François Hollande a demandé de reporter à 2015 les cantonales et régionales : quatre scrutins au suffrage direct étaient prévus en 2014. Copé crie à la «manipulation».
Quatre élections d’affilée, autant d’occasions pour les citoyens de sanctionner dans les urnes deux ans de gauche au pouvoir: l’UMP, qui affiche son objectif de «reconquête» en 2014, s’en pourléchait d’avance. Seulement, cet agenda électoral surchargé a été jugé difficilement tenable pour François Hollande. Le président de la République a demandé, ce vendredi, devant les états généraux de la démocratie territoriale organisés par le Sénat, de reporter à 2015 les prochaines cantonales et régionales. De quoi faire enrager Jean-François Copé, qui l’accuse de «manipulation».
Le secrétaire général de l'UMP feint d'ignorer l'embouteillage électoral programmé en 2014. Ce sont les mandats des maires et des conseils municipaux (6 ans), des eurodéputés (5 ans), des conseillers régionaux (4 ans) et d’une moitié des conseillers généraux (3 ans) qui prendront fin. Sans compter le tiers des sièges du Sénat qui doit également être renouvelé, par un scrutin au suffrage universel indirect, en septembre 2014. Un risque donc de lasser les électeurs et de faire grimper l'abstention.
Commes les élections européennes, qui ont lieu simultanément dans tous les Etats-membres de l’UE, ne peuvent être reportées, le chef de l’Etat propose d’étaler le calendrier: les municipales et les européennes ne changent pas de date mais les mandats de conseillers régionaux et généraux pourront être rallongés d’un an jusqu’en 2015.
Jean-François Copé a immédiatement vu, dans cette initiative, une manière de se défiler devant «les risques d’une vague bleue» au prochain scrutin, prédisant un vote-sanction pour la gauche «du fait de la colère des Français devant le matraquage fiscal». «Comme on pouvait le craindre après la dégringolade massive de François Hollande dans les sondages, il ne reculera devant rien pour protéger la situation de ses amis politiques au pouvoir», attaque le candidat à la présidence de l’UMP, joint par l’AFP.
L’UMP, qui a perdu tous les scrutins (à l’exception des européennes) lors du précédent quinquennat, est bien placée pour connaître les dangers des élections intermédiaires pour le parti au pouvoir. La droite compte sur les prochaines échéances pour se refaire une santé électorale. Un report des cantonales et des régionales les priverait certes de quelques grands électeurs susceptibles de refaire basculer le Sénat à droite dans deux ans. Mais ce sont les conseillers municipaux – qui seront bien élus, eux, en 2014 – qui représentent le réservoir de voix le plus important pour élire les sénateurs.
Un tel report n’est pas inédit. Les dernières municpales, censées se tenir en 2007, la même année que la présidentielle, avaient déjà été repoussées d’un an. Sous la droite.