LA REUNION : LE PRESIDENT DE REGION RECLAME UNE ASSEMBLEE UNIQUE AVEC POUVOIR NORMATIF

didier.robert2.jpgDidier Robert dessine les contours de "son Assemblée unique"
Le président de la Région Réunion a ajouté plus de précisions et de clarté dans sa vision de l'acte III de la Décentralisation. Didier Robert fera d'ailleurs parvenir sa contribution à la réforme institutionnelle proposée par le gouvernement. Le président de la Conférence des présidents des Régions ultra-périphériques, demande une autre articulation pour "des relations plus pratiques et efficaces de la Région Réunion avec l'Europe et l'Etat". Régionalisation et autonomie.
Didier Robert affiche ses certitudes. Il ne demande pas une réforme institutionnelle sur le fond. Comme Paul Vergès. Il propose des aménagements "là où c'est nécessaire" pour obtenir les leviers indispensables et ce "pour permettre à La Réunion de mieux répondre aux exigences économiques de son développement dans l'Europe et surtout dans son environnement régional". Didier Robert, lors de ses vœux à la presse hier, à dénoncer "de terribles incohérences" dans le fonctionnement actuel.

"Des exemples : c'est l'Europe depuis Bruxelles qui définit pour nous, la politique de la pêche, celle des aides communautaires aux entreprises, celle de la fiscalité à travers l'octroi de mer… Trop souvent, ces décisions vont à l'encontre des intérêts de La Réunion et de nos orientations !". "C'est à chaque territoire de définir son plan d'action et aux instances européennes de le valider".

"C'est en ce sens que j'ai obtenu du Commissaire Hahn, l'examen des stratégies locales de chacun de nos territoires pour une vraie validation politique du nouveau cadre d'intervention européen pour la période 2014 - 2020". Didier Robert veut également dire à l'Etat quels sont les leviers qu'il faut "ajuster" pour "donner à La Réunion, les outils pratiques, pragmatiques, performants et efficaces et les moyens qui vont avec", et ce pour "réussir le développement économique et social de l'île, toujours dans son environnement régional".

C'est le moment choisi par le président de la Région Réunion pour bien marquer sa différence avec le gouvernement. "Ayrault comme Fillon n'a rien compris au photovoltaïque". Idem sur les emplois aidés. "La question est simple : les emplois verts sont-ils utiles ou pas. Pour moi, la réponse est oui. Seulement, nous passons de près de 13.000 contrats en 2012 à 9.000 en 2013". Et, Didier Robert ne croit pas aux contrats d'avenir et de génération. "On connaît la réticence des collectivités à s'engager dans un dispositif qui coûtera au final deux à trois fois plus qu'aujourd'hui".

Le patron du Conseil régional fustige par ailleurs les divers projets du gouvernement : "Les Outre-mer ont été oubliés dans la Banque publique d'investissement. Concernant la vie chère, le ministre de l'Outre-mer refuse de s'attaquer aux monopoles du gaz et du carburant sous prétexte que ce sont des produits règlementés. Ce sont pourtant deux produits de première nécessité pour tous les Réunionnais".

Didier Robert a déposé une proposition en ce sens auprès du gouvernement en décembre 2012. "Les acteurs privés et publics ont participé à la définition de la stratégie de développement. Il y a un assez large consensus sur les grands sujets : tourisme, énergies renouvelables, innovations, filières agro-alimentaires… La vraie difficulté est la remise en question, continue et permanente, de nos décisions". Le président veut "une vraie évolution". "Le changement, c'est maintenant".

Ce changement, "c'est le respect des décideurs locaux, le respect d'un pacte territorial de croissance et d'emplois que nous avons arrêté ici et qui devra être accepté à Paris et à Bruxelles. Il est temps que nous franchissons un pas significatif". Didier Robert veut une décentralisation adaptée. Sans équivoque. "Je milite désormais pour un renforcement effectif de la décentralisation, une décentralisation maximum, pour un pouvoir normatif qui pourrait être confié aux collectivités locales".

Le président du Conseil régional espère trouver toutes les réponses à ses questions dans l'acte III de la décentralisation, "une réforme qui est pour l'heure une coquille vide". Didier Robert pense qu'il pourra remplir la "coquille" avec "un texte d'approfondissement de la décentralisation", son "Assemblée unique", qu'il proposera au gouvernement…


Jismy Ramoudou in INFOREUNION