Respect !

Trop c'est trop Monsieur SAVANNAH !

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Charles Savannah vous connaissez ?  C'est le patronyme d'un  illustre inconnu qui se permet, une fois de plus, de mettre en ligne des propos scandaleux sur notre pays, se permettant de fustiger les représentants démocratiquement élus par le peuple martiniquais qu'il qualifie de "pseudo-peuple". 

Même s'il s'agit là, des derniers soubresauts de la bête, à la veille de l'aboutissement d'une revendication légitime des Martiniquais, nous ne pouvons tolérer d'être traités de fascistes par cet énergumène.  



 



 


"Au moment où le Congrès vient d’opter pour l’article 74 et où les indépendantistes se frottent les mains, pensant pouvoir enfin accéder à l’Indépendance, il serait bon de rappeler quelques vérités.


La première de toutes est le nationalisme est un fascisme 

La seconde est qu’avant de demander d’autres pouvoirs, il faudrait pour le moins faire l’inventaire de ce qui a été fait, de ce qui est fait. 

La troisième est d’avoir un programme qui puisse être fait d’autre chose que d’une perspective idéologique d’indépendance. 


Subordonner toutes les activités de l’homme à la création d’un pseudo peuple est de l’ordre de la manipulation et du fantasme." 

UN chat reste un chat

par Charles Savannah

 

 

De quelques véritésAu moment où le Congrès vient d’opter pour l’article 74 et où les indépendantistes se frottent les mains, pensant pouvoir enfin accéder à l’Indépendance, il serait bon de rappeler quelques vérités.

 

La première de toutes est que le nationalisme est un fascisme.

 

L’histoire nous a montré combien les nationalistes et les fascistes adhèrent aux mêmes valeurs : racisme, travail, patrie, famille… Par un conflit de visibilité, les nationalistes martiniquais ont pu sembler occuper la première place du paysage politique de notre île. Les explications en sont multiples1 même s’il importe peu au fond d’expliquer un phénomène qu’il vaut mieux dénoncer et pointer du doigt dès qu’il apparaît.

 

Il est frappant de voir comment ce nationalisme se manifeste – et en quoi il se distingue d’une véritable lutte anticoloniale qui n’existe d’ailleurs plus au sens de celle des années 702… Alors que la lutte contre le colonialisme revendique le même respect et la même dignité pour les travailleurs martiniquais et métropolitains3, que si l’on revendique des spécificités, c’est dans le respect de la démocratie et de la loi républicaine, contre toute forme d’oppression, il est frappant de constater que le discours indépendantiste est avant tout un discours raciste – dans les années 2005 – certains ont tenté de réitérer la formule césairienne du « génocide par substitution », à propos de l’entrée en Martinique de quelques 20 professeurs titulaires métropolitains. Certains militants de la CSTM sont même intervenus avec haine et brutalité au rectorat, lors de l’accueil des nouveaux – antillais et métropolitains – tentant d’intimider les collègues français de l’hexagone, dont les conjoints de professeurs martiniquais. Cette haine – feinte parfois mais hélas trop souvent réelle – de l’autre et du blanc différencie radicalement les démocrates humanistes martiniquais des nationalistes indépendantistes qui camouflent leur fascisme derrière une pseudo défense des martiniquais.

 

Le fascisme martiniquais peut sembler déroutant au premier abord par son aplomb, sa capacité à affirmer des contrevérités.

 

Ainsi, dans l’histoire du « génocide » martiniquais précédemment évoqué, le discours tenu pour justifier le racisme des propos, reposait sur la « compétence » égale des contractuels martiniquais qui se retrouvaient sans postes du fait de l’entrée de ces titulaires métropolitains. C’était faire fi du fonctionnement national des mutations et de la gestion des postes ; c’était faire fi aussi de la conquête par le SNES d’un barème exceptionnel attribué, lors des mutations, aux originaires de la Martinique qui souhaitaient retourner travailler au pays. Simplement, dans ce système qui privilégie le niveau de diplôme et la réussite au concours, si les certifiés martiniquais de la France hexagonale ne reviennent pas au pays, ils laissent leurs postes aux autres. La question de fond consiste à savoir si nous voulons pour nos enfants des maîtres qui ont réussi aux concours de l’Education nationale (CAPES, CAPET, Agrégation) ou si l’on préfère s’en tenir à un tutorat effectué par des personnels contractuels, soit qui font leurs premières armes avec les élèves, soit qui enseignent depuis parfois 10 ans sans avoir réussi aux concours d’enseignement. Bien sûr, le diplôme n’est pas le gage absolu de la qualité du professeur, mais c’est un moyen de déterminer un certain nombre d’aptitudes et de connaissances. Contrairement aux indépendantistes qui clament comme Mme Léotin qu’il suffit d’avoir un bac + 1 ou + 2 pour enseigner en Martinique, les véritables démocrates, humanistes de surcroît s’émeuvent de la baisse du niveau de nos élèves et de la casse généralisée de la formation dès lors qu’elle tombe entre les mains de la Région. A ceux qui font semblant de considérer qu’il faut des concours locaux parce que nos jeunes étudiants n’ont aucune chance de réussir du fait de leur petit nombre au regard des autres français de France hexagonale, nous répondrons qu’il en a toujours été ainsi, et que sans doute par le passé, nous avions proportionnellement encore moins de bacheliers mais sans doute bien plus de grands hommes. Or, que disent nos jeunes ? Qu’ils ne veulent pas de diplôme au rabais mais qu’ils veulent des formations de haut niveau : qu’attendent ces prétendus représentants du peuple pour répondre à ces attentes ?

