LE "CHECK" EN LIEU ET PLACE D'UNE POIGNÉE DE MAIN ?

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Contre les bactéries, un poing cogné plutôt qu'une main serrée


 


En moins d'un an, au moins trois articles scientifiques ont conseillé d'abandonner la poignée de main, source de contamination bactérienne, au profit d'autres saluts moins usuels, comme le « check ».

 

PHOTO : Le président américain Barack Obama utilise régulièrement le «check», un geste qui intéresse désormais les médecins hygiénistes. 

C'est devenu la signature de Barack Obama, dont le potentiel «cool» n'est plus à démontrer, tout président qu'il est. Le «fist bump», que l'on pourrait traduire par un «poing cogné», consiste, comme son nom l'indique, à saluer son interlocuteur par un contact entre poings serrés, au niveau de la jointure des doigts. Plutôt prisé des jeunes, qui l'appellent également «check», il est en train de rallier un public inattendu: les médecins hygiénistes.

En moins d'un an, au moins trois articles scientifiques parus dans des journaux de renom ont plaidé pour l'adoption de cette forme de salutation en milieu hospitalier, au motif qu'il réduirait sensiblement la transmission des germes par rapport à la traditionnelle poignée de mains. Le tout dernier, rédigé par une équipe de l'université Aberystwyth (Grande-Bretagne), fait le comparatif de la contamination bactérienne associée au salut poing cogné, main serrée ou main frappée, façon top là (ou high five en anglais).

 

Un facteur dix

Pour cela, le Dr David Whitworth et son étudiante Sara Mela se sont salués à de multiples reprises à l'abri de leur laboratoire, équipés de gants stériles. Le Dr Whitworth avait, au préalable, trempé sa main dans un bain de bactéries E. Coli, qui comptent parmi les principales sources d'infections nosocomiales. Il en ressort que le facteur principal de contamination est la surface de peau en contact.

Le «fist bump»divise par dix la transmission bactérienne par rapport à une poignée de mains. Le «high five»comporte un risque intermédiaire. La durée de contact joue aussi, de même que l'intensité: une poignée de main ferme double ainsi la quantité de germes transmis par rapport à un geste plus modéré.

David Whitworth, qui, de son propre aveu, maîtrise moins bien le fist bump que Barack Obama, restreint sa recommandation de substituer ce geste à la poignée de mains au milieu hospitalier. Et encore, «les services où les risques sont faibles peuvent être exemptés», spécifie-t-il auFigaro. Il n'est en revanche pas nécessaire d'étendre la consigne au quotidien, «puisque nous sommes constamment exposés à des bactéries, sans que cela n'ait d'incidence sur notre santé». Mais en temps d'épidémie de grippe, ne plus se serrer la main peut toutefois être utile, précise-t-il.

 

Priorité au lavage des mains

«La question se pose surtout à l'hôpital, car on y a davantage de risque de porter sur les mains des bactéries résistantes», plus dangereuses pour les patients affaiblis car difficiles à éliminer, explique le Pr Jean-Christophe Lucet, responsable de l'équipe d'hygiène de l'hôpital Bichat à Paris.

Pour autant, interdire aux médecins de serrer la main de leurs patients mettrait, selon lui, une distance regrettable. «Ce contact est important pour la relation patient-médecin», estime-t-il. Il invite d'abord à se concentrer sur la mesure la plus à même de réduire les risques nosocomiaux: se laver les mains après chaque soin pour le personnel hospitalier. Et il suggère aux visiteurs de faire de même notamment avant et après un passage en réanimation. «Si cela était acquis, alors on pourrait envisager de se pencher sur la question de la poignée de main. Mais pour l'instant, la suggestion me paraît anecdotique», conclut-il.