Mahmoud Abbas à Washington

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Le défi Obama

Quatre mois après son installation à la Maison Blanche, le président Obama prend le dossier Proche-Orient en mains.

Les visites à Washington de Benjamin Netanyahu et de Mahmoud Abbas ont clarifié la position américaine, et cette fois-ci, sans ambages : c'est non à la colonisation israélienne en Cisjordanie occupée et oui à la création d'un État palestinien.


 


 Le malaise dans les milieux conservateurs israéliens est aisément imaginable. Netanyahu, par ailleurs voué à la surenchère par la kyrielle de partis religieux ou extrémistes de sa coalition, a été élu sur un programme exactement contraire, sur l'extension de la colonisation et sur le refus d'un État palestinien. La position du Premier ministre n'est guère confortable : il ne peut se permettre ni une crise avec les États-Unis ni une crise gouvernementale.
 Et tergiverser ne semble plus servir à rien. La promesse faite à Washington de démanteler les colonies « illégales » en Cisjordanie provoque tout au plus un haussement d'épaules : à peine détruits, ces établissements « sauvages » sont reconstruits. D'ailleurs, pour la communauté internationale, toute installation israélienne en Territoire palestinien, Jérusalem-Est compris, est illégale. Le temps du « droit de conquête » est révolu, la spoliation de terres non attribuées par traité, aussi.
 En s'opposant à Washington garant de sa sécurité, Israël joue gros. D'autant plus que les lobbies pro-israéliens aux Etats-Unis suivent la fracture qui existe entre républicains et démocrates. Après les « faucons » sous l'ère Bush, les « colombes » ont maintenant droit à la parole... et à l'influence. Outre-Atlantique, Netanyahu est désormais sans alliés de poids.
 Mais en abattant ses cartes, l'administration Obama prend aussi des risques. Le 4 juin au Caire, le président américain devrait tenir son discours de « réconciliation » avec le monde musulman et sans doute donner son appui au plan de paix de la Ligue Arabe, du moins dans les grandes lignes (la reconnaissance par les pays musulmans d'Israël dans ses frontières de 1967). Voilà qui plaira aux États arabes « modérés » et pro-occidentaux. Pas aux extrémistes qui ne survivent que par la confrontation permanente ! En commençant par ceux du Hamas.
 Ils ne sont pas les seuls. Le 7 juin, le Liban élit ses députés avec le risque de conforter le Hezbollah. Or qui dit Hezbollah, ajoute Syrie et Iran. Et cela à quelques jours de la présidentielle iranienne où l'extrémiste Ahmadinejad a de nouveau toutes ses chances. Enfin, pour ne rien faciliter, Mahmoud Abbas est sans autorité, affaibli par la reprise de la colonisation israélienne et le blocus de Gaza qui pèse jusqu'en Cisjordanie, sans oublier les divisions internes palestiniennes. La nouvelle route est, elle aussi, semée d'embûches. Comme si les mots « Paix » et « Proche-Orient » étaient à jamais des antonymes.
Source : JP Kiefer - DNA