On comprendra aisément qu’aucun enseignant digne de ce nom en Martinique ne puisse souscrire au discours indépendantiste du génocide par substitution, car le génocide, c’est celui que les indépendantistes tentent de faire subir à l’intelligence martiniquaise. Pour un démocrate, si les résultats de nos étudiants sont médiocres en matière de réussite aux concours d’enseignement, c’est bien sûr par le renforcement de leur degré de sélectivité du fait de la diminution drastique et régulière des postes, mais c’est aussi parce qu’ils sont mal formés : pour preuve les résultats brillants que les non titulaires obtiennent lorsqu’ils sont pris en charge par les IPR de leurs disciplines pour des formations à l’oral et à l’écrit des CAPESPour preuve encore les taux de réussite de l’IUFM Martinique – supérieurs parfois à la moyenne nationale - dans certaines disciplines lorsqu’on y met les moyens humains et matériels…. Mais développer l’intelligence est un crime pour des indépendantistes qui fondent leurs espérances de pouvoir sur l’ignorance et la pauvreté !

 

Dès que le discours du génocide par substitution fait un flop devant la réalité et sa dénonciation par les humanistes nombreux dans le monde enseignant, on fait intervenir la rumeur et un autre mythe : celui de la culture impossible du fait d’enseignants de France hexagonale. Pour soutenir l’impossible thèse, on va même chercher des professeurs des écoles martiniquais pour affirmer qu’il faut être vosgien pour enseigner dans les Vosges, sans comprendre ni ce qu’est un enseignement républicain, ni ce que sont un esprit et une culture. L’enseignement de Jules Ferry, tel qu’il est pratiqué encore pour quelques temps espérons-le, est un enseignement universel. Bien sûr l’universel peut partir de particularismes. Mais dès lors qu’il s’en tiendrait – comme le veulent les indépendantistes – aux seuls particularismes, il devient étouffoir de l’esprit, nombrilisme interdisant toute ouverture au Monde. Qui ne sait que nos idées sont issues à la fois de la culture instillée par l’école, par le milieu familial et ambiant, mais aussi par notre ouverture aux informations qui nous viennent du monde par les medias et nos voyages ? Qui imaginerait une seconde que la moindre réflexion philosophique soit fondée sur la seule pensée occidentale – en imaginant par ailleurs que cette pensée occidentale serait un monolithe – ? Quelle pauvreté de culture chez nos fascistes pour ignorer qu’à toutes les époques eurent lieu en Europe des combats d’idées ! A moins que comme Goebbels ou Göring auxquels on prête la haine de la culture4, ils ne sortent effectivement leur révolver dès qu’ils entendent parler de culture !

 

Peu importe de même à nos fascistes que leur rejet du blanc aient des conséquences détestables pour nos compatriotes de l’hexagone, en butte aux fascistes blancs encouragés par ceux qui prônent des Etats ethniquement épurés où chacun resterait chez soi....En effet, bien au contraire : plus on peut s’appuyer sur le rejet des noirs par les autres, plus on fait naître chez nos compatriotes l’idée d’un nécessaire repli sur soi. Mieux, plus les martiniquais sont médiocres, plus ils échouent aux portes des examens et des concours, plus ils fourniront une population haineuse de l’autre qui me renvoie une image subalterne de moi. En abêtissant la population, les indépendantistes renouent avec la situation sociale de l’esclavage : les maîtres et les exécutants.

 

Patrick Chamoiseau, interviewé sur RFO à l’édition de 19h du 27 décembre 2008 pour son dernier roman, a déclaré « Oui ! Il y a un macoutisme latent dans la société martiniquaise ». Il suffit de comprendre l’inquiétude de tous les hommes politiques français pour comprendre que cette menace n’est pas imaginaire. Mais il suffit aussi d’entendre nos hommes politiques indépendantistes s’adresser à leurs subordonnées pour le comprendre. L’autoritarisme dont font preuve ceux qui entendent mener la Martinique vers un destin « indépendant » est d’une brutalité sidérante : on ne connaît que la vocifération, et l’agression verbale. Curieusement même, ceux qui entendent « libérer » la Martinique de ses fers n’ont qu’invectives à l’égard des entreprises martiniquaises, incapables à leurs yeux de sérieux et de compétence. Comment dès lors peut-on faire confiance à des hommes qui loin de faire preuve d’humanité ne font que reproduire le comportement des petits maîtres dans les champs de canne ? Et ce sont eux qui parlent des autres en les qualifiant d’aliénés ? Ce sont eux qui prétendent donner des leçons de fraternité au monde ?

 

La seconde est qu’avant de demander d’autres pouvoirs, il faudrait pour le moins faire l’inventaire de ce qui a été fait, de ce qui est fait.

