L'INADMISSIBLE AMJ BASHING... PAR RAPHAËL CONFIANT

amj3.jpgL'INADMISSIBLE AMJ BASHING... par Raphaël CONFIANT 

Si les dernières élections municipales en Martinique ont eu au moins un mérite, c’est celui d’avoir permis de révéler l’impensé d’un certain nombre de commentateurs, journalistes et autres blogueurs à l’endroit d’AMJ autrement dit Alfred Marie-Jeanne, leader du MIM (Mouvement Indépendantiste Martiniquais). En effet, on a assisté à une espèce de défoulement jubilatoire et particulièrement malsain à l’encontre de «Chaben» et cela chez certains qui jusque-là lui démontraient un respect ostentatoire confinant parfois à la vénération. Respect ostentatoire et vénération uniquement motivés par le fait qu’AMJ a volé de victoire en victoire depuis trois décennies (avec cependant un échec honorable aux élections municipales de Fort-de-France), son dernier coup de maître étant d’avoir réussi à se faire élire député dans une circonscription dans laquelle il n’avait aucune attache, celle du Centre-Atlantique.


A l’époque, comme beaucoup, j’avais jugé suicidaire politiquement pour lui d’abandonner son poste de député du Sud à Jean-Philippe Nilor pour se présenter dans ladite circonscription connaissant le chauvinisme, le localisme, voire le tribalisme des Martiniquais. Combien de maires, en effet, ont-ils réussi à se faire élire dans une commune dont ils ne sont pas natifs? Deux, oui, deux, au cours du demi-siècle écoulé : Aimé Césaire, natif de Basse-Pointe, à Fort-de-France et Rodolphe Désiré, natif de Saint-Pierre, au Marin (notons que près d’une trentaine d’années séparent ces deux élections!). Lors de ces municipales, par exemple, le candidat du PPM au Carbet, mais aussi les deux autres candidats, n’ont cessé de marteler le fait que Louis Boutrin n’est pas un «Carbétien de souche». Au Lamentin, si un candidat «n’a pas bu l’eau du Longvilliers», il n’a aucune chance, aussi intéressant et solide que soit son programme. Donc, AMJ, en se faisant élire député hors de chez lui, avait stupéfié à la fois ses partisans et ses adversaires. Tout le monde s’était alors mis à l’encenser, d’aucuns le voyant déjà à la tête de la future Collectivité de Martinique en 2015. Nos commentateurs, journalistes et autres blogueurs ont l’habitude, n’est-ce pas, d’être toujours du côté du plus fort. Je préfère ne pas qualifier semblable comportement sinon pour dire qu’il n’est pas loin de la veulerie.

Je ne suis pas membre du MIM et n’ai jamais été membre de ce parti pour lequel j’ai toutefois un grand respect. Cela me donne donc toute latitude pour m’indigner du véritable «AMJ bashing» auxquels se sont livrés et continuent de se livrer les médias à l’encontre du leader du MIM. On assiste en fait à une espèce de curée indécente qui reflète bien la peur panique qui git au fond de ces plumitifs et porteurs de micros quant à l’idée d’indépendance qu’incarne qu’on le veuille ou non AMJ. Quand ce dernier tient le haut du pavé, les «kapon» l’encensent, souvent au-delà du raisonnable, parce qu’ils ne peuvent faire autrement ; quand il chute ou plutôt quand ces messieurs-dames estiment qu’il a chuté, ils s’empressent de le piétiner. Sur RCI, il a été martelé que «Le mouvement indépendantiste est en net recul», sur MARTINIQUE 1è «qu’il a connu un sérieux revers», France-Antilles a été publié deux fois (sic) l’interview d’un maire écologiste demandant à «Marie-Jeanne de s’expliquer sur les élections à Saint-Anne» et le reste à l’avenant. Or, il suffit de prendre sa calculette et d’additionner les voix recueillies par le PPM-FSM-BATIR d’un côté et celles de l’Alliance MIM-RDM-PALIMA-CNCP de l’autre pour constater que la «défaite des patriotes» est toute relative. Autres exemples de mauvaise foi des médias : le fait de claironner que le PPM a conquis Fond Saint-Denis et Basse-Pointe tout en minimisant le fait que l’Alliance a gagné le Gros-Morne dont la population (et donc les électeurs) est plus nombreuse que celles des deux communes précédentes réunies; le fait aussi de laisser entendre que le nouveau maire de Rivière-Pilote quittera, quitterait, s’apprête à quitter etc…le MIM et cela en dépit des dénégations répétées de celui-ci.

