LE GOUVERNEMENT AFFIRME POSSEDER 4 ETUDES DEMONTRANT LA DANGEROSITE DU MONSANTO 810...

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Mais il prétend ne pas disposer d'éléments scientifiques pour décréter un moratoire. 

 

«Le gouvernement français maintient et maintiendra son opposition à la culture du maïs Monsanto 810 sur le territoire français», a promis mardi Nicolas Sarkozy au lendemain de l'annulation par le Conseil d'État du moratoire mis en place en février 2008, dans la foulée du Grenelle de l'environnement. «Je crois à la recherche, à la nécessité de donner à nos agriculteurs les moyens de développer leur productivité.


 Mais je pense aussi que tout doit être fait pour maintenir la confiance des consommateurs», a souligné le chef de l'État lors d'un déplacement à Gimont, dans le Gers, où il participait à une table ronde avec des agriculteurs. Pour cela, Nicolas Sarkozy a indiqué que les ministres de l'Agriculture et de l'Écologie, Bruno Le Maire et Nathalie Kosciusko-Morizet sont en train de préparer «une nouvelle clause de sauvegarde avec les éléments scientifiques qui nous permettront d'acter cette interdiction». Un exercice qui promet d'être tout sauf une formalité…

Reprenant les conclusions de la Cour de justice européenne du 8 septembre dernier, le Conseil d'État a en effet rappelé qu'un État membre de l'Union européenne ne peut décréter un moratoire que si la culture de ce maïs génétiquement résistant à certains parasites «présente un risque important mettant en péril de façon manifeste la santé humaine, la santé animale ou l'environnement». Les États doivent également «établir l'urgence» d'une telle mesure d'interdiction . Or ces deux conditions n'étaient pas remplies en février 2008 lorsque la France a suspendu la culture du MON 810 en invoquant des «risques sérieux pour l'environnement». Le sont-elles davantage quatre ans après ?

Dès lundi soir, Nathalie Kosciusko-Morizet, affirmait disposer de «quatre études» postérieures à la décision de 2008, «qui viennent renforcer des inquiétudes qu'on peut avoir vis-à-vis des OGM en général et certaines ciblées sur le Monsanto 810.»

Trois de ces études dont Le Figaro a eu connaissance, font état de phénomènes de résistance apparus, aux États-Unis et en Chine, sur des «insectes cibles non européens». Autrement dit, des ravageurs devenus insensibles à la toxine secrétée par le maïs MON 810. Première remarque de bon sens: comment justifier d'une «mesure d'urgence» prise sur le territoire national concernant des insectes qui, à l'exception de l'un d'eux (la chrysomèle) et encore de façon très limitée, ne vivent pas en France ?

Choix politique ou sociétal

Ensuite si la résistance est incontestablement «un problème économique» pour les agriculteurs qui en sont victimes, elle «ne fait encourir a priori aucun risque environnemental», estime le Haut Conseil des biotechnologies (HCB) dans son avis de décembre 2009. «Une absence totale d'efficacité du maïs MON 810 reviendrait en effet à une simple absence de traitement.» Donc pas de quoi invoquer un quelconque «péril» pour la biosphère.

La quatrième étude s'est penchée sur la prolifération d'un ravageur occasionnel du coton en Chine suite à l'introduction de variétés transgéniques dont le spectre d'action est moins large que les insecticides (beaucoup plus polluants) employés jusqu'alors. «Il s'agit là encore d'un problème de gestion agronomique et non d'un risque pour l'environnement ou la biodiversité», souligne Marcel Kuntz, biologiste au CNRS qui estime que «ce n'est pas aux politiques de se prononcer sur la pertinence de publications scientifiques».

Le gouvernement disposera-t-il d'éléments plus probants d'ici au printemps, c'est-à-dire avant les prochains semis de maïs ? Rien n'est moins sûr. Mais il y a peut-être une autre solution. «En juillet 2010, la Commission européenne a proposé un nouveau règlement permettant à un État membre d'interdire un OGM sur son territoire par choix politique ou sociétal, sans avoir besoin de se justifier sur le plan scientifique», explique au Figaro Frédéric Vincent, porte-parole «santé-consommation» à la Commission. Mais la France s'est jusqu'à présent vigoureusement opposée à ce projet…

SOURCE : LeFigaro