 

  • Il faut bien dire qu’entre le Conseil Général et le Conseil Régional, le débat ne se pose pas forcément de la même manière…En matière de construction, d’entretien des collèges, on peut sans conteste dire que le Conseil Général fait un travail largement au-dessus de celui de la Région Martinique qui non seulement n’est guère organisée pour s’occuper de l’entretien de ses établissements, mais qui, de surcroît, semble – si ce n’est dans le discours – se désintéresser pratiquement du scolaire. Et pourtant, si la Région – mais aussi le Conseil Général, même si les proportions sont moindres – entretient peu ses lycées, elle ne cherche absolument pas non plus à moderniser réellement l’enseignement, doter nos établissements des postes de personnels qui lui incombent, et veiller à ce que le second degré en Martinique fonctionne bien. A voir l’état du bâti des lycées professionnels, on peut aussi se dire qu’il n’est pas plus question d’un engagement de la Région dans des voies professionnelles. Côté IRAVM (Institut Régional des Arts Visuels de la Martinique) c’est aussi une faillite régionale, tout comme les centres de formation pour apprentis qui semblent avoir le plus grand mal à vivre et à former notre jeunesse.

Pourtant, il suffirait de la volonté de faire et d’aller voir ailleurs ce qui se passe pour avancer. Il suffirait aussi de s’informer auprès des autres Régions pour savoir comment elles font…si on voulait réellement aboutir, ce dont on peut douter. On pourrait ainsi embaucher des gens compétents à l’extérieur pour les utiliser afin soit de faire le travail à faire correctement, soit de former nos propres cadres ou techniciens afin que nous soyons autonomes. Au lieu de cela, on préfère se « victimiser » et dénoncer l’invasion des autres quand l’autre peut être un tremplin pour nous. En sommes ce discours n’est rien d’autre qu’un discours qui vise à fermer le pays sur lui-même, par envie du pouvoir, mais aussi par complexe d’infériorité : je suis tellement persuadé que je suis moins bon que l’autre que je préfère éviter toute comparaison, toute compétition que je suis persuadé devoir perdre.

Ceux qui sont en charge des collectivités, notamment de la Région, ne manque pas de culot puisqu’ils se glorifient de ce que la Martinique est reconnue par l’Europe… alors même que nos dossiers, mal montés, n’aboutissent pas pour les ¾…

Quoi qu’il en soit, il faut bien dire que les caisses desdites collectivités sont vides. Est-il iconoclaste de demander ce qu’on a fait de l’argent ?

Si certaines routes sont en relatif bon état, combien devraient être refaites de fond en comble et ne le seront jamais ? On commence tout juste à voir enfin se relever tous les pylônes inclinés par le cyclone…

  • Quant à l’état du bâti scolaire, il est particulièrement délabré et le cyclone ainsi que le dernier séisme n’ont rien arrangé. Les factures s’allongent du fait de l’imprévoyance. Gérard Café au Marin est tout, sauf un établissement scolaire, le lycée Frantz Fanon est gravement endommagé – on remplace par des préfabriqués au fur et à mesure – le collège Dillon I est assiégé de préfabriqués, etc, etc…

  • Mais le plus grave est qu’on a l’impression qu’il n’y a aucun programme à plus ou moins long terme. Alors que la crise sévit, alors que les Martiniquais souffrent des prix disproportionnés des produits alimentaires et du carburant, les collectivités semblent plus préoccupées par un problème idéologique, le changement de statut, avec le secret espoir de pouvoir conduire la Martinique à une pseudo indépendance.

  • Alors que la Martinique s’enfonce dans la difficulté, rien n’est fait pour sortir le pays de son enfoncement lent. Partout ce ne sont que des luttes idéologiques menées par des hommes placés à des endroits stratégiques pour contrôler l’expression, imposer une pensée unique.

Est-ce pourtant l’idéologie qui fera manger les Martiniquais ? Est-ce l’idéologie d’une île minuscule qui permettra de faire travailler nos compatriotes ? Est-ce l’idéologie qui nous permettra d’affronter l’avenir et la mondialisation ?

Loin de toutes ces préoccupations, tout ce que l’on peut constater, c’est l’augmentation de l’octroi de mer, l’impôt le plus injuste avec la TVA. Et l’on dira que nos nationalistes sont des hommes de gauche, qui œuvrent à réduire la fracture sociale ? Il est temps de dire aux Martiniquais qu’avec des leaders en fin de vie politique, dont l’action se situe dans le passé, nous n’irons que dans le mur. Il est temps de renouveler une classe politique qui n’a cessé pour son ensemble de fuir ses responsabilités et de mettre des jeunes dont c’est l’avenir qui commence.

Nous avons raté le virage des transports en commun, nous avons raté le virage du tourisme, nous avons raté le virage de la formation, nous avons raté le virage de l’économie. Et l’on entend se rattraper avec des pouvoirs accrus ? Plaisanterie !

  • Le plus étonnant est d’entendre les voix des pleureuses qui se lamentent parce qu’un ministre, face aux choix de l’assemblée unique d’un article 74 a rappelé que certaines subventions pourraient se tarir ? Coup bas murmurent certains ? Est-ce un coup bas de ne pas partager un point de vue et de le dire ? Est-ce un coup bas que d’informer la population de ce qui l’attend ? Cette population est-elle désireuse de se serrer la ceinture ? Est-elle désireuse de crever de faim ? Elle a hâte de vivre, elle a envie d’accéder au 21ème siècle comme les pays occidentaux développés : les luttes idéologiques ne sont peut-être pas terminées mais elles sont reléguées au second plan, derrière le sauve-qui-peut général.