Bref, de manipulations médiatiques en manipulations médiatiques, nos commentateurs, journalistes et autres blogueurs ont réussi à faire accroire à une grande partie de l’opinion martiniquaise qu’AMJ est un «has been» d’une part et un traitre à la cause patriotique d’autre part. Certes, l’affaire de Rivière-Pilote a été très mal gérée et n’étant pas membre du MIM, n’ayant jamais bu l’eau ni de la petite rivière Pilote ni de la grande rivière Pilote, je me garderai bien de m’immiscer dans cette querelle intrafamiliale, l’essentiel est que le nouveau maire ait déclaré haut et fort qu’il est et restera dans le camp patriotique. Dans la perspective de 2015, c’est cela qui importe et il appartiendra à AMJ de recoller les morceaux au plan pilotin. Quant à l’accusation de traitrise s’agissant des élections à Saint-Anne et de la défaite de Garcin Malsa, elle est tout simplement grotesque. D’ailleurs, messieurs les commentateurs, comment imaginer une seule seconde que les électeurs saintannais auraient pu suivre les consignes d’AMJ alors que les électeurs pilotins, ses propres concitoyens donc, ne l’ont pas fait et n’ont pas réélu Lucien Veilleur? Faudrait un minimum de logique tout de même dans vos petits raisonnements. En fait, comme il l’a déclaré, AMJ a apporté son soutien personnel (et non celui du MIM) au candidat Belmot et ce dernier n’a récolté qu’une petite centaine de voix. Or, Malsa, non seulement avait dès le premier tour perdu plus de 400 voix par rapport aux municipales de 2008, mais au second tour, il a été battu avec un écart 358 voix. Donc que Belmot se soit présenté ou pas n’aurait rien changé au résultat!

Certes, la défaite de Malsa est une catastrophe et ne saurait réjouir le membre actif et de l’ASSAUPAMAR et du MODEMAS que j’ai longtemps été. Mais comme pour Rivière-Pilote, il faut regarder les choses en face et se poser la question de savoir pourquoi AMJ n’a pas été suivi à Rivière-Pilote et pourquoi Malsa n’a pas été suivi à Saint-Anne. Voilà la seule question qui vaille! Si ces dirigeants respectés n’ont pas su convaincre leurs électeurs respectifs, c’est qu’il y a un problème et il y a urgence à identifier ce dernier afin de lui trouver une solution. Se quereller entre patriotes, accuser X ou Y de traitrise, n’a, en la circonstance présente aucun sens et ne fait que le jeu de ceux_et ils sont, hélas, nombreux– qui veulent que la Martinique continue à être un pays dominé. Il faudra certes des clarifications au sein de l’Alliance patriotique le moment venu, mais en ne se focalisant pas sur ces seules élections municipales puisque par exemple, il semblerait que le MODEMAS se soit écarté de ladite Alliance depuis plusieurs mois. Ainsi il n’apparait pas que ce parti ait soutenu Francis Carole à Fort-de-France, en tout cas pas à ma connaissance ou pas de manière officielle. Pourquoi cette dissension qui n’a rien à voir avec l’élection de Saint-Anne puisqu’elle lui ait bien antérieure?

On le voit donc, il est facile pour nos commentateurs, sans prendre en compte tous les paramètres de la situation politique ou plutôt en choisissant les paramètres qui les arrangent, de bastonner AMJ avec cette jubilation malsaine qui, je le répète, dénote chez eux la haine viscérale de l’indépendance. A nous de réagir et de ne pas leur laisser le champ libre. Je ne peux terminer sans évoquer la lamentable affaire GREEN PARROT : comment un seul Martiniquais peut-il penser une seule seconde qu’AMJ, homme d’une rectitude morale légendaire, ait pu profiter du marché de construction d’une école à la Dominique pour se servir? Croire pareille chose est tellement indigne, tellement scandaleux, que l’idée me vient parfois de quitter définitivement ce «pays» et ce «peuple».

Raphaël Confiant

SOURCE : MONTRAY KRÉYOL