Martinique : après 38 jours de grève

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Signature d'un accord de sortie de crise

20 000 personnes ont défilé samedi dans les rues de Foyal avant de se rendre en préfecture pour signer un accord de sortie de crise. Cet accord prévoit une augmentation de 200 € pour les bas salaires.

Quelque 20.000 manifestants ont marché et chanté dans les rues samedi 14 mars pour célébrer la fin de plus d'un mois de grève générale, après la signature d'un protocole de "sortie de crise" un peu plus tôt.
Un protocole de "sortie de crise" a été signé à la préfecture de Fort-de-France, en Martinique, mettant fin à la grève générale sur l'île, après 38 jours de mobilisation de la population contre "la vie chère et pour le pouvoir d'achat".
La signature, annoncée dès mercredi, a permis que la vie reprenne peu à peu. Depuis trois jours, les gens ont désinstallé les barrages en place et les entreprises ont pu relancer leurs activités.

Panser les plaies

Le document, paraphé par le "collectif du 5 février", l'Etat, les collectivités territoriales et les socio-professionnels, "est un accord sur la suspension du conflit mais le collectif se réserve le droit de relancer le mouvement si les accords signés ne sont pas respectés ou si les négociations encore en cours n'aboutissent pas", a indiqué Michel Monrose, le président du collectif.
Saluant devant l'assemblée présente en préfecture une "mobilisation remarquable et un fait sans précédent" dans l'histoire de la Martinique, il a été applaudi par les membres du collectif et même par les socio-professionnels qui ont fini par se lever, malgré une certaine amertume après 38 jours de grève générale.
"Les semaines et les mois à venir vont être très difficiles et il va falloir panser les plaies pour limiter la casse. Je suis très inquiet mais j'espère me tromper", a ainsi déclaré Patrick Lecurieux-Durival, président du Medef Martinique.

Délivrance

"Satisfait" de cette sortie de crise, Alexandre Richol, président de la CGPME (Confédération Générale des Petites et Moyennes Entreprises) prédit néanmoins "des dommages collatéraux" pour les entreprises martiniquaises.
Afin d'accompagner les membres du collectif jusqu'à la signature finale et la "viktwa" (victoire), comme ils l'ont chanté à travers les rues de Fort-de-France, entre 7.000 et 15.000 manifestants, selon les sources, avaient défilé dans les rues de Fort-de-France pendant une heure et demie samedi.
"C'est un soulagement, une délivrance même si le combat a été long et le travail âpre", se félicitait Jean-Marc Brulu, l'un des hommes au tee-shirt noir qui encadrent la manifestation et font avancer la foule par de grands gestes.
Malgré la levée de la grève, des négociations vont se poursuivre en préfecture jusqu'au 27 mars sur certains dossiers comme l'eau, les minima sociaux, les retraites ou l'agriculture.

Problème du chômage

Premier à signer "l'accord de sortie de crise", Ange Mancini, le préfet de Martinique a évoqué "un mouvement d'une ampleur sociétale sans précédent qui fait que rien ne sera plus comme avant", se réjouissant que "le dialogue parfois vif (n'ait) jamais été interrompu". "Même si rien n'est encore mis en place", il a également rappelé la tenue prochaine des Etats-Généraux de l'Outre-Mer, normalement en avril en Martinique, qu'il envisage "comme un aboutissement du travail fait avec le collectif".
Partie prenante de la plupart des négociations depuis cinq semaines, les élus veulent désormais se tourner vers l'avenir.
"Je souhaite une ambition collective, celle du dépassement, y compris de l'opposition des races, afin d'arriver à une société de progrès, capable d'entrer dans le troisième millénaire de façon durable. Il faut dépouiller notre société de tous les stigmates d'une économie de comptoir", a lancé, en préfecture, Serge Letchimy, député-maire socialiste de Fort-de-France.
Il a aussi lourdement insisté sur l'importance de trouver des solutions au problème du chômage des jeunes Martiniquais de moins de 25 ans, "50% et jusqu'à 73% dans certaines communes": "nous devrons absolument trouver des financements pour ne pas laisser nos enfants sur le bord de la route". (avec AP)