  • Enfin, comment ne pas dénoncer avec la plus grande vigueur les tentatives manifestes d’intimidations à l’égard de toute voix qui ne penserait pas comme les ténors de l’indépendance ? Comment ne pas dénoncer cette atteinte élémentaire à la liberté de vivre, de penser, et de s’exprimer ? Au nom de quel droit un individu prétend-il m’imposer ses choix ? A-t-il à ce point peur de perdre qu’il doive menacer tout opposant ? Comment dès lors ne pas se rendre compte que tout ce qui se passe est uniquement de l’ordre du verbal.

Or, le verbal est de l’ordre du virtuel : c’est parce que les indépendantistes, les nationalistes et les fascistes de tout poil n’ont rien de concret et de tangible à proposer pour emporter l’opinion publique qu’ils s’appuient sur les relents de racisme, de xénophobie, le mensonge et l’attaque grossière.

Il est cependant vrai qu’en face bien peu d’intellectuels osent élever la voix.

 

 

La troisième est d’avoir un programme qui puisse être fait d’autre chose que d’une perspective idéologique d’indépendance.

Et c’est d’ailleurs bien pourquoi il importe de faire l’inventaire du passé. Le passé est creux. Et l’on a l’impression que parce que la vie de certains s’est arrêtée au milieu du gué qu’ils tentent de réécrire ce passé. La difficulté vient justement que pendant qu’ils étaient arrêtés au milieu du gué, la vie s’écoulait, le monde changeait et les enjeux se modifiaient.

L’histoire ne se répète pas, certes, mais les conditions changent et parfois le passé nous aide à aborder le présent.

L’enclavement de la Martinique, est un handicap dès lors qu’il nous faut voyager ou faire voyager des marchandises. Mais, en même temps, cet enclavement a protégé le pays d’évolutions aussi rapides que le reste du monde, ou même que la France hexagonale. Il nous faut donc jouer la carte du tourisme et de l’histoire, contrairement à ce qui a été fait : combien de touristes viennent pour découvrir Saint Pierre. Et qu’y a-t-il à voir ? Une église, une ruine de théâtre, un musée ridicule en terme d’espace et de proposition à l’imaginaire des visiteurs. Et puis c’est tout : Saint Pierre se meurt aujourd’hui dans ses ruines d’hier. Nos politiques auraient autrement été inspirés de visiter une ville comme Sarlat en Dordogne qui combine :

  • une reconstruction à l’ancienne de toute la vieille ville

  • un aménagement de cette reconstruction pour y vivre de manière moderne

  • une utilisation judicieuse de quelques ruines – là où elles n’étaient d’aucune utilité, là où on ne pouvait rien reconstruire – mais qui permettent de mettre en valeur un jardin coquet tout en rappelant que nous sommes dans un temps fictif, reconstitution du passé.

  • Une utilisation commerçante de cette situation pour favoriser les plongées dans l’irréel. Après tout, Saint Pierre pourrait – pour les besoins de l’histoire et du tourisme – redevenir la ville dont on nous a vanté la dimension festive par les représentations, le goût et la joie de la bourgeoisie, la richesse du mode de vie. Le touriste ne demande rien d’autre que d’être dépaysé, de découvrir l’ailleurs tout en se sentant servi comme un Prince. Après tout, qu’est-ce-que le Puy du Fou propose que nous ne pouvons faire à Saint Pierre ?

  • Autre pôle, le pôle marin bien commencé au Marin avec la navigation de plaisance. Pour autant, cette navigation de plaisance contribue-t-elle suffisamment à faire vivre Le Marin ? A voir la disproportion entre l’étendue portuaire et la relative stagnation de la ville et des habitations, on se prend à vouloir autre chose pour cette ville. Et notamment, on s’interroge sur la synergie qui aurait pu exister entre Saint Anne et le Marin, voire le Vauclin pour la création d’un véritable pôle de tourisme du loisir. Au lieu de cela, nous avons au Carbet un parc aquatique, à Saint Anne des résidences touristiques, au Marin des bateaux, et sur la route de Rivière Salée vers les Trois Ilets, un début de parc d’attraction avec Château Gaillard. Cette explosion pourrait paraître bonne au premier abord, mais elle éparpille des ressources qui, regroupées, permettrait un renforcement des moyens et de l’attraction de zones. Que dire de la Pointe du Bout, lieu de tourisme intéressant mais minuscule dont on se demande s’il n’éloigne pas les touristes de la Capitale et ne les parquent pas dans une sorte de no man’s land séparé du bourg des Trois Ilets par l’étendue immense du golf. Est-il scandaleux de proposer de repenser l’architecture touristique de la Martinique en créant une colonne vertébrale et des synergies au lieu de tenter de laisser chaque commune travailler comme elle peut de son côté ?

