A 63 ans, Pauline MAROIS devient la première femme Première Ministre
et... échappe à un attentat lors de son discours
La chef du PQ Pauline Marois, 63 ans, va former le prochain gouvernement et devenir ainsi la première femme Première ministre de l’histoire de la Belle province.
A l’annonce donnée d’abord par TVA, les partisans du PQ ont laissé éclater leur joie, agitant des drapeaux fleurdelisés du Québec dans une salle de concert de Montréal où Mme Marois doit plus tard prendre la parole.
L’ampleur exacte de la victoire de Mme Marois restait toutefois inconnue en milieu de soirée : il n'était pas encore clair si la formation souverainiste allait décrocher une majorité parlementaire ou si elle devra se contenter d’un gouvernement minoritaire.
Les Québécois, qui devaient élire leurs 125 députés provinciaux, étaient animés par un fort désir d’alternance, au point de donner au scrutin des allures de référendum contre Jean Charest, le Premier ministre sortant, chef du Parti libéral du Québec (PLQ).
Les résultats définitifs devaient être connus seulement en fin de soirée, compte tenu d'écarts très réduits entre les trois principaux partis en lice dans une quarantaine de circonscriptions.
Les commentaires recueillis au hasard parmi les électeurs devant des bureaux de vote semblaient confirmer que beaucoup souhaitaient surtout le départ des libéraux de Jean Charest, au pouvoir depuis 2003.
«J’espère qu’on va se débarrasser de l’ancien gouvernement, il est plus que temps de le faire», déclare Daniel Peterkin, devant un bureau de vote du centre de Montréal.
Une quadragénaire venue avec une pancarte appelant à «voter avec le coeur» rêve d’un Québec indépendant, «un petit pays plus facile à gérer» et plus apte à garder ses ressources naturelles.
Derrière elle, Thérèse Boily, une grand-mère d’origine française, est sceptique. «Indépendance ? Plus ou moins, je ne suis pas tellement pour ça. Habituellement, on change pour pire».
Il n’empêche que les libéraux ont recueilli bien plus de voix que ce que laissaient prévoir les sondages et qu’ils semblaient en bonne voie pour obtenir le statut de l’opposition officielle, la Coalition Avenir Québec (CAQ, centre-droit) de François Legault s’acheminant vers la troisième place.
Près de six millions d'électeurs - dont un million avaient voté par anticipation - étaient appelés à se prononcer lors d’un scrutin uninominal à un tour.
La campagne électorale a porté sur les grands enjeux de la vie de la province, en premier lieu l'économie et l’emploi, les services de santé et la nécessité de combattre la corruption, cheval de bataille de la CAQ, dont le gouvernement libéral sortant est soupçonné, sans que cela ait jamais été prouvé devant les tribunaux.
Elle a été marquée aussi par la résurgence du débat sur l’indépendance du Québec. Celle-ci est un élément essentiel de l’identité du Parti Québécois de Pauline Marois, qui se garde toutefois d’annoncer la tenue d’un troisième référendum, après les échecs précédents de 1980 et 1995.
Enfin, le conflit étudiant sur la hausse des frais de scolarité décidée par les libéraux a cristallisé l’opposition entre le PQ, qui avait pris fait et cause pour les jeunes - et compte en retirer un bénéfice électoral - et les libéraux, favorables à la hausse et flétrissant l’appui des indépendantistes aux étudiants en grève, au nom du droit d’accès à l'éducation.
