Les nouvelles exigences d'Al-Qaïda au Maghreb Islamique
Les quatre otages français enlevés il y a plus de sept mois au Niger "supplient" Nicolas Sarkozy de retirer les troupes françaises d'Afghanistan dans une vidéo diffusée par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), une demande immédiatement repoussée par Paris
En fin de semaine dernière, une source proche de la médiation en cours avait déjà répété qu'Aqmi exigeait le départ des soldats français d'Afghanistan en plus d'une demande de rançon de 90 millions d'euros, formulée en mars et rejetée par la France.
La France ne se fera pas dicter sa politique par "des preneurs d'otages", a répondu mercredi le ministre des Affaires européennes Laurent Wauquiez après la diffusion de la vidéo - une première pour ces quatre otages - de 3'36" montrant successivement des photos des quatre otages.
Le porte-parole du gouvernement François Baroin a ensuite assuré que "la France met tout en oeuvre pour libérer nos otages".
Sur la vidéo, Pierre Legrand, Daniel Larribe, Thierry Dol et Marc Feret, entourés d'hommes armés, prononcent tour à tour le même texte à quelques mots près : "Nous supplions le président de la République française Nicolas Sarkozy de répondre favorablement à la demande d'Al-Qaïda de retirer les troupes françaises d'Afghanistan. Parce que les Français n'ont vraiment aucun intérêt dans la guerre en Afghanistan".
Les enregistrements, recueillis par le centre américain de surveillance des sites islamistes (SITE), datent des 11, 12 ou 13 avril, selon ce qu'affirment les otages en se présentant.
"L'expertise de ce document est en cours", a dit Bernard Valero, porte-parole du Quai d'Orsay. "Nous avons contacté ce matin les familles de nos compatriotes retenus en otages au Sahel, auxquelles nous avons réitéré la mobilisation permanente de tous les services de l'Etat pour obtenir la libération de leurs proches", a-t-il ajouté.
Ces quatre hommes avaient été enlevés avec trois autres personnes le 16 septembre 2010 à Arlit, site d'extraction d'uranium du nord du Niger : au total un cadre du groupe nucléaire Areva et son épouse, tous deux Français, et cinq employés (trois Français, un Togolais et un Malgache) de son sous-traitant Satom.
Le 24 février, la libération de la Française, du Togolais et du Malgache avait été interprétée comme une volonté de négocier d'Aqmi, qui a fait allégeance à Al-Qaïda et à son chef Oussama ben Laden.
En fin de semaine dernière, une source proche de la médiation en cours avait déjà répété qu'Aqmi exigeait le départ des soldats français d'Afghanistan en plus d'une rançon de 90 millions d'euros, formulée en mars et rejetée par la France.
Fin septembre, deux semaines après leur rapt à Arlit, Aqmi avait mis en ligne une photo et un enregistrement audio des sept otages.
A plusieurs reprises, Al-Qaïda a demandé le retrait d'Afghanistan des troupes françaises en échange de la libération des otages. La France compte 3.800 soldats en Afghanistan, le troisième contingent derrière les Etats-Unis et la Grande-Bretagne.
Selon l'universitaire Jean-Pierre Filiu, auteur de "La Véritable histoire d'Al-Qaida" (Pluriel), "la diffusion de cet enregistrement confirme la détermination d'AQMI à se situer dans une logique de jihad global, en phase avec les orientations de la direction d'Al-Qaida, réfugiée dans les zones tribales du Pakistan".
"L'objectif stratégique, ajoute-t-il, est toujours de contraindre la France à une intervention directe, dans une dynamique d'escalade militaire dont Aqmi espère tirer profit, alors qu'elle s'est avérée incapable ces derniers mois de mener des opérations d'importance en Mauritanie, au Mali ou au Niger".
Louis Caprioli, de la société Géos et ancien spécialiste du terrorisme au contre-espionnage français, a expliqué à l'AFP que les ravisseurs "maîtrisent le temps : enlèvement, revendication, référence à Al-Qaïda, exigences financière et politiques
SOURCE : AFP
Lien VIDEO : http://www.youtube.com/watch?v=3n-_U5MrrWI&feature=player_embedded