PARADIS FISCAUX - BNP Paribas brocardée par l'ex-juge Eva Joly

Eva Joly demande des comptes à BNP - Paribas.evajoly.jpg 

L'eurodéputée franco-norvégienne Eva Joly (Europe-Ecologie) a interpellé vendredi BNP Paribas sur sa présence dans les paradis fiscaux et souhaité savoir ce que la banque française «a gagné», notamment dans ses «21 filiales aux Iles Caïman».

 L'euro-députée, au cours de l'Université d'été d'Europe Écologie, a brocardé la banque française en lui demandant des explications quant à sa présence dans les paradis fiscaux.

«189 filiales dans les paradis fiscaux»

«La BNP n'a pas été choisie au hasard. Dans notretravail sur l'Afrique, nous avons vu trop souvent la BNP impliquée dans desmontages sur le pétrole qui permettaient aux chefs d'Etat de dégager des fondsdans leurs propres comptes ouverts dans les paradis fiscaux», a expliquél'ancienne juge anti-corruption, lors d'une conférence de presse durant lesJournées d'été des Verts et Europe-Ecologie à Nîmes. «Nous souhaitons savoirpour la BNP ce qu'elle a gagné dans ses deux filiales à Chypre, dans les 27filiales au Luxembourg, dans les 21 filiales au Iles Caïman», a-t-elleajouté. L'eurodéputé Pascal Canfin a estimé que BNP Paribas, «la banquefrançaise qui a le plus de filiales - 189 - dans les paradis fiscaux et qui areçu 5 milliards d'aides publiques», devait «justifier de sonactivité».

Pas de commentaire

BNP Paribas s'est refusé à tout commentaire, renvoyantaux déclarations de son directeur général Baudouin Prot lors de la présentationdes résultats trimestriels de la banque, le 4 août. Il avait alors affirmé quela banque appliquait des normes «sévères» en matière de «respect desréglementations contre le blanchiment et le terrorisme» dans l'ensemble despays où le groupe est actif. Il avait également mentionné les propositionsformulées fin mai par la Fédération bancaire française (FBF), parmi lesquellesla transparence des implantations et la «proactivité dans la coopérationinternationale». Mais la FBF n'avait pas délimité le champ d'application deces règles, jugeant «pratiquement inutilisable» la liste «grise»des pays non coopératifs en matière fiscale établie par l'OCDE, qui compte 36pays, dont la Suisse et l'Autriche.

Une loi votée en juin va obliger les banques françaisesà publier des informations sur leurs implantations et leurs activités dans lespays non-coopératifs en matière fiscale. Un arrêté ministériel est attendu à larentrée pour préciser la liste des Etats ou territoires concernés. Eva Joly asouhaité que «les députés Verts français déposent une proposition de loi quioblige les multinationales à déclarer les revenus pays par pays».

«En attendant, Europe-Ecologie va prendrel'initiative d'interpeller ces multinationales», a déclaré la présidente dela commission développement au Parlement européen, souhaitant la «créationd'une commission d'enquête chargée d'établir le rôle des paradis fiscaux enmatière de développement». Il faut également «essayer d'attaquer sur leplan juridique les paradis fiscaux» en jouant sur la «concurrencedéloyale pour les Etats qui cherchent à lever les impôts», a expliquéPascal Canfin.

(Source AFP)