ECOLOGIE : PESTICIDES, OGM ET ALGUES VERTES A L'AFFICHE

La campagne d'affichage choc autorisée par la justice.

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A quelques jours de l'ouverture du Salon de l'agriculture, la justice accepte que France Nature Environnement placarde dans le métro parisien ses affiches contre les OGM, les pesticides et les algues vertes.


La justice a tranché. France Nature Environnement (FNE), fédération regroupant 3.000 associations écologistes, va pouvoir coller du 15 au 21 février dans le métro parisien (Odéon, Saint-Lazare, Montparnasse), les six affiches de sa nouvelle campagne sur les dégâts provoqués selon eux par l'agriculture intensive. Deux organisations représentant les filières porcine et viandes, s'estimant mises en cause, avaient saisi la justice d'une demande d'interdiction en référé de deux visuels. Demandes qui ont été rejetées lundi après-midi.

Il faut dire qu'à quelques jours de l'ouverture du Salon de l'Agriculture, les affiches de FNE sur les trois «fléaux majeurs» que sont la prolifération d'algues vertes, la dangerosité des OGM et des pesticides pour les abeilles, passent mal auprès des agriculteurs.

«Il y a d'autres façons d'ouvrir le dialogue que de taper toujours sur la tête des mêmes», regrette Inaporc, l'interprofession nationale porcine, qui demandait l'interdiction de visuels sur les algues vertes. Le premier met en scène un enfant en train de jouer sur une plage couverte d'algues vertes dont la décomposition «dégage un gaz mortel». Le titre de l'affiche, «Bonnes vacances», contraste avec le sous-titre mettant en cause l'élevage industriel des porcs. Le second visuel montre, lui, un littoral recouvert d'algues vertes avec le message suivant: «Arrêtez vos salades».

«Une campagne orientée contre l'agriculture»

Pour FNE, c'est le fumier issu des élevages de porcs trop nombreux, selon la fédération, qui, drainé jusqu'aux côtes par des affluents, déclenche une prolifération d'algues vertes. La fédération propose un gel du cheptel et un renforcement du contrôle des épandages.

L'association interprofessionnelle du bétail et des viandes, se dressait quant à elle contre une affiche présentant des tranches de bœuf estampillées «100% naturel» surmontée de l'accusation «Gros menteur ». FNE réclame, en effet, l'étiquetage des viandes issues d'animaux nourris aux OGM. De son côté, Marc Pagès, responsable du secteur bovin, a fait valoir que son secteur avait «une position plutôt favorable à un tel étiquetage».

Parmi les affiches qui n'ont pas reçu de demande d'interdiction, l'une des plus marquantes met en scène un homme avec un épi de maïs pointé sur sa tempe en guise de révolver sous le slogan «C'est sans danger». Pour dénoncer la dangerosité des pesticides pour les abeilles, FNE a recours à une affiche aux couleurs jaune et noir du film Kill Bill de Quentin Tarantino avec un slogan détourné en «Kill Bees» (Tuez les abeilles).

Pour Xavier Beulin, président de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), l'initiative de FNE n'est ni plus ni moins qu'«une campagne choc, caricaturale et clairement orientée contre l'agriculture». Il exprime son «dégoût» face à «une campagne parisienne de dénigrement», assurant avoir «depuis longtemps choisi de dialoguer avec les ONG environnementales».

En finir avec «les images bucoliques»

FNE assure pourtant qu'«il ne s'agit évidemment pas de s'attaquer au monde paysan, mais de dénoncer des pratiques néfastes pour notre environnement». A travers cette campagne provocante destinée au grand public, la fédération écologiste entend en finir avec «les images bucoliques et les discours gentillets» sur le sujet. Autant de constats et de solutions que France Nature Environnement souhaite faire connaître au public mais aussi aux professionnels à travers un véritable «Salon de l'Agriculture off» que la fédération compte tenir prochainement. «Loin des marchands de machines à contraindre la nature !», précise-t-elle

SOURCE : LeFigaro