En réalité, cette pauvreté imaginative, cette pénurie de moyens vient manifestement à la fois des hommes qui nous dirigent et d’une impossibilité pour eux de sortir de schémas éculés. Qu’ont-ils fait de saillant depuis qu’ils sont au pouvoir ? Ont-ils même fait autre chose que gérer les affaires courantes…avec le bonheur d’ailleurs qu’on leur connaît ! Dès lors qu’il y a collusion entre les syndicats et les hommes politiques, faut-il s’étonner que rien n’avance dans ce pays ?

  • En matière d’agriculture, la Région n’a rien trouvé de mieux, pour promouvoir l’agriculture martiniquaise que de développer les cantines – au passage en les privatisant et en les centralisant ! En utilisant les produits du terroir, cuisinés par les chefs martiniquais comme une grande cuisine, on aidera soi-disant l’agriculture martiniquaise ! Qui pourra le croire ? Une fois de plus la Région ne sait rien proposer d’autre que de financer ses copains…Quel homme d’Etat pourrait penser une seconde aider son élevage et son agriculture en fermant les frontières et en mettant à table tous les habitants : à chacun son igname quotidienne et sa vache. L’agriculture ne pourra fonctionner que si elle vend. Et que si elle vend à un prix convenable. Elle se portera encore mieux si elle exporte, et elle pourra prospérer si elle arrive à contrôler terre, marchés, matériels et engrais. Autrement dit, on ne peut parler économie agricole que si l’on se pose les vraies questions et qu’on trouve de vraies réponses : bien plus compliqué qu’une simple affaire de cantine….Tout ceci nous amène à l’aménagement du territoire. Ponctuellement un agriculteur peut vivre et même prospérer de ses terres. Il n’empêche que sa situation reste précaire du fait de l’étroitesse du marché. Qu’on le veuille ou non, l’île est petite. Or les seules réponses à la petitesse de la surface terrestre est la culture hors-sol. En prenons-nous le chemin ? Si la Martinique veut s’en sortir économiquement, il faut qu’elle fasse comme toutes les Régions neuves qui développent des technologies de pointe. Impérativement il faut qu’elle produise et exporte – produits et savoir-faire – .

  • Il faut aussi que l’on s’interroge, en Martinique, sur toutes nos structures : nos hôpitaux doivent attirer malades et étudiants de toute l’Amérique et de la Caraïbe. Est-ce le cas ? Notre université doit être un fleuron en matière de recherche, de production, de réussite de ses étudiants ? Nous en sommes loin !

Qu’on prenne comme on veut le problème, on se rend compte que notre fonctionnement est coincé comme une voiture prise dans la boue. Nous développons des logements sociaux sans nous interroger sur les conséquences d’une voie qui nous conduit droit à la mer. Nous développons des exonérations qui loin de favoriser le commerce avec l’extérieur – en vendant à d’autres ce qu’on a fabriqué ou acheté ailleurs – se contentent d’enrichir les riches Martiniquais sur le fisc français, alors même qu’on prétend s’émanciper. Nous sommes en train d’exonérer des entreprises qui développeront des énergies dites « propres », mais qui se contentent d’acheter en Chine des chauffe-eau solaires qu’on nous revend en Martinique. Qui peut prétendre développer ainsi l’économie martiniquaise et les ambitions de nos entrepreneurs ?

 

La Région s’est révélée incapable de prendre à bras le corps le problème des différentes formations, selon les différents niveaux de formation, accentuant la difficulté pour les entreprises d’accéder à une main d’œuvre qualifiée. Elle s’est tout aussi révélée incapable de maintenir ses cerveaux ou ses techniciens supérieurs faute d’un niveau de salaire équivalent à la métropole.

 

Alors que nous vivons au centre des Océans, comment n’avons-nous pas développé d’usine de poissons, de fermes aquacoles, et d’exportation de produits de la mer ?

Non, nous consommons. Tant mieux, mais, tout comme les Etats-Unis qui ont vécu pendant des décennies sur une ampoule virtuelle de spéculation et de déficit, nous vivons artificiellement sur la consommation et le crédit à la consommation…intérieure !

 

Enfin, c’est tout un système de corruption qui pointe son nez : cette consommation est condamnée parce qu’improductive. Mais elle survit parce qu’avec les fonds d’un Etat qu’on dénigre pour asseoir sa réélection, on distribue ce qui ne devrait pas nous appartenir dès lors que nous voudrions réussir dans notre Havane et sur notre Malecon la révolution castriste. On ne saurait en effet avoir le beurre et l’argent du beurre. Voitures de fonction, appartements de fonction, voyages en première classe, tout est bon pour ces hommes du réseau qui dès lors, compromis et achetés, soutiennent un régime qui est lesté par le déficit. Or, c’est le moment que notre fascisme choisit pour, dans un pseudo unanimisme, prendre ses distances avec la mère patrie. Avec quel argent assumerons-nous notre indépendance ?

 

Finalement, et c’est dans le droit fil de ce comportement que nous dénonçons, on prend les choses à l’envers : au lieu d’acquérir un savoir faire, de se placer en tête de toutes les Régions pour demander notre autonomie ou notre indépendance – parce que nous avons maîtrisé la conduite des affaires politiques et économiques – nous crachons sur la main qui nous nourrit en faisant semblant d’oublier que le pain qu’elle nous donne, nous sommes incapables de le produire par nous-mêmes. Et si le séisme majeur que tout le monde attend en Martinique ne venait pas des profondeurs marines mais d’une révolte du peuple ? Un peuple libéré de l’endormissement et de l’endoctrinement forcené de ceux qui ne veulent que le pouvoir…

 

 

La quatrième est d’ordre de la pensée et du pragmatisme : les dirigeants nationalistes sont des hommes du passé, qui plus est dont la vie témoigne d’un enfermement dans des structures qui n’évoluent pas.

