Après l'accueil euphorique, les premières désillusions...
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Les problèmes ont commencé lorsque les responsables du Centre des Oeuvres Universitaires de Dakar (COUD) ont voulu déloger ce week-end du pavillon réservé aux haïtiens, les étudiants sénégalais qui y avaient élu officieusement domicile le temps de passer les examens de la session d'octobre « Nous n'accepterons pas d'être jetés dehors en pleine période d'examen, pour que nos places soient données à des étrangers, même si c'est pour une cause dont nous reconnaissons tous la noblesse... » ont crié les étudiants sénégalais qui bien que prévenu de l’arrivée des haïtiens n’avaient pas tenu compte de l’ordre de quitter les lieux.
Après l’enchantement de l'accueil que le président Abdoulaye Wade, avait réservé, mercredi dernier aux 163 étudiants haïtiens, certains déplorent le manque de propreté des toilettes, l’absence de confort des logements, la qualité douteuse de l’eau, le manque d’ouverture et la méfiance des étudiants sénégalais ainsi que la nourriture locale qui semble ne pas convenir à tous.
Une jeune Haïtienne, sous le couvert de l'anonymat explique : « on s'attendait à de meilleures conditions d'hébergement, vu la manière dont nous avons été accueillis ». Elle déplore que le courant passe mal entre sénégalais et haïtiens : « ils [les étudiants] ne sont pas tous comme ceux qui sont venus nous accueillir. Certains sont ouverts, d'autres non » toutefois elle est consciente que c'est aux haïtiens de s'intégrer. « C'est à nous d'aller vers les étudiants sénégalais pour qu'ils nous intègrent mais ils doivent tendre les bras pour cela ».
Un autre étudiant déclare « Ici, les conditions ne sont pas bonnes, ce qui nous pose problème, ce sont les toilettes » [faisant référence aux chaises turques dont sont équipées les salles de bain] « les conditions d'hygiène laissent à désirer, mais je crois qu'on doit essayer de s'y adapter parce que nous sommes venus ici pour étudier et le président sénégalais nous a rendu un grand service en nous emmenant ici ».
Une situation qui n'a rien d'anormal, selon Maïmouna Yade, une étudiante sénégalaise membre du comité d'accueil « c'est la première fois qu'ils viennent en Afrique » mettant ces réactions sur le compte du dépaysement, tout en assurant que toutes les mesures seront prises pour améliorer les conditions d'hébergement des haïtiens « pour leur intégration, nous ferons de notre mieux pour les mettre à l'aise parce qu'ils sont nos frères et sœurs».
Une fraternité qui ne semble pas être partagé par tous les étudiants sénégalais, qui tout en reconnaissant la beauté du geste présidentiel, ne partage pas l’enthousiaste vision du Président, confronté qu’ils sont aux problèmes de leur réalité quotidienne, celle des 55,000 pensionnaires de l’UCAD qui peinent à être logés correctement.
SOURCE : Haïti Libre