Haïti



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Edito

Haïtian gwan jes pou yo 

par Louis BOUTRIN

La saison cyclonique n’est pas encore terminée et déjà Gustav, Fay, Hanna, Ike ont semé la mort et la désolation dans les Grandes Antilles. Cette année encore, Haïti y a payé un lourd tribut, avec près d’un millier de victimes et plus de 1,2 millions de sinistrés. Un bilan malheureusement provisoire mais suffisamment catastrophique pour déclencher un vaste mouvement de solidarité internationale. Nourriture, eau potable, vêtements, médicaments et matériel de première nécessité sont ainsi acheminés des quatre coins du monde. De Guadeloupe et de Martinique aussi, prouvant que la solidarité caribéenne n’est pas un vain mot. Cet élan de générosité, indispensable devant la détresse humaine des Haïtiens, nous ramène à septembre 2004. Souvenez-vous en, la tempête tropicale Jeanne avait laissé sur son passage 3'000 cadavres et 170'000 sinistrés pour la seule ville des Gonaïves. L’une des pires catastrophes de son histoire!

Mais, ce drame que traverse Haïti n’est pourtant pas une fatalité voire une malédiction comme le prétendent abusivement certains. D’autres îles, à l’instar de Cuba, sont durement frappées par les mêmes ouragans. Pourtant le bilan humain est loin d’être comparable. Ce qui se passe à notre porte, n’est ni plus ni moins que la conséquence dramatique des effets conjugués de la misère, d’une absence d’infrastructure et de la déforestation d’un pays où la végétation ne couvre plus que 2% de son territoire. 

 

Passée cette période d’urgence et de choc émotionnel, Haïti demeurera engluée dans son misérable destin. Alors, après les gestes de générosités, après les opérations «An ti jes pou yo», continuons le combat et abordons la vraie question. Celle de l’aide au développement d’Haïti. Certains, ont fort judicieusement demandé l’effacement de la dette extérieure d’Haïti. Pourquoi pas! Mais, les ménages le savent à leurs dépens, on ne se sauve pas de l’engrenage de la dette si les conditions conjoncturelles défavorables persistent. 
            
Il n’y a donc pas de mystère. Haïti doit être reboisée pour, notamment, se mettre à l’abri des coulées de boues. Elle doit nourrir sa population et s’équiper d’infrastructures adaptées. Et face à cela, les constats et discours de circonstance n’y changeront rien. Maintenant que les institutions sont en place, il lui faut de l’argent, point barre!

 

On pourrait très bien envisager un financement sur le modèle proposé par Silvio Berlusconi à la Libye. A l’issue d’un accord signé le 30 août 2008 avec le colonel Mouammar Kadhafi, il s’est engagé à indemniser son voisin méditerranéen pour les exactions commises et les dégâts causés lors de son occupation coloniale (1911 à 1943). L’État italien remboursera à la Libye la somme de 3.4 Milliards d’Euros étalés sur 25 ans (200 millions par an) sous forme d’investissements italiens dans les projets d’autoroutes et d’infrastructures.

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Après tout, après avoir arraché sa liberté dans le sang en 1804, la République d’Haïti n’avait-elle pas versé 90 millions de francs-or à la France pour acheter son indépendance? A l’époque, sous les conseils d’un cabinet d’affaire américain, le Président élu, Jean Bertrand Aristide, avait réclamé à l’Etat français, 21,6 millions de dollars. Une comptabilité onirique et une restitution exigée en pleine célébration du Bicentenaire de la mort de Toussaint Louverture (2004) qui avaient singulièrement dégradé les relations entre le gouvernement français et Aristide et qui, très certainement, lui a coûté son fauteuil. 21,6 millions de dollars, c’est nettement moins que les 3,4 Milliards d’euros contractualisés par Berlusconi et Kadhafi.

Alors, après ces drames à répétition en Haïti, les parlementaires de Guadeloupe et de Martinique, ne pourraient-ils pas demander audience au Président Nicolas Sarkozy pour qu’un programme de reboisement et d’infrastructures soit financé par l’Etat français. Au-delà de tous les discours sur la coopération régionale, cette démarche traduirait concrètement notre volonté commune de réaliser an gwan jes pou yo.

Crabe

Sommaire

Economie p. 6 : La pêche, un secteur d’avenir.
Avec 48,7 kg/habitant/an, les Martiniquais sont classés parmi les plus gros consommateurs de poissons au monde. Mais, paradoxalement, nos eaux jadis si poissonneuses ne permettent pas de satisfaire la demande.