Le modèle auquel ils se réfèrent est celui de Castro, de Cuba. Or, malgré quelques irréductibles qui mettent en avant les progrès en matière d’alphabétisation et en matière médicale, voire en sécurité civile, plus personne ne crédite le modèle cubain d’un véritable progrès social. Et puis, si progrès il y a eu, ce fut par le point final mis au régime de Batista, lupanar des Etats-Unis...il y a maintenant plus de 50 ans ! On peut admettre l’idée que prendre en charge son destin est noble, mais pas pour tomber dans une dictature féroce qui a muselé toute démocratie et brisé toute liberté. A l’heure actuelle, Cuba a soif de liberté, de démocratie, et surtout l’île a besoin de sortir d’une pauvreté insupportable à ses habitants.

Mais le pire est que nos dirigeants nationalistes martiniquais font semblant de croire que l’indépendance politique est la clé de la réussite.

Le monde moderne est un monde sous l’emprise de l’argent et des lobbies. Des pays comme la France témoignent des difficultés à lutter contre les pouvoirs économiques qui prennent largement le pas sur les pouvoirs politiques. Le déroulement progressif de la lutte contre les OGM par les écologistes témoignent des difficultés réelles à imaginer un pouvoir politique imposant sa volonté à un pouvoir économique tout-puissant, dont le siège est partout et nulle part, et qui, de ce fait, échappe à l’Etat.

Quant bien même on prétendrait nous donner une liberté par l’indépendance, cette liberté serait aussitôt compromise à la fois par l’absence de sens démocratique des nationalistes assoiffés de pouvoir, mais aussi par les convoitises extérieures et intérieures au pays des puissances de l’argent. Tout le monde sait qu’il ne saurait y avoir d’indépendance ou de large autonomie véritablement viable sans argent. Or l’expérience nous montre que le pouvoir de l’argent en Martinique n’est absolument pas disposé à faire les moindres concessions : il faut toujours plus d’argent pour conquérir le monde sur le dos des Martiniquais. Le renchérissement du coût des produits, la taxe sur les produits pétroliers, l’octroi de mer, les impôts fonciers et les taxes locales…tout disparaît comme happé par la gabegie ambiante qui devient évidente en période de récession ! Si ceux qui nous gouvernent avaient su gérer et non pas tenter de séduire, voire d’acheter leurs électeurs, nous aurions eu des routes dignes de ce nom, des zones urbaines éclairées et sûres, des édifices publics anti-sismiques, des services publics (hôpitaux et sapeurs pompiers) opérationnels quel que soit le cataclysme, et surtout un service de transports en commun digne d’un pays moderne – on n’ose dire libre de certaines de ses chaînes héritées du colonialisme ! - .

On peut tourner les choses comme on le veut, mais pour un petit, un minuscule pays, qui ne produit rien et qui consomme essentiellement, dont 42% des actifs est constitué de fonctionnaires, l’indépendance ne signifie rien qu’un fantasme. Mais après le fantasme ? Il faudra bien se rattacher à quelque chose. A l’Europe ? à l’Amérique ? à la zone Caribéenne ? Tout le monde peut mesurer de visu combien nous sommes loin et de vouloir devenir comme Puerto Rico une succursale touristique américaine du nord, et de pouvoir commercer avec les Antilles anglaises qui, pour l’heure, nous envie notre niveau de richesse.

En même temps, comment ne pas sentir qu’en acquérant notre indépendance, nous nous livrons pieds et poings liés aux idéologies ultra libérales que les nationalistes font mine de combattre ? Que nous nous livrons corps et âme au commerce le plus dégradant, celui qui soumet l’homme à l’argent, sans possibilité de redresser la tête, nous qui avons vilipendé les Indiens amenés en Martinique pour remplacer les esclaves ?

Il est temps de faire tomber les masques et d’appeler un chat un chat. Un chat en sac, chat en sac.

L’article 74 ou l’article 73 ne sont pas en cause, ce sont les arrière-pensées qu’ils camouflent qui sont en cause ! Les cheminements que certains croient victorieux d’une lutte qui n’a plus d’intérêt véritable, qu’ils ont ratée lorsqu’elle en avait un et qu’ils veulent remettre sur le tapis, alors même qu’elle est battue en brèche partout dans le monde sur l’autel de l’ultra libéralisme. Qui ne comprend que la force de l’ultra libéralisme, c’est l’émiettement des pouvoirs étatiques ? C’est la poussière d’Etats que même l’Europe sous sa forme actuelle contribue à secréter ! C’est enfin à l’intérieur même des Etats la dilution des pouvoirs aux Régions en faisant croire à ces entités qu’elles représentent une quelconque notion culturelle alors même que toute culture vole en éclat devant la poussée d’une mondialisation purement économique.

Il en est de même dans la revendication culturelle martiniquaise.

