De Voynet à Hulot, t'as le look écolo pour la Présidentielle.
Si Nicolas Hulot s'est enfin porté candidat à l'élection présidentielle, il n'est finalement pas venu en sandales. Adoptant un costume gris anthracite et une chemise bleu pâle, l'animateur n'a guère fait preuve de panache vestimentaire.
Une première rupture avec la tradition écolo où l'on privilégie traditionnellement des tenues plus folklo ?
1974 : le pull rouge à col roulé de René Dumont (1,32%)
On est alors en plein « Gardarem lo Larzac », garçons aux cheveux longs et filles en robe indienne.
Et voilà que l'écologie politique débarque sur la scène politique française avec un slogan ultime : « A vous de choisir : l'utopie ou la mort », et surtout, surtout, le sous-pull (que les moins de 40 ans n'ont pas tous connu, en tergal, en coton, brillant, grattant, forcément moulant), que l'on retrouve surtout à l'époque chez les profs de droit, les administrateurs de maisons de la culture, et les situationnistes (cet article démarre à peine et déjà il y a débat sur ce qu'est un sous-pull).
L'image qui restera de René Dumont, cet agronome de 70 ans aux airs de Théodore Monod – d'ailleurs l'un de ses soutiens de marque –, est son pull rouge.
1981 : le costard en velours de Brice Lalonde (3,87%)
Le barbu débonnaire devenu ambassadeur de la France pour les négociations sur le climat a été appelé l'an dernier à l'ONU par Ban Ki-Moon pour préparer la prochaine conférence sur le développement durable, en juin 2012 . Il a bien changé depuis l'époque où il représentait ce qui n'était pas encore les Verts à l'élection présidentielle.
Il n'a que 35 ans quand il est choisi au nom de ses engagements comme syndicaliste étudiant, militant aux Amis de la Terre et « vélorutionnaire ». Il semble qu'il ait besoin de s'imposer face à des dissidences potentielles, comme celle du commandant Cousteau.
Lalonde affirme son style dans son livre « Sur la vague verte » :
« Où allons-nous ? Vers le pouvoir ! Ce n'est pas un mot sale, le pouvoir, c'est celui de faire quelque chose. »
Et quand il passe à la télé, c'est pour affirmer que « le mouvement écologiste a changé, a vieilli ». Le costume en velours et la cravate sont là pour nous en convaincre. Face un Gérard Bapt fringuant dans sa veste claire, Lalonde opte pour le créneau rasoir : pas le genre à partir en virée dans sa décapotable avec une blonde.
1988 : Antoine Waechter et le souci capillaire (3,78%)
Ah ! Antoine Waechter, ses costumes endimanchés, son port de premier communiant dans une France tontomaniaque, son teint frais de paysan du Sundgau. Waechter ne fait pas rêver les Français(es), et il fait ricaner dans son dos les journalistes car il n'assume pas sa calvitie. La mèche raide qui balaie son front sur le côté (un peu comme celle d'Hitler) n'est pas naturelle.
Il voulait faire entrer les Verts « dans la cour des grands ». Ils ont réussi sans lui. En 1994, il fera sécession avec son Mouvement Ecologiste Indépendant (MEI).
1995 : avec Voynet, c'est la fête aux couleurs (3,32%)
L'anesthésiste jurassienne a perdu les boucles de bergère de sa première apparition à la télé en 1983 (elle n'a que 27 ans) et ses coupes garçonnes blonde platine qui la menèrent jusqu'au gouvernement (en 1997).
La couleur variera régulièrement par la suite, mais Voynet reste sur cette ligne : toujours un temps d'avance, ou de retard, sur la tendance.
Avec ses tenues cuir/chemisier à fleurs/col Claudine, elle s'habille comme elle le sent, pas pour les autres. Lorsqu'elle se donne du mal, elle fait « dadame » et prend vingt ans dans la vue.
2002 : Mamère le gentleman farmer : 5,25%
Celui qui a finalement coiffé Alain Lipietz, initialement désigné par le parti, porte lui aussi la moustache, plus ou moins bien taillée, selon l'humeur. Sur le plateau d'Ardisson, on lui demande même si cet attribut est obligatoire pour être candidat.
L'ancien journaliste a laissé tomber ses chemises à carreaux, nous raconte Le Parisien de l'époque. Il passe à la chemise et au costume, mais garde quand même un petit look « gentleman farmer ». Gentiment bobo, cool quoi.
2007 : Bové, le look paysan (mais étudié)
Dominique, candidate officielle du parti, avec ses tenues (post)modernes, son aura d'ancienne ministre, pourrait désormais passer pour « establishment » à coté de José. Pourtant, contrairement à elle, il ne laisse rien au hasard : il a piqué la chemise à carreaux de Mamère et troqué le pull rouge de Dumont contre un tricot qu'on dirait fait main.
La moustache du syndicaliste paysan altermondialiste, emprisonné pour le démontage du McDo de Millau, lui vaut le surnom d'Astérix aux Etats-Unis et une méga-crédibilité en France. On le verrait jouer le maire-paysan, bourru mais sympa, dans la série « L'Instit ».
La division nuit à tout le monde : Voynet fait 1,57% et Bové 1,32%. Ce qui laisse augurer de ce qui pourrait arriver si Hulot, mécontent de ne pas être désigné, décidait d'y aller seul.
Et 2012 ?
La primaire devra trancher entre deux styles radicalement différents :
Blandine Grosjean et Sophie Verney-Caillat (merci à Etienne Manchette)
SOURCE : Rue89