La dirigeante du parti indépendantiste s'exprimait peu après sa victoire aux législatives, avec 32 % des voix. La police de Montréal a annoncé dans la nuit de lundi à mardi le décès d’une personne, atteinte par balles pendant le discours de victoire que prononçait la nouvelle Première ministre québécoise, Pauline Marois, dans une salle de concert de Montréal. «Événement au Métropolis: une personne est décédée», ont indiqué les services de police de Montréal sur Twitter. Une autre personne est dans un état critique. L’agresseur présumé avait en outre tenté de mettre le feu à la salle de concert au moment où Pauline Marois célébrait le retour au pouvoir des indépendantistes québécois après une éclipse de neuf ans. Le discours de victoire de la nouvelle Première ministre du Québec Pauline Marois avait été interrompu mardi soir à Montréal par ses gardes du corps qui l’ont évacuée manu militari en quelques secondes du podium d’une salle de concert. L’intervention de ces policiers chargés de sa protection a suivi de près un incident grave lors duquel un homme a ouvert le feu à l’intérieur de cette salle de concert, Métropolis, blessant grièvement deux personnes qui sont en état critique, a indiqué la police de Montréal. Le même homme a ensuite mis le feu à un endroit proche de la salle de concert et a été arrêté par des policiers se trouvant à proximité. Une arme à feu a été saisie. Filmé au moment de son interpellation, il a crié, avec un fort accent anglais «Les Anglais se réveillent». Il a ajouté en anglais, selon des journalistes canadiens sur place : «on va vous rendre la monnaie de la pièce». Cet incident est survenu au moment où Pauline Marois venait de déclarer que «l’avenir du Québec, c’est de devenir un pays souverain». La police a plus tard indiqué que les tirs de l’agresseur présumé avaient fait un mort, décédé sur place, et un blessé qui est dans un état grave. L’homme, âgé d’une cinquantaine d’années, avait pénétré dans «le vestibule arrière» du Métropolis avant de sortir et de tenter de mettre le feu à une porte, ont précisé les policiers, disant avoir retrouvé «plus d’une arme» Thomas Gerbet, un journaliste de Radio-Canada, a assisté à l’arrestation du tireur, dans la ruelle à l’arrière du Métropolis. Un homme aux propos confus a été plaqué à terre. «Il portait une cagoule noire très fine. Il y avait un long fusil à terre.» Certains membres de la communauté anglophone de Québec craignent que l’arrivée au pouvoir des indépendantiste puisse avoir des conséquences négatives sur leur statut. Les indépendantistes de retour au pouvoir Usé par neuf années au pouvoir, des soupçons de corruption et une contestation étudiante monstre au printemps, le leader libéral n’a eu de cesse durant les derniers jours de la campagne d’agiter le torchon rouge de l’indépendance et du «chaos» qu’elle pourrait entraîner. Après une interruption de quelques minutes, Pauline Marois est revenue sur le podium pour calmer le public et conclure rapidement son discours, alors que la confusion et la tristesse ont succédé à la liesse ayant régné pendant la première partie de la soirée. Dans la première partie de son allocution, Pauline Marois avait lancé un appel au rassemblement, s’adressant également à l’opposition: «Demain matin, nous aurons tous à travailler les uns avec les autres. Nous allons travailler tous les uns avec les autres pour servir les Québécois et les Québécoises». A Ottawa, le Premier ministre canadien, Stephen Harper, a salué l'élection de Pauline Marois, tout en critiquant ses visées indépendantistes. «Nous ne croyons pas que les Québécois veuillent rouvrir les vieilles chicanes (disputes) constitutionnelles du passé», a déclaré le dirigeant conservateur. Marge de manoeuvre limitée Le PQ reprend le pouvoir à la tête de la province francophone après une éclipse de neuf ans, et Pauline Marois devient la première femme chef de gouvernement de l’histoire de la Belle province. Elle devra diriger un gouvernement minoritaire, sans pouvoir s’appuyer sur une majorité parlementaire. Pour y parvenir, elle devrait avoir au moins 63 députés dans une assemblée comptant 125 membres. Selon les dernières projections, les indépendantistes et les libéraux sont presque à égalité en nombre de voix, obtenant entre 31% et 32% des suffrages. Mais, en raison du système uninominal majoritaire à un tour, le PQ obtient 54 sièges, le Parti libéral du Premier ministre sortant Jean Charest en a 50, et la Coalition Avenir Québec de François Legault 19. Les deux sièges restants vont aux animateurs d’un petit parti souverainiste de gauche, Québec solidaire. Les électeurs québécois étaient animés par un fort désir d’alternance, au point de donner au scrutin des allures de référendum contre Jean Charest. Le Premier ministre sortant, battu dans son fief de Sherbrooke où il était élu depuis 28 ans, a déclaré «assumer la responsabilité du résultat de ce soir». Mais il a laissé entendre qu’il pourrait ne pas démissionner de la direction du parti, contrairement aux prévisions de plusieurs politologues. «Je vous dis qu’il y aura d’autres rendez-vous. Nous avons du travail à terminer», a-t-il lancé. (AFP)