Daniel Cohn-Bendit appelle les écologistes à «rassembler au-delà de la gauche»
PHOTO : Eva Joly, Daniel Cohn-Bendit, José Bové et Cécile Duflot, samedi à Lyon
Alors de gauche ou de droite le nouveau rassemblement écologiste? Daniel Cohn-Bendit a longuement répondu à cette interrogation devant 2000 militants venus assister ce samedi au baptême, à Lyon, du mouvement «Europe Ecologie-Les Verts», issu de la fusion des deux partis écologistes
«Nous ne sommes pas de gauche, nous ne sommes pas de droite. Nous sommes nous, intransigeants avec les productivistes qu’ils soient de gauche ou de droite.» Et l’ex-leader de 68 de réclamer un droit d’inventaire sur le clivage droite/gauche: «Si on prend la pauvreté, l’inégalité, il ya un vrai clivage traditionnel. Si on prend les problèmes sociaux, l’écologie politique se place sur le terrain de la gauche et contre la droite qui fait grandir les inégalités» a-t-il lancé. En revanche «si on prends la lutte pour la démocratie et les droits de l’homme, le clivage ne veut plus rien dire. Rappelez-vous tous ceux de gauche qui ont soutenu je ne sais quel totalitarisme de gauche. Nous ne sommes pas de droite nous ne sommes pas de gauche nous sommes pour l’écologie politique intransigeante sur les droits de l’homme.»
Après deux ans de cohabitation cahotique entre Verts et Europe Ecologie, l’heure est à l’affirmation de soi pour ce «moment collectif». Et Cohn-bendit voit grand. Face à une brochette de dirigeants écologistes - dont Antoine Waechter, le père du «ni droite ni gauche», souriant et assis à la droite de Dominique Voynet et Yves Cochet, ses deux ex-ennemis qui l’avaient mis en minorité pour ancrer les Verts à gauche en 1984 – Cohn-Bendit a pu lancer «le rassemblement est notre symbole et notre force» sans ridicule.
«Hulot ? C'est un extraterrestre»
Avant de gonfler ses biceps: «pour être capables de gagner contre Nicolas Sarkozy, il faut être capable de rassembler au-delà de la gauche. Et la force politique capable de rassembler, non pas contre la gauche traditionnelle ou radicale, mais au-delà, c’est l’écologie politique!». Le co-président du groupe Vert au parlement Européen ne brigue aucun poste de responsabilité dans la nouvelle force, mais compte devenir le «premier signataire» du réseau de coopérateurs adossé au parti pour rester un «ardent débatteur», un «coopérateur» qui ronge son frein de leader.
Il appelle à se confronter à la société française et à une table ronde sur les retraites. Donne sa feuille de route: «Nous devons tous ensemble sortir des sentiers battus et des phrases toutes faites». Et reprend Mao en conclusion, en incorrigible soixante-huitard: «Europe Ecologie doit être dans la société française comme un poisson dans l’eau, sinon nous n’existerons pas» devant une salle debout.
Avant «Dany», Eva Joly, leur candidate présumée à la présidentielle, avait aussi fait se lever les ex-Verts, ex-EE, aujourd’hui ensembles dans leur nouveau mouvement. En attendant l’arrivée de Nicolas Hulot. Mais que vient faire l’animateur d’Ushaïa à Lyon? «C’est un extraterrestre» confiait Cohn-Bendit à son propos rappelant le «j’y vais, j’y vais pas» de Hulot lors de la campagne des européennes de juin 2009.
Plusieurs dirigeants voyaient dans la présence du promoteur du Pacte écologique un ballon d’essai en vue d’une éventuelle campagne à la présidentielle. «Il en parle, il consulte» confirme un de ses proches.
SOURCE : Libération