Île d'Arros, de la fraude fiscale présumée à la réserve naturelle
La milliardaire a cédé ce petit bout de paradis pour la somme de 60 millions d'euros. L'îlot devrait devenir une réserve naturelle.
Liliane Bettencourt se sépare de son atoll de rêve. L'héritière française de L'Oréal a vendu à une entreprise enregistrée aux Seychelles, pour 60 millions de dollars, son île seychelloise D'Arros, qui était au coeur d'une affaire de fraude fiscale présumée la visant.
«Le groupe d'îles D'Arros a été acheté par Madame Bettencourt en décembre 1998, pour 18 millions de dollars», a précisé Christian Lionnet, le ministre seychellois de l'Aménagement du territoire et de l'Habitat. Après négociations avec ses avocats, la femme la plus riche de France a également accepté de verser à l'Etat seychellois la somme de huit millions de dollars, dus sur la transaction de 1998 et non payés à l'époque.
Une île qui avait éveillé les soupçons des enquêteurs en 2006
Ce groupe d'îles, qui comprend D'Arros et le petit atoll St-Joseph voisin, a été vendu à la compagnie Chelonia Ltd. Chelonia appartient à l'entreprise «Save Our Seas Ltd», enregistrée comme compagnie offshore aux Iles Vierges britanniques et chargée de gérer les biens de la fondation «Save Our Seas», basée à Genève.
Ce groupe d'île ne sera donc pas transformé en complexe touristique mais il devrait être proclamé «Réserve Naturelle». La Fondation Save our Seas, fondée en 2003, oeuvre en effet à «la protection des océans en finançant la recherche, l'éducation, la prise de conscience et les projets de conservation ciblant les menaces majeures sur l'environnement marin», selon son site internet.
Un beau projet environnemental pour cette île qui avait intrigué les enquêteurs français en 2006. C'est à cette date que Liliane Bettencourt avait fait placer l'île d'Arros dans une «Fondation pour l'équilibre écologique esthétique et humain», basée au Liechtenstein et l'avait dotée fin 2008 de 20 millions d'euros. Une opération menée dans le but présumé de régulariser la situation de l'archipel vis-a-vis du fisc français.
Les statuts de cette fondation prévoyaient de faire des donations à certains bénéficiaires, dont l'ami de longue date de la riche héritière, François-Marie Banier, et en cas de décès de celui-ci, son compagnon Martin d'Orgeval. Deux hommes qui ont été mis en examen le 14 décembre 2011, notamment pour abus de faiblesse à l'encontre de Liliane Bettencourt.