Doté d’un statut particulier en tant que territoire américain non incorporé, Porto Rico a reçu mardi 14 juin 2011 la visite de Barack Obama, la première d’un président des Etats-Unis depuis 50 ans. Le locataire de la Maison Blanche est prêt à appuyer un référendum visant à changer le statut de l’île. En contrepartie, il veut s’assurer du soutien de la diaspora portoricaine à l’élection de 2012.
Comme il l’avait promis sur place lors de la campagne électorale de 2008, Barack Obama est revenu à Porto Rico, devenant ainsi le premier président des Etats-Unis en exercice à se rendre à San Juan depuis John F. Kennedy en décembre 1961, au moment des tensions avec Cuba. Considérée par certains comme le 51e Etat américain, l’île des Caraïbes ne jouit cependant pas du même statut qu’Hawaï, l’archipel du Pacifique où Obama a vu le jour, le dernier Etat à avoir rejoint l’Union (en août 1959).
Statut particulier
Conquis en 1898 à l’issue de la guerre hispano-américaine, Porto Rico est bien un territoire américain mais c’est un Etat non-incorporé. Cela signifie que le président des Etats-Unis en est le chef de l’exécutif et que la Constitution américaine y est appliquée. Chaque Portoricain dispose d’ailleurs d’un passeport américain et peut servir dans l’armée US. En revanche, en tant qu’« Etat libre associé aux Etats-Unis », Porto Rico n’est pas représenté au Congrès américain et ses habitants n’ont pas le droit de vote aux élections nationales. Le Parti démocrate autorise néanmoins les Portoricains à participer à sa primaire, d’où la visite d’Obama et de sa rivale d’alors, Hillary Clinton, en 2008.
Les 3,8 millions d’habitants de l’île ne sont pas soumis à l’impôt fédéral et les entreprises y bénéficient d’une fiscalité allégée (pas plus de 4% de taxe sur les bénéfices), une façon de compenser un niveau de vie plus faible avec des salaires entre 20% et 35% inférieurs à ceux pratiqués sur le continent malgré des subsides annuels de plusieurs milliards de dollars versés en subventions diverses. Dépendant du tourisme, Porto Rico a subi de plein fouet les effets de la crise économique avec un taux de chômage certes inférieur à celui de la région Caraïbes mais largement supérieur à la moyenne nationale américaine (16,2% contre 9,1%).
C’est donc un peu d’espoir et de reconnaissance qu’est venu apporter Barack Obama à l’occasion d’une visite qui, bien entendu, est loin d’être désintéressée à dix-sept mois de l’élection présidentielle de 2012. Il y a en effet plus de Portoricains – 4 millions – à résider sur le continent que sur l’île, et ceux-là ont le droit de vote à chaque élection. De surcroît, ils sont en majorité basés à New York et en Floride, cette dernière étant l’un de ces « swing states » où l’écart entre le candidat républicain et démocrate est souvent très faible.
Enjeu électoral
A présent qu’il a tenu sa promesse de revenir en visite, le président Obama en a fait une autre : soutenir la décision des Portoricains d’organiser une consultation électorale sur le statut de leur île, vote qui pourrait se dérouler fin 2012 ou début 2013. Son administration a proposé un référendum en deux phases. La première servirait à déterminer si la population est prête à un changement de statut et la deuxième définirait les conditions de ce changement : acquérir l’indépendance, devenir un Etat américain à part entière ou garder sa souveraineté associée aux Etats-Unis.
Ce ne serait pas la première fois que la population serait consultée sur le sujet. En 1967, 1993 et 1998, elle s’était prononcée pour le statu quo et rien ne dit qu’elle ne fasse pas de même une nouvelle fois car les avis sont très partagés sur la question du statut. En l’état actuel des choses, on peut se demander ce qu’aurait à gagner Porto Rico en devenant indépendant. Et l'accession au statut d'Etat de l'Union n'a pas que des partisans.
SOURCE : RFI