LE DANEMARK VEUT CONVERTIR L'EUROPE A L'ÉCONOMIE VERTE

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"...La crise environnementale tout aussi importante que la crise financière"

 

Les Danois souhaitent accroître le poids des questions environnementales dans les différents débats politiques de l'UE, notamment pour l'agriculture, la pêche et les transports.

PHOTO : Le premier ministre danois, Helle Thorning-Schmidt et le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, à bruxelles, en octobre dernier.

Alors que «l'Europe traverse la pire crise depuis 1945», selon la chancelière allemande Angela Merkel, c'est un petit pays connu pour sa méfiance envers toutes les décisions bruxelloises qui prend les commandes de l'Union pour six mois. Le Danemark n'appartient pas à la zone euro et a obtenu, en 1993, trois dérogations majeures (défense commune, coopération judiciaire et citoyenneté européenne).

 

Alors qu'il assume désormais la présidence pour la septième fois depuis son entrée dans la Communauté économique européenne, en 1973, le royaume enregistre un taux record d'opposants à la monnaie unique: selon un récent sondage, quelque 65 % des Danois se disent hostiles à l'euro. Mais depuis la victoire des sociaux-démocrates, en septembre dernier, «le Danemark a pris un virage européen», assure Nicolai Wammen, ministre des Affaires européennes. Il est le premier à détenir un portefeuille «permanent».

Pour lui, le fait d'être en dehors de la zone euro n'est pas un problème: «Je ne dis pas que cela ne créera pas d'obstacle, mais nous sommes bien préparés. Nous sommes aussi concernés par l'ampleur de la crise de la zone euro que les pays membres.» Reprenant un titre de Simon & Garfunkel, le ministre voit son pays comme «un pont enjambant les eaux troubles» (Bridge Over Troubled Water), un lien entre les 17 pays de la zone euro et les 10 qui n'en sont pas.

«La première tâche de la présidence danoise, avait annoncé le nouveau premier ministre Helle Thorning-Schmidt lors de son discours inaugural, le 4 octobre, devant le Folketing (Parlement), sera de s'assurer que nous prenions des mesures conjointes pour mettre la crise économique derrière nous. Nous devons recréer la confiance, la sécurité et l'optimisme.»

Engagement européen

Même si elles risquent d'être éclipsées par la crise de l'euro, Copenhague tient à ses priorités. Notamment l'économie verte, «durable à long terme». «Aujourd'hui, il ne suffit pas de se concentrer sur la crise financière, martèle Ida Auken, ministre de l'Environnement. Il ne faut pas négliger une crise tout aussi importante: la crise environnementale.» Les Danois souhaitent accroître le poids des questions environnementales dans les différents débats politiques de l'UE, notamment pour l'agriculture, la pêche et les transports. Des «emplois verts vont être créés» dans les prochaines années, estime Nicolai Wammen. Autant qu'ils le soient chez les Vingt-Sept, plutôt que de voir «les compétences quitter l'Europe» !

Autre ambition, «moderniser» le marché unique, qui fêtera ses vingt ans en 2012. «Nous ferons en sorte qu'il soit plus facile et plus sûr de faire du commerce sur Internet à travers les frontières, a promis Helle Thorning Schmidt. Et nous travaillerons pour que les entreprises européennes obtiennent des positions fortes sur les marchés mondiaux». La présidence devra affronter d'autres sujets clés, comme par exemple la révision de la politique agricole commune et le programme de recherche et de développement.

«Même dans cette période difficile, nous comptons obtenir des résultats concrets, conclut Nicolai Wammen. C'est en produisant une vraie plus-value pour la vie quotidienne de ses citoyens que l'Europe pourra avancer et gagner la confiance de l'opinion publique qui lui fait défaut.» Le gouvernement social-démocrate espère pouvoir capitaliser sur les succès de sa présidence pour renforcer son engagement européen: il envisage d'organiser, dans les mois qui suivront, un référendum sur l'opportunité de participer à la coopération judiciaire et à la défense commune.

SOURCE : Reuters