Avant tout, imaginer que nous sommes aliénés par la culture française dont nous sommes nourris est une bêtise. Cette culture française est celle que l’histoire nous a donnée, à nous, peuple métisse et hybride d’indiens, de chinois, de blancs et de noirs. Cette culture a permis à nos pères de se distinguer par la maîtrise d’une pensée portée au plus haut au cœur même de la nation française et du monde : l’exemple de Césaire est le plus vivant, mais combien d’autres avons-nous oubliés, nous qui prétendons hypocritement construire notre histoire. Si cette culture assimilée, digérée et retransposée a permis à nos pères d’être aussi grands, c’est qu’elle ne pouvait être un frein à notre développement.

La seconde erreur de bien de nos compatriotes consiste à prêcher une culture martinico-martiniquaise, sans comprendre que notre culture – et c’est bien cela sa richesse ; encore faudrait-il réfléchir à la notion de richesse et à son intérêt … -  est  tout simplement. Elle n’est pas à construire. Elle se construit…et sans l’aide de personne ! Ne pas entendre ce discours, c’est abonder dans le même fascisme hexagonal qui refuse de comprendre la construction d’une culture française moderne. Refuser de comprendre ce fait initial c’est être soi-même aliéné au point de croire que l’homme se forge par des idéologies. Toute l’histoire du passé, pourtant, nous enseigne que l’idéologie tue l’homme. L’homme godille à travers ses erreurs mais il peut comprendre où il va. Sa difficulté majeure est justement d’infléchir sa route, collective. Car nous ne saurions imaginer continuer à nous penser seuls, îliens que nous sommes, en dehors des grandes routes des évolutions du monde. Vouloir définir des schémas dans lesquels faire entrer un homme martiniquais, qui en ressortirait tout formaté, est une négation de l’homme et de sa liberté.

Faut-il pour autant refuser d’aborder le problème de la formation ? Est-il scandaleux de revendiquer que l’école forme les Martiniquais à découvrir leur culture ?

Dès lors que l’on entendrait maîtriser l’enseignement, la question qui se pose est de deux ordres : quel enseignement ? et pour quelle finalité ?

Quel enseignement ? est en effet une question brûlante. Aux tenants d’un enseignement axé sur la culture et la réalité caribéennes et martiniquaises, la vraie question est de savoir si une culture s’enseigne. Dans la mesure où l’on considère que l’enseignement véhicule une culture – et donc qu’une part de notre culture nous vient de notre enseignement, il faudrait encore déterminer ce qui devrait venir de l’école et ce qui devrait venir des familles et du milieu ambiant. Autre sujet de réflexion et peut-être de débat : quelle part de culture martiniquaise, quelle part de culture caribéenne, quelle part de culture française donner à l’enseignement ? Can, loin d’être anodine, cette question est politique, mais est systématiquement occultée sur le plan politique. Décider que notre culture est entièrement tournée sur la Martinique, les Antilles, la Caraïbe ; ou, au contraire, tournée entièrement ou partiellement sur la France, l’Europe ; ou tournée sur toute autre zone culturelle ; ne peut être qu’un choix politique, entériné en toute connaissance de cause par la population. Il faut donc dénoncer les manœuvres qui visent à incliner des choix politiques qui se camouflent pour tromper le peuple.

Notamment, pour les indépendantistes, il va de soi qu’il faut rejeter toute culture française, il faut occulter tout le passé (en coupant la tête de la statue de Joséphine, en considérant qu’il faut débaptiser les écoles lorsqu’elles portent le nom de lieux-dits qui renvoient à des habitations et donc à l’esclavage), comme si tout ce passé ne constituait pas notre histoire, donc notre culture et, à fortiori, notre présent. Vouloir occulter ce qui a été est une plaisanterie qui témoigne de l’aliénation de ceux qui prétendent agir ainsi et qui, aveugles, tentent d’aliéner les autres à leurs idées.

On comprend pourquoi certains tentent de promouvoir cette culture de la rupture, la culture de l’enfermement sur soi, du pseudo retour à nos racines africaines, en occultant tout le mélange qui s’est fait en Martinique et dans la Caraïbe : il s’agit d’isoler le peuple, comme en Haïti – au mieux comme à Cuba – pour mieux exercer un pouvoir tyrannique et sans partage.

Pour tous ceux qui entonnent le discours de pseudo « humanités créoles », on peut au moins rappeler qu’en matière humaine, les évidences sont souvent fausses, tant sur le plan des perceptions sensorielles que des perceptions intellectuelles. La Terre est ronde contrairement aux apparences, et Freud a assez montré combien le psychisme a un rôle caché dans le comportement de l’homme. Imaginer enseigner les sciences et les lettres en créole risque de nous conduire à des déboires insoupçonnés. Sachons au moins garder ce que nous avons et poser nos problèmes de manière claire, honnête et prudente. Sachons aussi éviter les amalgames et faire comme si l’enseignement primaire, celui du secondaire et celui du supérieur n’étaient qu’une même et seule chaîne. Ils répondent en fait à des objectifs différents même si, à l’heure actuelle, aucun politique n’aborde le sujet ni en Martinique, ni en France de peur de se retrouver piégé juste après dans des affirmations qui ne tiendraient plus la route le lendemain.

