Plus que jamais, les trafiquants de cocaïne empruntent l'arc antillais pour exporter des cargaisons parfois astronomiques, comme en témoigne la dernière saisie record effectuée par la Marine nationale dans les entrailles du Titan, ravitailleur battant pavillon vénézuélien arraisonné au large de la Colombie. «Les six membres d'équipage du Titan, d'origine hondurienne et colombienne, ainsi que la totalité de la marchandise ont été remis par le commandant de la frégate Le Germinal aux autorités vénézuéliennes, conformément aux termes de l'article 17 de la convention de Vienne », a déclaré le contre-amiral Loïc Rafaelli, chef de l'état-major des Forces armées aux Antilles.
Au total, quelque 120 gros ballots de poudre avaient été dissimulés dans les soutes et il a fallu que les Forces armées françaises s'y prennent à deux reprises pour les retrouver. Après une vaine exploration de l'embarcation lundi, les enquêteurs ont mis la main sur la précieuse marchandise mercredi matin.
Route stratégique
Avec 3,6 tonnes de cocaïne, il s'agit de la plus importante prise jamais réalisée effectuée par les Français après celle de 4,3 tonnes effectuée le 16 novembre 2006 au large des Antilles dans les soutes du Master Endeavour, navire marchand en route vers l'Espagne. La spectaculaire saisie de mercredi s'inscrit dans une série d'opérations coups-de-poing menées sans relâche par l'Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (OCRTIS), qui dispose depuis 2004 d'une antenne dans la région.
Le 8 février dernier, d'ailleurs, 302 kg de cocaïne avaient été confisqués à bord du Miss Cindy R, caboteur inter-îles d'une vingtaine de mètres de long, croisant dans les eaux territoriales françaises, au sud de Saint-Pierre (Martinique). Orchestrée dans le cadre de l'opération «Carib Royal», cette saisie avait été le fruit d'une «opération interministérielle» associant l'OCRTIS, le service des douanes de la Martinique, les forces armées aux Antilles et le conseiller du délégué du gouvernement pour l'action de l'État en mer. Elle avait mobilisé durant plusieurs jours des moyens aériens et maritimes pour rechercher et localiser le caboteur suspect.
Quatre membres d'équipage originaires de Grenade, Trinidad et Cuba avaient été interpellés. «Plus que jamais, les Antilles restent stratégiquement bien placées sur les routes classiques de la cocaïne , observe le commissaire divisionnaire François Thierry, patron de l'OCRTIS. Ces îles permettent aux narcos d'acheminer une partie de leur production vers les États-Unis, sans avoir à passer sous les fourches caudines des cartels mexicains. Par ailleurs, elles sont conçues comme de véritables têtes de pont servant à stocker en toute discrétion du matériel logistique et des cargaisons à destination de l'Europe… »
Pas complètement convaincus, semble-t-il, par les nouvelles routes de l'Afrique de l'Ouest, où ils ont perdu beaucoup de marchandise, les trafiquants sud-américains ciblent donc toujours les côtes de Galice, en Espagne, considérées comme la porte d'entrée en Europe. En revanche, ils rechigneraient toujours à accoster en France, où le littoral est très surveillé et où les services répressifs ont la réputation d'être coriaces. Pour preuve, l'année dernière, ces derniers ont intercepté 5 tonnes de «coke».
SOURCE : LeFigaro.fr