Réunion : Les solutions antillaises ne font pas recette


Paul Vergès refuse "une aggravation des inégalités" 

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Les élus de la Réunion ne souhaitent pas participer à "une aggravation des inégalités" entre travailleurs pauvres et bénéficiaires des minima sociaux alloués par l'Etat.

"Si on augmente, il faut augmenter pour tout le monde, dans les mêmes proportions", a précisé Paul Vergès, le Président Communiste du Conseil Régional de la Réunion. Source : Reuters


SAINT-DENIS DE LA REUNION (Reuters) - Les élus réunionnais annoncent qu'ils refusent, contrairement à leurs homologues antillais, de contribuer à l'augmentation des bas salaires dans le secteur privé.

L'accord signé en Guadeloupe la semaine dernière prévoit une contribution de 50 euros des collectivités locales à l'augmentation des salaires inférieurs à 1,4 smic, l'Etat apportant 100 euros et les employeurs 50 euros.

"Ce qui a été décidé ailleurs ne doit pas être retranscrit ici, la situation de la Réunion n'est pas celle des Antilles", a déclaré Nassimah Dindar (UMP), présidente du conseil général à l'issue d'une séance de négociations à la préfecture.

"L'intervention des collectivités locales dans une discussion sur les salaires entre patronat et syndicat est une spécificité exotique, un précédent qui exige d'être confronté à la légalité", a ajouté Paul Vergès, fondateur du Parti communiste réunionnais et président du conseil régional.

Les élus ne souhaitent pas participer à "une aggravation des inégalités" entre travailleurs pauvres et bénéficiaires des minima sociaux alloués par l'Etat.

"Si on augmente, il faut augmenter pour tout le monde, dans les mêmes proportions", a précisé Paul Vergès.

"ICONOCLASTE"

Le Collectif des organisations syndicales, politiques et associatives de la Réunion (COSPAR), à l'initiative du mouvement contre la vie chère démarré la semaine dernière, en convient.

La participation des collectivités locales à l'augmentation des bas salaires est "quelque chose d'iconoclaste, une mesure exceptionnelle qui ne doit pas faire jurisprudence", a déclaré son porte-parole Ivan Hoarau.

Pierre-Henry Maccioni, préfet de la Réunion, préfère voir une "ouverture de principe" dans la première participation des collectivités aux négociations entamées vendredi sur la base de 62 revendications présentées par le Collectif.

Lundi après-midi, les présidents de la Chambre de commerce, de la Chambre de métiers et de la Chambre d'agriculture de la Réunion, "observateurs" des négociations, ont pour leur part souligné l'"incapacité" des petites entreprises, qui représentent la grande majorité de leurs ressortissants, à supporter une augmentation salariale.

Le patronat propose pour sa part une prime mensuelle de 50 euros pour les plus bas salaires.

Deux manifestations sont prévues mardi à Saint-Denis et Saint-Pierre, dans le nord et le sud de l'île. Le 5 mars, les manifestations contre la vie chère avaient mobilisé de 15.000 à 30.000 personnes, selon les sources, dans ces deux villes.

Dans un visible souci d'apaisement, le préfet de la Réunion a annoncé lundi soir des baisses des prix de la bouteille de gaz et des carburants qui prendront effet mercredi.