Economie p. 8 : Un antillais se lance dans le sportwear en bambou!
Michel Sébas, ancien joueur du Club franciscain et maintenant au service des sports de la ville de Sainte-Anne décide de partir à l’assaut des majors du “sportwear” en lançant une ligne de vêtements sous sa propre marque, au nom de Pégase.

Economie p. 10 : Bannann an tout sos!
Après le fruit-à-pain, la groseille, le pois de bois et la patate douce, c’est la banane qui sera l’invitée d’honneur d’An tout sòs concept pour une manifestation «musiculinaire» qui se déroulera le 19 Octobre prochain dans le cadre de la semaine du goût à Beauport, pays de la canne dans la commune de Port Louis enGuadeloupe.

Personnalité du mois p. 12 : Une reconnaissance internationale pour Pascal Saffache
Doyen de la faculté des lettres et des sciences-humaines du campus de Schoelcher, c’est en sa qualité de géographe que Pascal Saffache a été primé par le TOYP (Ten Outstanding Young Persons).

Pascal Saffache

Politique p. 18 : Barack OBAMA, Un président Noir à la Maison-Blanche?
A 47 ans, Barack OBAMA vient d’être investi par le Parti Démocrate. Jeune, beau, audacieux, éloquent et brillant, le Sénateur de l’Illinois est aujourd’hui un sérieux prétendant à la magistrature suprême des États-Unis.

Ecologie p. 22 : Rallye de l’écologie - Un concept qui prend de l’ampleur
Organisé par l’Association «Pour une écologie urbaine» en partenariat avec l’Office Nationale des Forêts (O.N.F.), cette 9° édition du «Rallye de l’Écologie» s’inscrivait dans le cadre de la manifestation nationale de la «Fête de la Nature».

Dossier du mois p. 24 : 29 nov.2007. Un séisme utile?
Tous les spécialistes s’accordent à le reconnaître, le séisme du 29 novembre 2007 aurait pu être extrêmement dévastateur si son hypocentre, situé à 150 km de profondeur, avait été plus superficiel. Un autre constat est également sur toutes les lèvres: nous n’étions pas prêts tant au niveau de nos réactions, qu’à celui du bâti qui demeure extrêmement vulnérable.

Education p. 40 : Université des Antilles et de la Guyane
La licence LCR se prépare en trois ans sur le campus de Schœlcher en Martinique, elle est également accessible sur le campus Saint-Denis en Guyane où elle est ouverte uniquement en troisième année.

Distinction p. 41 : Roland Jean-Baptiste-Edouard Chevalier de la Légion d’honneur
Roland Jean-Baptiste-Édouard fait partie de cette génération s’est investie pour son pays, à travers notamment ses activités éducatives et son militantisme associatif. Une race d’hommes talentueux, sincères, désintéressés qui cultive la discrétion en lieu et place du tumulte médiatique.

Culture p. 42 : La peinture en Martinique
Alfred Marie-Jeanne en avait eu l’idée. Depuis longtemps. Alors, il y a quelques mois, il a confié à Gerry L’Etang, l’anthropologue, de diriger cet ouvrage.

Littérature p. 44 : Le cachot effrayant
Le dernier roman de Patrick Chamoiseau, Un dimanche au cachot, établit un lien surprenant entre le passé esclavagiste et la réalité d’une fillette d’aujourd’hui confrontée à la drogue et à la maltraitance.

Littérature p. 46 : L’épopée de l’installation des Chinois à la Martinique
Infatigable, celui qui, à l’instar de Balzac et de sa «Comédie humaine», s’est donné pour objectif de rédiger la «Comédie créole», nous revient avec un gros roman, publié ces jours-ci aux éditions Mercure de France, sur les Chinois martiniquais.

Littérature p. 49 : Raphaël Confiant :«La question du créole n’est plus du ressort des linguistes!»
«La question du créole n’est plus du ressort des linguistes!»

Directeur de la Publication: Louis Boutrin
Comité de Rédaction
Rédacteur en chef: Raphaël Confiant
Rédacteur en chef-Adjoint: Jean Belleterre
Culture – Littérature: Raphaël Confiant
Ecologie: Philippe Joseph - Pascal Saffache.
Education: Micheline Marajo
Kréyol-Patrimoine: Serge Restog - Jane Etienne
Musique: Eric Andrieu 
Politique: Dominique Claude
Santé: Christiane Renard Quitman - Serge Chalons
Société: Jean Belleterre - Daniel Boukman