Dans une interview accordée à la Gazzetta dello Sport, Victor Conte, ancien directeur du laboratoire Balco d'où est née la fameuse affaire de dopage, lance des soupçons de dopage à l'encontre d'Usain Bolt, le sprinteur jamaïcain. Pour lui, tous les athlètes de la finale du 100 mètres aux JO 2000 à Sydney étaient dopés
Volonté de revenir sous les projecteurs ? Ou réelle envie de mettre fin au dopage dans le sport ? En dénonçant la totalité des finalistes du 100m des Jeux de Sydney, en 2000, Victor Conte jette en tout cas un sacré pavé dans la mare. "Je sais que lors de la finale du 100m en 2000, quand Maurice Greene gagne l'or, la totalité des finalistes était dopée", lance l'ancien directeur du laboratoire Balco, centre de nutrition à la base de la création de la tétrahydrogestrinone (THG), un stéroïde de synthèse découvert en 2003 par l'agence américaine antidopage.
Dans le viseur ? L'Américain Maurice Greene, le Trinidadien Ato Boldon, le Barbadien Obadele Thompson, les Britanniques Darren Campbell et Dwain Chambers, le Ghanéen Aziz Zakari, l'Américain Jon Drummond et le Kittitien Kim Collins, champion du monde en 2003. Cette même année, au Stade de France, le 100m féminin est d'ailleurs aussi visé par Conte: "Je sais aussi pertinemment que cinq des huit finalistes en 2003 étaient dopées, puisque c'est moi-même qui les fournissait." Un réseau que le sulfureux bonhomme revendique, lui qui a découvert "ce monde parallèle" en 1988 à Séoul, en s'apercevant que le Comité olympique américain couvrait les tests positifs de ses athlètes.
"De forts soupçons sur Bolt"
Désormais, Conte essaie de donner un coup de main aux autorités anti-dopage. En vain. "J'ai tout mis à disposition: noms, adresses, sites web, protocoles, explique celui qui a passé quatre mois en prison, en 2005. Je leur ai dit qu'il fallait intensifier les contrôles dans le dernier trimestre de l'année qui précède une grande compétition. S'ils pensent qu'ils vont les attraper pendant des JO ou une Coupe du monde, ils vont donner des coups d'épée dans l'eau. Mais vous savez ce qu'ils m'ont répondu ? Qu'ils ne pouvaient pas faire confiance à quelqu'un qui a été condamné. Mais je peux vous dire que j'avais eu une discussion en 2005 avec Dick Pound (ndlr, alors président de l'Agence mondiale antidopage), et il avait reconnu que j'étais crédible."
Pour finir, Conte évoque également Lance Armstrong, dont "l'honnêteté est aussi vraie qu'un billet de trois dollars", mais qui sera "innocenté au tribunal". Pour en revenir à l'athlétisme, il estime désormais que "65% des athlètes se dopent, pour 80% avant l'affaire Balco". Et à l'heure d'évoquer Usain Bolt, Conte n'y va pas par quatre chemins. "Aux championnats du monde 2001, un athlète qui vient des Caraïbes m'a dit que le médecin de l'équipe donnait de la testostérone, de l'EPO et des stéroïdes, démarre-t-il. Je le sais car je me suis ensuite procuré de l'EPO auprès de lui. Le même informateur m'a dit à Pékin que le protocole Balco, mon protocole, avait été utilisé en Jamaïque. Et si on regarde les résultats, il y a de forts soupçons sur Bolt et les autres."
SOURCE : Reuters