEN LE MOMENT DE DÉMANTELER L'U.ANTILLES-GUYANE ?

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Une quinzaine d'universités peinent à boucler leur budget 

Photocopieuses inutilisables, manque de personnels, une quinzaine d'universités françaises sont confrontées à de graves difficultés financières.


  

Une quinzaine d'universités ont reporté le vote d'un budget en déficit pour 2014. Stendhal-Grenoble 3, La Réunion, Lyon 2 ou Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines font partie des universités en difficulté financière et confrontées à de vrais casse-tête pour assurer les cours. PHOTO : Université Grenoble 3 (Univ. Stendhal). Le Conseil d'administration vient de refuser d'adopter le budget 2014.

 A Versailles Saint-Quentin, les étudiants ont dû faire eux-mêmes leurs photocopies."En novembre, pendant près d'un mois, nous n'avons pas pu utiliser les photocopieuses", raconte Jérôme Deauvieau, directeur du département de sociologie. Parce qu'il a mis "six mois à rémunérer des tuteurs du premier cycle", Jérôme Deauvieau s'est abstenu de renouveler le système cette année.

"Au lieu de recruter du personnel sur les postes budgétés, on a payé le chauffage", explique l'enseignant-chercheur. Comme ses pairs, il a découvert les difficultés financières de sa fac en mars dernier. Des difficultés non négligeables puisque le budget présenté était "en déséquilibre de 5,2 millions d'euros de fonctionnement", a précisé l'université dans un communiqué.

Près d'une centaine d'étudiants, d'enseignants et de personnels de Versailles Saint-Quentin ont alors empêché le vote mardi, dans l'espoir d'une rallonge du ministère d'ici janvier. Pour l'université, un "soutien accru de l'Etat est urgent". "Faute de cela, l'hypothèse d'une fermeture en février n'est plus à exclure", met-elle en garde.

Le ministère de l'Enseignement supérieur a fait une avance de 800.000 euros à l'université. "Un plan de retour à l'équilibre est en place depuis mai", rappelle le ministère, qui mise sur un redressement des comptes d'ici deux à trois ans. "Seule une quinzaine d'universités sur 76 a réellement des difficultés", affirme le ministère sans minorer ces problèmes pour autant.

Les difficultés financières ont d'ailleurs entraîné "la disparition d'un certain nombre de cours" mais aussi des "fusions d'enseignements", reconnaît Romuald Bodin, enseignant-chercheur en sociologie à l'université de Poitiers. 

SOURCE : AFP 

 

UNIVERSITÉ DE GRENOBLE 3

Le conseil d'administration de l'université Stendhal Grenoble 3 a refusé d'adopter le budget 2014, vendredi 13 décembre 2013, s'élevant dans une motion contre "une situation budgétaire critique induite par un désengagement de l'Etat, comme dans la plupart des établissements". 

L'établissement n'est pas en crise financière et pourtant... "Il s'agit de rappeler à l'Etat nos difficultés et sa responsabilité", souligne Lise Dumasy, présidente de l'université Grenoble 3. Son conseil d'administration a voté contre le budget présenté vendredi 13 décembre 2013 et adopté une motion s'opposant au "désengagement de l'Etat" vis-à-vis des universités.
L'établissement ne connait pas de déficit, contrairement à une vingtaine d'établissements, et dispose encore d'un fonds de roulement confortable, il n'empêche. "Si nous ne sommes pas en déficit, c'est en raison d'une gestion extrêmement rigoureuse, souligne la présidente. Nous sommes totalement contraints, nous avons déjà tout comprimé mais ce n'est plus acceptable. Nos personnels sont en tension permanente, nous ne pouvons plus développer nos projets, les conditions d'études ne cessent de se dégrader. Nous ne savons même pas comment nous allons pouvoir mettre en place les 1.500 heures en licence à la rentrée 2014..."
 

LE MODÈLE D'ALLOCATION DES MOYENS EN QUESTION 

Que se passera-t-il par la suite ? Le budget sera présenté de nouveau à la mi-janvier 2014 devant le conseil d'administration. Pour les premières semaines de la nouvelle année, les crédits sont débloqués à 80% à titre provisoire. Si le budget est de nouveau rejeté, il reviendra sous la houlette du recteur, qui se substituera à l'établissement.
"Pour la bonne gestion de l'université, je préfèrerais bien sûr que le budget soit voté. Mais je ne sais pas ce que le conseil décidera.Cela dépendra aussi de la réponse de l'Etat, et des perspectives de changement", explique Lise Dumasy. Dans la motion adoptée par le conseil sont en effet demandés la sécurisation de la masse salariale et la remise à niveau du financement de l'université, "sous-dotée en raison de l'iniquité du sytème Sympa [d'allocation des moyens aux établissements]".
 

