SUISSE : CONFIRMATION DE LA MONTEE DE LA XENOPHOBIE

Référendum en Suisse sur le renvoi des criminels étrangers.

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Un an après le vote décrié interdisant la construction de minarets, la Suisse se prononce, dimanche 28 novembre, sur deux initiatives populaires à forte portée symbolique : le renvoi des criminels étrangers et un projet d'"impôts équitables", dans un pays considéré comme un havre fiscal.



Le premier référendum, présenté par l'UDC (extrême-droite), vise à retirer le droit de séjour des étrangers coupables de certaines infractions en Suisse. Il est soumis à l'électorat suisse un an quasi jour pour jour après l'approbation de l'interdiction de la construction de minarets en Suisse et est tout aussi polémique. Donnée gagnante selon les sondages, la proposition de l'UDC a dominé la campagne de ces votations fédérales.

AFFICHES XÉNOPHOBES

Le renvoi des criminels étrangers est déjà possible sous certaines conditions mais le texte proposé va plus loin en proposant un retrait automatique du droit de séjour des étrangers coupables notamment de "viol, délit sexuel grave, actes de violence tels que le brigandage", de "trafic de drogue" mais aussi d'"abus de l'aide sociale".

La campagne de l'UDC a donné lieu à une débauche d'affiches ouvertement xénophobes dans un pays qui compte 21,7 % d'étrangers. "Ivan S., violeur et bientôt Suisse ?" proclame l'une d'entre elle sur un profil de moustachu musclé à mine patibulaire

Pour René Longet, un responsable socialiste de Genève, l'UDC "est une vrai machine de guerre qui se fait élire en travaillant sur le patriotisme, anti-étranger essentiellement" et "n'a pas de proposition en dehors de cela". "Il y a toujours des affiches douteuses..., il y a toujours de la transgression".

Les critiques de l'initiative de l'UDC pointent du doigt l'absence de prise en compte de la proportionnalité des délits, l'automaticité des renvois et la violation du droit international. Pour éviter un nouveau tollé, le gouvernement a lancé un contre-projet qui prend en compte la gravité des délits et sur lequel les Suisses devront également voter. Mais pour certains, notamment Amnesty International et le Parti socialiste suisse, ce contre-projet n'est autre qu'une "version light" de l'initiative de l'UDC.

"POUR DES IMPÔTS ÉQUITABLES"

"Sommes nous devenus fous ? Allons nous devenir les complices d'un acte liberticide ?" s'est insurgé Le Temps dans un récent éditorial fustigeant "une initiative injuste et un contre-projet dont ses pairs savent qu'il est indigne d'une vieille démocratie".

Les Suisses se prononcent également sur une initiative "pour des impôts équitables" lancée par le Parti socialiste. Le projet vise à aplanir la concurrence fiscale que jouent certains cantons pour attirer les plus grosses fortunes du pays. Si l'impact réel du vote est relativement faible et ne toucherait que 1 % des contribuables, il est décrié par le gouvernement, les partis de droite et les milieux économiques, selon qui le projet risque de nuire à l'attractivité de la Suisse. A l'approche du scrutin, le débat s'est tendu avec la menace de certains industriels, à l'instar d'Alfred Schindler, le puissant patron de la compagnie d'ascenseurs du même nom, de quitter le pays si le texte passe.