Si l’on ajoute à cela les mutations exercées par les changements de génération, celles qu’exercent les changements des sociétés qui nous environnent, l’accélération des déplacements des problèmes économiques, on comprend que parler des humanités créoles comme une réponse aux difficultés de notre jeunesse à l’école est là encore une vision faussée. Dès lors que l’école change en France et en Europe, qu’elle se privatise, pouvons-nous rester à l’écart de ces transformations ? Aurons-nous les moyens de lutter ne serait-ce que financièrement pour relever le défi d’une école publique martiniquaise, dont le but correspondrait à former l’ensemble des « petits Martiniquais » comme aiment tant à le dire les représentants des indépendantistes pour qu’ils puissent tous travailler au pays ? Et pour quel travail ? Pour quels niveaux de vie et de rémunération ?

 

En effet, subordonner toutes les activités de l’homme à la création d’un pseudo peuple est de l’ordre de la manipulation et du fantasme. Cela consiste à occulter ce qui est. Ce qui est, c’est une île et des gens qui vivent et s’orientent en fonction de ce qu’ils veulent. Parler d’autodétermination consiste à admettre – ou alors on trompe son monde – que nous vivons en démocratie et que nous faisons ce que nous voulons. Mais c’est aussi accepter d’avance les erreurs d’aiguillage. Est-ce ainsi qu’on nous présente les choix à faire ? Non, les choix sont indiqués comme le résultat d’un processus d’adhésion de tout un peuple. Mon œil !

Tout le monde comprend que le PPM, déjà du vivant de Camille Darsières avait refusé de suivre la voie de l’aventure parce qu’il savait que le peuple n’en voulait pas.

C’était la sagesse. Le peuple martiniquais existe. Mais il n’est pas l’apanage des nationalistes. Mieux, il existe au quotidien sans qu’on ait besoin de définir pour lui une route pour le constituer : il n’est pas une statue qu’un artiste aurait sculptée dans le plus grand secret, et qu’on dévoilerait à tous. Il est simplement en marche comme il l’entend. Favoriser l’émergence de ses individualités, de ses voix, de ses désaccords, de ses diversités, c’est contribuer à sa richesse, à son épanouissement et lui permettre de prendre sa place dans le monde nouveau qui se constitue. Vouloir l’enfermer, le réduire à une pensée unique, c’est le mutiler pour en faire un peuple intellectuellement castré.

 

1 Il y a une histoire coloniale et une lutte anti-coloniale qui a permis une convergence apparente entre organisations politiques et syndicats de tous bords. Dès lors, l’ensemble des voix qui se sont exprimées l’a fait en dénonçant le colonialisme généralement au nom des droits de l’homme, et de la pauvreté. Pourtant, quel rapport peut-il réellement exister entre Césaire – adhérent au Parti Communiste martiniquais puis créant son Parti Progressiste Martiniquais et porteur de la souffrance de son peuple qu’il évoque de manière saisissante dans le Cahier sous la lèpre de Fort-de-France -, et un Marie-Jeanne, mulâtre dénommé à tort « Chabin », dont la carrière politique commence comme élu de droite ? Si Marie-Jeanne est un tribun, il n’a rien d’un « papa » Césaire, à l’écoute des braves gens et de tous ceux qui souffrent. Bien au contraire, on constate bien plus une idolâtrie qui vise à faire de Marie-Jeanne une sorte de Fidel Castro, statue vivante dont la parole serait à prendre comme la voix d’un prophète.


Mais le plus fascinant est de voir aussi la mise en place de réseaux plaçant des relais fidèles aux points clés. Si la Martinique a des réseaux de type mafieux, c’est sans aucun doute du fait de la multiplicité des handicaps qu’un individu ordinaire rencontre dans notre île. Pourtant, on se demande si le réseau n’est pas maintenu pour justement permettre d’asseoir un patriarcat mafieux et obliger l’individu à se trouver un ou plusieurs « protecteurs ». Loin de voir le droit imposer un rapport d’égalité entre les individus, la persistance de cet ordre d’inféodalité, n’a d’autre but que de maintenir une soumission des individus à l’autorité, prolongeant la soumission des anciens esclaves à l’ordre du maître.


2 Marc Pulvar, le syndicaliste de la CSTM, décédé il y a un an – le 4 février 2008 - avait déclaré il y a déjà plusieurs années la mort des luttes coloniales des années 70….sans aucunement être écouté par les siens. Il faut dire qu’il cherchait à comprendre la monde pour y inscrire son action et non pas de faire comme certains, à l’affût du pouvoir, au prix de tous les mensonges pourvu que le peuple, maintenu dans l’ignorance et le sous-développement intellectuel, puisse y croire.

3 La lutte pour les 40% - que contestent les syndicalistes de la CSTM et de l’UGTM en les touchant mais en les taxant de prime coloniale – est la revendication d’une égalité de traitement entre les métropolitains et les martiniquais au sein de la fonction publique. Il est par contre notable de constater que cette prime constitue de l’argent qui irrigue l’économie martiniquaise qui, sans cette manne, serait encore plus en difficulté.



4 « Quand j’entends le mot culture, je sors mon révolver ». Cette citation serait en réalité sous une forme différente issue d’un personnage d'une pièce (Schlageter, 1933) de Hanns Johst, médiocre auteur national-socialiste.