"Nous avons besoin d'un modèle plus juste pour les arts, les lettres, les langues, les sciences humaines, insiste Lise Dumasy. Nos étudiants ne peuvent continuer à compter pour quatre fois moins que ceux d'IUT." 

 

Un budget rejeté à Lyon 2


Le conseil d'administration de l'université Lyon 2, fortement sous tension depuis plusieurs semaines, a également voté contre le budget, avec une majorité très serrée (13 voix pour, 14 contre, 1 vote blanc), vendredi 13 décembre 2013.


Certains établissements ont de leur côté annulé et/ou reporté la réunion de leur conseil d'administration autour du budget; comme l'université du Maine ou celle de Lorraine.


A l'université de Versailles-Saint-Quentin, qui risquait d'être en cessation de paiement en décembre 2013 sans un appui supplémentaire de l'Etat, le conseil d'administration budgétaire "a été annulé et repoussé en janvier, grâce à l'action des étudiants et des personnels", assure la section Unef de l'UVSQ. 

 

 

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Dotations 2014 : en baisse ! 

Dotations des universités en 2014. Le communiqué de presse du 13 décembre 2013 (extraits : infra) de la Ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche est un nouvel exercice de manipulation de l’opinion, un nouveau mensonge d’État. Contrairement aux affirmations de Geneviève Fioraso, les dotations 2014 aux universités seront non pas en hausse, mais en baisse.

La Ministre oublie en effet. 1. La prévision du taux d’inflation pour 2014 : + 1,4%. 2. L’augmentation de 0,8% du nombre d’étudiants inscrits à l’université en 2012-2013 (Note d’information, 11, décembre 2013). 3. Le coût de la généralisation, à la rentrée 2014, des licences à 1.500 heures (arrêté Wauquiez d’août 2011 non abrogé par la loi ESR). 4. L’incidence du Glissement Vieillesse Technicité, de la compensation boursière réelle (seulement une première étape de prise en compte en 2014), de la création du CAS Pension. 5. L’obligation, maintenue, de constituer une réserve de précaution.

Les chiffres. Dotation globale 2014 (avant mesure de périmètre) : 9,916 milliards € / Dotation 2013 : 9,851 milliards = +0,66%Masse salariale 2014 : 8,997 milliards/ Masse salariale 2013 : 8,936 milliards = +0,68%. Fonctionnement 2014 : 947,8 millions € / Fonctionnement 2013 : 944,6 millions = +0,34%. Dépenses en hausse et dotations (en euros constants) en baisse en 2014 : les universités vont s’enfoncer encore plus dans la crise financière. De plus, le pouvoir d’achat des personnels titulaires, non promus en 2014, continuera sa régression (gel du point d’indice). Prétendre le contraire est un mensonge ! Le gouvernement continue de saper la confiance des universités et des fonctionnaires.

Le CNESER est consulté, les 16 et 17 décembre 2013, sur les dotations aux universités. Il ne doit pas hésiter une seconde et voter Contre. Actualisation 16 décembre, 19 heures : 2 votes très majoritaires contre le projet de dotations 2014 (communiqué du SNESUP).

Lire aussi la chronique de Camille Stromboni d’EducPros sur les dotations 2014, et en particulier le tableau des 681 postes attribués à 61 universités au titre du rééquilibrage des dotations, dans le cadre des 1.000 emplois annuels créés dans l’enseignement supérieur.

Extraits du Communiqué. Les dotations des universités pour l’année 2014 sont toutes en progression sous l’effet des mesures pluriannuelles engagées dès le budget 2013 et dont la mise en œuvre se poursuit en 2014. La part Masse salariale progresse de 0,2% à 3,0% selon les établissements, sous le triple effet du financement en année pleine des 1.000 créations d’emplois intervenues en 2013, des emplois nouveaux créés en 2014 et du financement des titularisations prononcées au titre du plan pluriannuel de résorption de l’emploi précaire. La part Fonctionnement de la dotation, quant à elle, progresse pour les deux tiers des établissements et reste stable pour le dernier tiers grâce à la première étape de la Compensation boursière réelle, qui voit les exonérations de droits de scolarité dont bénéficient les étudiants boursiers compensées auprès des universités et des écoles en fonction des effectifs réellement constatés et non dans le cadre d’une compensation théorique.