Moris: 28 oktok 2008

photoilemauricesega.jpgDe Bannzil kreol, lancée à Ste-Lucie en 1981, à l'International Organisation of Creole People : que de chemin parcouru. Quinze millions de personnes à travers le monde célèbrent le kreol. Plus particulièrement à l'occasion de la Zourne Internasyonal Langaz et Kiltir Kreol (le 28 octobre dechaque année). Dans la durée aux Seychelles avec une Semenn Kreol ; et un Festival Kreol d'abord à Rodrigues et aujourd'hui à Maurice.
 
Ici depuis, les Kreol-Morisyen se sont réappropriés cette Zourne pour dire leur douleur, leurs revendications, leurs attentes, leur espérance.

De Carthagène en Colombie aux faubourgs et villages de notre pays, la diaspora des descendants d'esclaves et de divers métissages, cette population principalement créole vit dans la même marginalité, la même exclusion du développement.

De prise de conscience en prise de conscience, on est passé à Maurice du malaise, de la désespérance à l'espérance. Une espérance dans l'éducation qui permettra d'avoir un emploi, d'ouvrir des portes résolument fermées, de bouger dans l'échelle sociale.
Mais en ces jours de fort taux de chômage, des hommes et des femmes se ruinent, se suicident dans l'alcool alors que l'école est peu accueillante pour les enfants des ghettos et des régions-la-misère et on leur prédit à l'occasion des jours sombres, tel ce maître d'école du primaire qui a lancé à des élèves : " Zot, zot pou fini deryer baro.
" Comment voulez-vous dans ces conditions que ces enfants progressent à l'école ? Jimmy Harmon, directeur du projet Prevokbec (écoles pré-vocationnelles de l'église catholique), qui vient de publier un ouvrage sur l'espérance créole est convaincu que le kreol à l'école va permettre à l'enfant créole d'avancer. Il fait ressortir ceci dans La Vie Catholique (24-30 octobre 2008) : " Mo tenir a salye bann dimounn ki finn lite pour amenn Oriental Languages dan lekol. Intelektyel indou finn zwe rol ki bizin. Sa li finn zwe boukou dan konstriksion idantite bann Indou. Zordi, zanfan indou, mizilman, sinwa ena liberte pou exers so swa lingwistik ek kiltirel.
Li pa leka pou zanfan kreol. Li devwar enn Leta ofer tou zanfan morisien posibilite etidye so langaz. Lib pou paran pou swazir si so zanfan bizin fer Kreol Morisien ou pa. Pou ledikasion katolik li enn kestion ki tous fondasion nou bann core values. Nou ki for dan Katesis ek moral values, li interpel nou lor nou plas dan konstriksion tou zanfan morisien. Ek nou pa bizin per, li vedir osi ki nou responsabilite kouma edikater ek enn institisyon divan zanfan ki Kreol. "

Il poursuit : " Explik-mwa kifer lor 27 lekol ZEP toule 26 zot lekol gouvernman ek zot trouv dan landrwa kot ena zanfan kreol. Ki manier ou explike ki bann zanfan kreol resi zot ledikasion kan zot dan lekol Père Laval RCA avec 62 % PASS ? "

C'est pourquoi l'école complémentaire initiée par Jean-Noël Adolphe et un groupe de volontaires a un rôle majeur à jouer en la circonstance dans ces zones d'éducation prioritaire en proposant une implantation dans ces régions et des compléments à l'enseignement ( ?) reçu à l'école.

Le pôle Education retient également toute l'attention du président de la Fédération des Créoles Mauriciens, le père Jocelyn Grégoire, qui avec la FCM se sont fixé quatre objectifs à savoir l'empowerment par l'éducation ; l'entraide et la solidarité au sein de la communauté créole ; une culture de l'épargne accrue chez les Kreol-Morisyen, " tout en les poussant à réduire leurs dépenses inutiles " ; et la promotion de l'entrepreneuriat " en encourageant les Créoles à lancer leur propre entreprise ".

On ne peut rester prisonnier du passé. Il faut en finir avec les invectives contre l'Eglise catholique. Aujourd'hui l'Eglise catholique soutient résolument la cause créole, devenue " cause nationale ". D'ailleurs le vicaire général du diocèse catholique, Jean-Maurice Labour, a marqué de sa présence et d'un discours sans ambages le premier anniversaire de la Fédération des Créoles Mauriciens au Champ de Mars, conscient que " c'est pour la dignité des Créoles qu'il faut lutter ".

Pour le vicaire général du diocèse de Port-Louis dans un éditorial : " De la désespérance à l'espérance, du défaitisme à l'empowerment, du malaise marginalisé à une cause nationale, tels sont les passages vécus par le monde créole mauricien depuis une trentaine d'années.
 
Une souffrance vécue dans le silence a pris son temps pour se dire, au départ avec ses maladresses, puis a gagné en maturité. (.). La question créole a habité les forums publics depuis de longues années. (...) La cause est désormais nationale ".

La Zourne Internasyonal Langaz ek Kiltir Kreol 2008 avec ses meetings, ses forums ; ses prises de parole et de concience propose aux Kreol-Morisyen une formidable ouverture vers le futur. Avec pour perspective et outil, le Kreol de la réussite et finalité des résultats heureux.

Jean-Clément Cangy