Ils sont des milliers à monter vers Pétionville, dans la banlieue de Port-au-Prince, des milliers de partisans du chanteur et candidat Michel Martelly. «On en a marre de Préval, mettez-le en prison. Il faut arrêter cette mascarade.» Les foule ne cesse de grossir. Elle rejoint le bâtiment du Conseil électoral provisoire (CEP), se masse autour d'une voiture où a pris place Martelly, le chanteur Wyclef Jean et un autre candidat, Charles-Henri Baker. Tous appellent à l'annulation du scrutin.
En quelques heures, les élections en Haïti viennent de basculer. Il est 16 heures, les bureaux de vote ont fermé, et les craintes de voir les violences dégénérer se confirment. A Port-au-Prince, dans le quartier Tabarre 27, près de l’aéroport, un important centre de vote comprenant 25 bureaux de votes a été saccagé et le contenu des urnes a été répandu, a constaté l’AFP. «Une trentaine de personnes sont arrivées d’un coup et ont tout saccagé. Ils n’avaient pas leurs noms sur les listes et ne pouvaient pas voter. Ces gens appartiennent forcément à un parti vu qu’ils sont arrivés en groupe», a expliqué le superviseur adjoint du centre, Peteckson Rénévil.
Les opérations de vote ont été annulées dans deux villes du nord d’Haïti, suite à des violences qui ont fait au moins deux blessés. Des incidents se sont également produits à l’Acul-du-Nord et Trou-du-Nord, près de Cap-Haïtien, ont indiqué à l’AFP les maires de ces deux villes. «La population était prête à voter mais des partisans des candidats ont tiré en l’air, il y a eu des blessés et même moi je n’ai pas réussi à voter», a déclaré l’édile de l’Acul-du-Nord, Patrick Julien. «Des hommes armés de machettes ont mis à sac six centres de vote, les élections ont été annulées», a-t-il ajouté. A Trou-du-Nord, le maire Jacques Gustave a indiqué qu’une foule avait pénétré dans les bureaux et saccagé les bureaux de vote: «les bulletins ont été jetés partout, le président du bureau de la localité a fait le constat et a annulé l’élection», a-t-il indiqué.
Le gouvernement semble avoir totalement sous-estimé les difficultés à faire voter le million de personnes déplacées qui vivent dans des camps depuis presque un an. Beaucoup des réfugiés n’étaient même pas inscrits sur les listes électorales.
Douze des 18 candidats ont réclamé dimanche l’annulation du scrutin en cours, dénonçant des «fraudes». Ces candidats, parmi lesquels des favoris tels Mirlande Manigat, le chanteur populaire Michel Martelly ainsi que Jacques-Edouard Alexis, ont dénoncé dans une déclaration commune «un complot du gouvernement et du Conseil électoral provisoire (CEP) pour trafiquer les élections au profit du candidat du parti au pouvoir».
Dans les rues de Port au Prince, l’atmosphère est volatile. Des groupes se forment dans les rues et jettent des pierres sur tout ce qui ressemble à un bureau de vote. La rondes des manifestations continue, mais les forces de l’ordre se sont positionnés à toutes les intersections et autour du Conseil électoral provisoire
SOURCE : Liberation.fr