LOUIS BOUTRIN LANCE UN NOUVEAU PARTI : MARTINIQUE ÉCOLOGIE
"Appel à un vrai sursaut politique"
Vous lancez Martinique Écologie, alors que vous siégez au Conseil régional sur les bancs du groupe Patriotes et sympathisants. Ne seriez-vous plus sympathisant ?
LOUIS BOUTRIN : Je demeure un sympathisant ! Pour mémoire, j'ai répondu favorablement à l'appel d'Alfred Marie-Jeanne aux régionales pour deux raisons essentielles : d'abord pour avoir travaillé à ses côtés à l'élaboration d'un projet pour la Martinique et aussi pour la confiance que je lui porte. Confiance en sa verticalité, en sa capacité à mettre en place des politiques publiques et surtout à gérer efficacement l'argent des Martiniquais. Mais le fait d'être un sympathisant, ne m'interdit pas pour autant de réfléchir, avec d'autres, à la valorisation de notre potentiel environnemental pour en faire une source de richesse et d'emplois. Cette richesse devra être mieux répartie pour neutraliser ce sentiment d'injustice et d'iniquité qui continue à empoisonner notre vie sociale et économique.
Martinique Écologie sera-t-il à la droite des mouvements Assaupamar et Modemas ?
LOUIS BOUTRIN : Nous saluons le travail d'éveil des consciences effectué par l'Assaupamar et le Modemas, organisation politique qui a vu le jour en 1991. Cependant, après 20 ans d'existence, un constat s'impose : face à l'impératif écologique, il reste encore beaucoup à faire et une nouvelle génération, avec une autre vision du pays, une autre sensibilité, a décidé de s'organiser autrement. Dans ce nouveau monde, où les révolutions se font désormais avec des armes numériques, il faut d'un projet novateur. Il faut aussi pouvoir ajuster nos moyens de convaincre, adapter nos outils, être mieux à l'écoute pour mieux comprendre. C'est pour cette raison que nous affichons une ambition : celle d'accompagner les nouvelles générations avides non plus de slogans politiques ou idéologiques, mais de réponses à leurs vraies préoccupations.
Vous expliquez vouloir « écologiser » la politique. Ne serait-ce pas une conception réductrice de la politique, alors que vous avez été un fer de lance du changement dans l'article 74 ?
LOUIS BOUTRIN : Vous auriez tort de réduire l'écologie à la simple défense des intérêts environnementaux. Écologiser la politique c'est permettre de manière concertée, et au nom de l'intérêt général, de créer des outils novateurs pour réguler notre relation avec ce petit bout de terre qu'est la Martinique. Cela devrait se traduire certes par une politique de l'environnement mais aussi en une politique de l'aménagement du territoire intégrant l'urbanisme, le logement, la politique agricole, l'énergie, les transports publics, la prévention des risques majeurs... Martinique Écologie entend donc dépasser la doctrine environnementale pour réfléchir à un modèle économique et social, à un vrai projet alternatif de développement soutenable. Atteindre les objectifs assignés suppose la maîtrise d'un certain nombre de leviers politiques et juridiques. D'où mon positionnement personnel en faveur de l'article 74. Maintenant, les électeurs martiniquais se sont prononcés, il faut respecter leur choix et s'organiser autrement. Ce chantier demeure énorme. Notre appel à un vrai sursaut politique autour de Martinique Écologie s'inscrit dans cette dynamique-là.
SOURCE : France-Antilles - Propos recueillis par G.GALLION