L'activité a timidement repris dans la capitale, Port-au-Prince, après le vote émaillé d'actes de violence, qui ont fait deux morts, et l'appel à l'annulation du scrutin lancé par une majorité des 18 candidats en lice pour la présidence.
Deux de ces candidats, des favoris, ont décidé lundi de revenir sur cette demande en expliquant que les fraudes imputées au pouvoir en place au profit du candidat Jude Célestin semblaient moins graves qu'attendu.
«C'est probablement cette déclaration d'hier qui fait que les résultats qui arrivent aujourd'hui sont ce qu'ils sont», a dit au cours d'une conférence de presse le candidat Michel Martelly, plus connu sous son nom de star de la chanson «Sweet Micky».
Dix candidats demandent toujours l'annulation
«Nous commençons à recevoir des procès verbaux qui montrent clairement» que «là où il n'y a pas eu de magouilles c'est le changement qui mène. On s'attend à ce que le changement gagne les élections», a-t-il ajouté. «Maintenant que je sais que je mène...», a-t-il lancé.
Même réaction du côté de la favorite des sondages, Mirlande Manigat, qui a estimé qu'elle disposait de «bonnes chances de gagner», et s'est dite prête à participer à un éventuel second tour.
En revanche, 10 autres candidats ont réitéré lundi leur appel à l'annulation de ces élections. «Nous ne transigerons pas sur la question des fraudes commises dans ces élections, nous n'accepterons pas une situation de fait accompli», a déclaré l'un d'entre eux, Jacques-Edouard Alexis, au cours d'une conférence de presse.
Les élections ont été validées dimanche soir pour la plus grande partie du pays par le Conseil électoral, qui a décidé d'annuler l'élection dans seulement 3,5% des bureaux de vote. Wyclef Jean, star mondiale du hip-hop écarté de la course à la présidence en août, a appelé à organiser une expertise internationale, mettant en garde contre «des violences».
Ban Ki-moon «préoccupé»
Les chefs de mission de l'UE, qui ne sont pas prononcés sur la régularité de la consultation, ont appelé lundi la population et les forces politiques du pays à garder leur calme. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, s'est dit «préoccupé» par les incidents qui ont marqué le scrutin et averti que des heurts pourraient entraver la lutte contre le choléra, dans un pays qui se relève à peine de l'énorme tremblement de terre du 12 janvier (250.000 morts, plus d'un million de sans-abri).
Des observateurs américains du Center for Economic and Policy Research (CEPR) ont appelé la communauté internationale à rejeter cette «farce évidente». La France et le Canada ont exprimé leur «préoccupation». En revanche, le chef de la mission d'observateurs conjointe de l'Organisation des Etats américains (OEA) et des pays du Marché commun de la Caraïbe (Caricom), Colin Granderson, a jugé lundi que les élections étaient valides, malgré les «irrégularités».
Les résultats du premier tour doivent être diffusés à partir du 5 décembre. Un éventuel deuxième tour pourrait avoir lieu le 16 janvier. Pendant ce temps, l'épidémie de choléra continuait de s'étendre. Depuis son apparition dans le pays à la mi-octobre, le choléra a fait 1.721 morts, selon un nouveau bilan.
(Source AFP)