FRANCE - NOUVEAU SCANDALE : UNE BOUTEILLE D'EAU MINÉRALE SUR CINQ CONTIENT DES PESTICIDES

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Des traces de polluants dans l'eau en bouteille

Une étude réalisée par 60 Millions de consommateurs révèle la présence de molécules chimiques dans l'eau en bouteille, à des taux très faibles. 

Le magazine 60 Millions de consommateurs est formel : sur cinquante eaux en bouteille testées - minérales ou de source - dix contenaient des traces de médicaments ou de pesticides (1).  

(1) = Hepar, Mont Roucous, Saint-Amand, Vittel, Volvic, Carrefour Discount, Cora, Cristaline, Salvetat, Saint-Yorre, et trois marques d'eaux en bonbonne: O'water, Obio, Culligan Val-de-Marne.

 

 

Une pierre dans le jardin des embouteilleurs, tout particulièrement pour les eaux minérales. Ces eaux, en effet, ne sont pas jugées pour leur seule qualité sanitaire, qui doit être une évidence, mais aussi pour leur «pureté originelle». Elles ne doivent subir aucun traitement chimique (comme les eaux de source) et leur composition minérale doit être stable tout au long de l'année.

 

Quand on connaît l'énergie dépensée par les entreprises pour mettre à l'abri de toute pollution les sources de leur marque les plus prestigieuses, il y a de quoi s'interroger sur l'état général de l'environnement et des nappes souterraines.

 

Pas de danger immédiat

Cette enquête, également pilotée par la Fondation France Libertés, pose finalement plus de questions qu'elle n'apporte de réponses. Évoquer des traces, c'est en effet se trouver dans des niveaux tellement faibles que l'on ne peut véritablement les quantifier. «Il s'agit moins de s'interroger sur le combien que de savoir comment les eaux ont pu entrer en contact avec certaines molécules», estime Thomas Laurenceau, le rédacteur en chef de la revue, même «s'il n'y a à court terme aucun problème de qualité, ces eaux sont parfaitement buvables», insiste-t-il.

 

La question posée est en fait celle des méthodes d'analyse utilisées. «La robustesse des méthodes d'analyse doit être impérativement vérifiée, car des faux positifs ou des faux négatifs sont facilement possibles à ce faible niveau de détection», explique le Pr Gérard Lasfargue, directeur général adjoint scientifique de l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire).

 

«Grande surprise»

Les auteurs de l'étude affichent d'ailleurs une certaine prudence sur un des résultats qu'ils qualifient eux-mêmes de «grande surprise». Leur étude montre en effet que 10 % des eaux en bouteille analysées «présentent des résidus de tamoxifène», une hormone de synthèse utilisée dans le traitement du cancer du sein. «Les teneurs sont certes extrêmement faibles: au maximum, de 0,001 % de la dose habituelle pour un traitement en buvant 1,5 litre», précisent-ils, mais ils persistent et signent: le laboratoire, en refaisant toutes les analyses, est arrivé aux mêmes conclusions. «C'est un médicament spécifique pour le cancer du sein. Il faudrait pour qu'il arrive dans les zones protégées de captage que des égouts rejettent l'urine de femmes soignées et que ces eaux pénètrent jusque dans l'aquifère profond», s'interroge pour le moins perplexe Yves Lévi, chercheur au laboratoire de santé publique et d'environnement de l'université Paris-Sud, alors que la plupart des sources se trouvent à des centaines de kilomètres de villes et d'hôpitaux.

 

La revue ne s'est pas contentée d'analyser les eaux en bouteilles mais aussi des eaux du robinet qui ne s'en sortent guère mieux, puisque, sur un échantillonnage réalisé dans dix villes, ils ont trouvé des traces de pesticides dans sept d'entre elles.

 

L'ensemble de ces résultats a provoqué lundi la réaction immédiate des professionnels. «L'eau vendue aux consommateurs est parfaitement saine, et les prélèvements effectués sont de l'ordre de la nanotrace», s'est offusqué le Syndicat des eaux de sources. «Il n'y a aucun résidu de médicaments dans les eaux minérales naturelles», a renchéri la chambre syndicale du même nom, et «les traces de pesticides trouvés le sont à des niveaux infinitésimaux et donc parfaitement conformes à la réglementation». Ce travail va être suivi d'autres. L'Anses a ainsi engagé une grande campagne d'analyse sur les eaux embouteillées, qui portera, si nécessaire, sur les sources mêmes. Les résultats seront connus en 2014.

 

(1) Hepar, Mont Roucous, Saint-Amand, Vittel, Volvic, Carrefour Discount, Cora, Cristaline, Salvetat, Saint-Yorre, et trois marques d'eaux en bonbonne: O'water, Obio, Culligan Val-de-Marne