Sri-Lanka : une guerre peu médiatisée!

tamoul.jpgLes Tamouls manifestent à Paris!

Alors que l'armée du Sri Lanka s'est emparée hier de la dernière ville tenue par les rebelles tamouls, la diaspora tamoule de France manifeste régulièrement contre la politique du gouvernement sri lankais.

Pour les plus jeunes, qui figurent souvent à l'avant poste de la mobilisation, "c'est le moment ou jamais" de faire connaître la cause de leur peuple.

 

Le 14 janvier, dans le quartier de La Chapelle à Paris, la célébration du nouvel an tamoul s'est faite dans une ambiance de deuil. Sur les vitrines des commerces tenus par les membres de la communauté, les décorations traditionnellement utilisées lors des festivités de Pongal avaient cédé la place à des affiches destinées à interpeller les passants : "Contre la barbarie d'état sri lankais", pouvait-on ainsi lire en gros caractères, à coté de photographies montrant des femmes et des enfants durement blessés, gisants sur leur lit d'hôpital.

Sur les 70 000 tamouls présents aujourd'hui en France, 90 % sont originaires du Sri Lanka. Ils se sentent directement concernés par les récents développements de la guerre civile. À quelques 8000 km de Paris, au nord de l'île de Sri Lanka, l'armée gouvernementale a remporté une série de batailles décisives contre la rébellion armée des Tigres tamouls (LTTE).
 
Les chances de voir l'émergence d'un État tamoul indépendant se sont donc considérablement affaiblies. Mais ici, la communauté tamoule s'inquiète avant tout du sort réservé aux civils. C'est la vie de leur famille et de leurs proches restés au pays qui est en jeu.

"Cela fait presque deux mois que je n'ai aucune nouvelle de mon cousin Jenusha", raconte Mahindan, 26 ans. "Et au Sri Lanka, les disparitions de ce type sont très fréquentes", ajoute t-il, d'un air un peu désabusé. Selon ce jeune défenseur de la cause tamoule, arrivé en France sept ans après sa naissance sur l'île, le gouvernement sri lankais est en train de commettre un véritable massacre à l'encontre des populations civiles. "L'armée bombarde même les hôpitaux et les écoles ! C'est comme ce qui s'est passé à Gaza, sauf qu'en France, personne n'en parle", déplore t-il.

Pour remédier à cette situation, ils sont plusieurs de la génération de Mahindan à avoir rejoint l'Organisation des Jeunes Tamouls de France (OJT France), association qui existe depuis 2005. Manifestations, distribution de tracts, sensibilisation sur le net... Tous les moyens sont bons pour médiatiser la guerre civile qui déchire le Sri Lanka depuis plus de 25 ans.
 
La semaine dernière, une poignée de militants de l'OJT s'était donné rendez-vous devant l'Assemblée Nationale avec pour objectif de sensibiliser les députés. "Ce boulot, nos parents devraient le réaliser eux-mêmes, mais c'est principalement la barrière de la langue qui les en empêche", explique l'un d'eux, dans un français impeccable.

Depuis leur arrivée en France, les parents sont pourtant loin d'être restés les bras croisés, nuance un autre. En témoigne l'existence d'un Comité de Coordination Tamoul-France (CCTF), lancé au début des années 80, qui était parvenu à rallier quelques personnalités politiques à la cause tamoule.
 
Mais les liens, plus ou moins officiels, qu'entretiennent ce type d'association avec la rébellion des Tigres leur ont fait perdre un bon nombre de soutiens, "surtout depuis que l'Union Européenne a mis les LTTE sur sa liste d'organisations terroristes" [en mai 2006, ndlr], précise Mahindan. Plusieurs membres du CCTF figuraient ainsi parmi les 17 personnes arrêtées par la police antiterroriste le 1er avril 2007.

Les militants de l'OJT affirment quant à eux lutter en faveur de la paix, "pour ceux qui vivent là-bas". Parmi ces jeunes qui ont vécu la plupart de leur existence en France, aucun ne semble envisager un retour définitif au Sri Lanka. Craignant de se sentir étrangers dans leur propre pays, attachés à celui dans lequel ils ont été éduqués, ces tamouls veulent libérer leur terre, mais pas pour y vivre.