SOS MARTINIQUE INNOVANTE
Adresse ouverte au Comité directeur de Contact-Entreprises et aux Chefs d'entreprise de la Martinique, de la Guadeloupe et de la Guyane
Il y a deux manières de lire les derniers chiffres rendus publics par les oracles de l’IEDOM et l’INSEE. La première serait, comme le fait Contact-Entreprises, de nous considérer encayés dans une crise dont le fond ne serait pas visible.
De cette lucidité, glisser au lamento : Europe en panne, État en panne, collectivités locales en panne et dieu de la croissance atteint de malcadi… Le remède ? Retour de la confiance entre le monde politique et celui de l’entreprise : moteur de tout sursaut économique et des emplois qui vont avec. Tout cela est très louable.
Mais il existe une autre lecture. Elle serait de se dire que ces chiffres n’expriment que l’obligation d’inventer une nouvelle espérance : d’ouvrir un lasotè sur d’autres d’horizons. Qu’ils n’attestent nullement de l’absence de chemin ou de voie praticable, mais que nous sommes enjoints d’abandonner toutes les passes et impasses qui jusqu’alors nous ont servi de route et de déroute. En clair : sommés de plus d’intelligence, de créativité, de radicale innovation.
L’Europe est en panne ? Laquelle ? Celle des technocrates, des financiers, des sauvageries du dieu de la croissance, des banques et du Marché ? Parfait : menons ce combat politique pour une Europe d’économie plurielle, solidaire et sociale ; une Europe de partage pour laquelle les tristes critères du PIB seraient mis sous tutelle des vraies valeurs humaines.
L’État est en panne ? Lequel ? Celui qui se retrouve asservi par les hystéries de l’ultralibéralisme dont il fut le trop zélé servant et le partenaire dérisoire ? Parfait. Menons ce combat politique pour un Etat d’investissement culturel, social, solidaire, éthique et équitable. Un Etat soucieux du service public, capable de dompter la finance et d’ordonner aux banques, et pour lequel l’économie ne constituerait plus sa propre finalité, ni le panier à crabes d’une course aux profits, mais un vaillant vecteur au service de l’humain.
Les collectivités locales sont en panne ? Lesquelles ? Celles qui sont restées soumises au tocsin des urgences, acculées à gérer la paupérisation galopante, les faits et les méfaits d’un capitalisme totalitaire, lequel génère chez nous passivité, assistanat, débrouillardise involutive et dépendance mentale ? Parfait. Alors, ordonnons que l’Assemblée unique à venir abandonne toute logique de gestion, tout syndrome de guichet, et qu’elle se définisse dans et par les exigences d’une autonomie de la pensée, de la conception, de l’auto-organisation. Qu’elle s’inscrive dans l’autorité d’une gouvernance par faisceaux de projets capables d’ouvrir à des espaces de souveraineté.
Et la confiance ? Hélas, la demander de suffit pas, la décréter relèverait du magique. On la déclenche en soi et on se lève avec. Pratiquons-là tout de suite ! Mettons nos entreprises au cœur de nos projets et de nos innovations : je vous appelle à participer aux grands projets structurants mis en branle dans le Grand Saint-Pierre et dans L’Embellie Trois Ilets. Il y a là, autour du culturel, un champ ouvert pour l’audace, l’innovation, l’imagination ; pour l’économie sociale et solidaire ; pour l’esprit de coopérative, de solidarité, de mutuelles productives et d’associations. Mille opportunités pour des services de proximité, ou pour l’exploration des énergies nouvelles et des NTIC. Une zone franche renforcée pour entreprises citoyennes, entreprises écologiques, entreprises des prestations de haute nécessité. Mille perspectives de Grands travaux dans le culturel, dans les infrastructures urbaines, dans le patrimonial, dans le mémoriel, dans l’environnemental, dans la pêche qualitative et l’agriculture biologique. Mille possibles dans un tourisme qui soit vraiment de relation à l’Autre. Ces Grands travaux devraient non seulement susciter emplois et formations variés, lutter contre les drames du chômage de nos jeunes et de leur mise hors dignité, mais ils enclencheront des poétiques précieuses contre la passivité : confiance en soi, confiance en nous, désir de faire, plaisir d’imaginer, passion d’entreprendre, envie de fasciner la chance, expressions créatrices, investissements communs dans la matière d’un rêve, d’une esthétique ou dans l’élan d’un idéal… Les gens de Saint-Pierre et des Trois Ilets ont des projets et des idées, apportez-leur les vôtres. Ils ont la volonté de dynamiser leur commune et leur ville : apportez-leur votre parrainage, votre expérience, votre esprit d’entreprendre. Rejoignez-les, faites-leur confiance, faites-vous confiance : maintenant !
Patrick CHAMOISEAU