TOYP Award 2008


ltapascal.jpgPascal Saffache remporte le Prix Mondial catégorie Environnement!
 
New Delhi, 05 nov. 2008 : L'Universitaire Pascal Saffache, spécialiste des questions de géographie et d'environnement, a remporté le Prix Mondial dans la catégorie « environnement ». Choisi par la Jeune Chambre Économique de France pour la représenter au Concours International 2008  des Ten Outstanding Young People (TOYP) Awards, ce prix récompense ses travaux de recherche pour la protection de l'environnement.  Elu "Personnalité du Mois" par notre rédaction, nous vous proposons l'interview qu'il avait accordée en octobre dernier à Diana Ramassamy.

 

 

 
Une reconnaissance internationale

pour

Pascal SAFFACHE

 

Doyen de la faculté des lettres et des sciences-humaines du campus de Schoelcher, c’est en sa qualité de géographe que Pascal Saffache a été primé par le TOYP (Ten Outstanding Young Persons). Le premier TOYP français, Thierry Breton est l’ancien Ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie. Pascal Saffache qui est aussi notre collaborateur, responsable de la rubrique Ecologie, répond aux questions de Diana Ramassamy :

 

 

 

La Tribune des Antilles : Vous sensibilisez depuis de nombreuses années déjà les politiques sur la question de la vulnérabilité de nos territoires et de manière plus particulière sur la dégradation visible et invisible de notre milieu. Pensez-vous que vos actions ont été pris en compte dans la politique actuelle d’aménagement, de protection et de développement durable du territoire ?

Pascal SAFFACHE : J’essaie depuis de nombreuses années de sensibiliser à la fois les décideurs, les politiques mais aussi la société civile sur la question de l’environnement. Au départ, mes propos passaient pour inaperçus et n’avaient pas d’impact. Les politiques ne se montraient pas sensibles à ces questions de protection des espaces naturels. Ils n’y accordaient véritablement du crédit qu’au moment des élections. Maintenant, il est vrai que l’environnement est à la mode et que mes fonctions de doyen et d’universitaire donnent plus de poids à mon discours.

 

 

Quid du développement durable ?
 

LTA : Pouvons-nous, de manière concrète, allier sur les territoires insulaires qui sont les nôtres, les notions de développement économique, de développement durable et  d’écologie ?

 
Pascal SAFFACHE : Beaucoup veulent faire du développement durable. Quel politique ne nous parle pas de développement durable ? D’une manière générale, les politiques pensent que s’ils ne nous parlent pas de développement durable, ils ne sont pas à la page. Mais, à y réfléchir, avant d’aborder la question du développement durable on devrait d’abord parler de développement.  Il ne faut pas mettre pas la charrue avant les bœufs, avant de faire du développement durable on doit d’abord œuvrer pour le développement. Si les politiques de développement sont pertinentes, elles déboucheront automatiquement sur un développement dit durable.

L’écologie n’est pas réservée aux grands territoires. Il s’agit d’une nécessité pour nos territoires micro-insulaires, nous sommes des laboratoires, nos sociétés sont surexposées, elles sur-expriment nos contraintes. Nous devons respecter les contraintes de nos territoires.

Surtout, il faudrait arrêter d’opposer développement et écologie. Il est possible de développer tout en respectant le milieu. Il n’y a pas d’opposition, ce sont des éléments complémentaires. Les décideurs nous mettent souvent face à une alternative, soit on se développe soit on protège l’environnement. Les choix sont faits en Martinique sans que ceux qui s’occupent quotidiennement de ces questions soient présents et on ne fait pas forcément les bons choix.  Les compétences locales ne doivent pas être niées or il y a vraisemblablement une certaine négation des compétences locales.  Toutes les compétences sont bonnes à prendre, celles qui viennent de l’extérieur comme celles de l’intérieur. Le développement d’un territoire passe par la synthèse de toutes ces compétences

 

 

L’U.A.G. dénigrée !

 
LTA : Ce discours de dénigrement des compétences locales touche sensiblement l’Université des Antilles et de la Guyane. Nombreux sont les enseignants du secondaire à encourager le départ des bacheliers vers l’extérieur.

 
Pascal SAFFACHE : Je ne comprends pas cette attitude car l’UAG a de nombreux avantages et atouts. Nous partons souvent du principe que l’ailleurs est meilleur. Si il est vrai qu’il ne faut pas faire de nombrilisme, nos formations sont bonnes ! Nous avons des effectifs à taille humaine, nous connaissons nos étudiants et ils bénéficient de rapports humains. Nous bénéficions également de personnels enseignants de qualités, pour preuve, nous avons des étudiants qui reviennent de l’extérieur avec un niveau moins élevé que les étudiants qui sont restés sur la place. Les étudiants peuvent parfaitement commencer leurs études sur place et s’aguerrir du monde universitaire et poursuivre le cas échéant leurs études à l’extérieur.  Il n’y a pas d’antinomie. Quant aux enseignants du secondaire qui tiennent ce discours, cela démontre qu’ils méconnaissent totalement notre offre de formation.

 

 

Des réponses urgentes aux pollutions

 
LTA : Face à cette réalité de dégradations, de pollution, visible et invisible des milieux terrestres et marins. Quelles seraient les solutions les plus urgentes à  envisager ?

 

 

Pascal SAFFACHE : La première des choses et je m’y emploie depuis des années, c’est la communication. Il faut expliquer, sensibiliser, communiquer avec les décideurs, les politiques mais aussi les scolaires. Je donne, par ailleurs, gracieusement des conférences ou des communications dès que l’on me sollicite. L’information et la  communication représentent une forme de pouvoir. Nous devons transmettre pour que l’on puisse agir. De plus, il ne faut pas négliger les travaux scientifiques et surtout la vulgarisation de la recherche menée. C’est la raison pour laquelle, je publie de nombreux articles de vulgarisation dans des revues, dans des magazines ou encore des quotidiens. La presse est un biais important que je néglige pas dans mon désir de transmission de l’information.
 
Pour l’Assemble unique ?

 
LTA : Notre structure institutionnelle, nous permet-elle d’agir efficacement en matière de protection de l’environnement ?
 

Pascal SAFFACHE : J’évite de  prendre parti pour tel ou tel parti politique. En tant qu’universitaire, je réponds aux attentes des uns et des autres, de manière indépendante. Mon unique objectif c’est le développement la Martinique. Je souligne toutefois les efforts méritoires du Conseil Régional de la Martinique pour le Schéma Martiniquais de Développement Économique (SMDE). J’ai été très agréablement surpris d’avoir été contacté par le Conseil Régional parce qu’en réalité, leur démarche est celle qui va dans le bon sens. On nous parle depuis de nombreuses années de développement sans jamais intégrer l’ensemble des composantes de la société martiniquaise. Pour une fois, une collectivité a bien compris cette démarche et a fait appel aux forces vives du pays.

Par contre, j’estime qu’actuellement, une assemblée unique serait le moyen le plus efficace pour donner une certaine logique de développement à notre territoire. Deux assemblées sur un même territoire entraîne souvent un manque d’efficacité.

 

 

 

LTA : Nous t’adressons nos félicitations pour votre dernier prix, tout en sachant que vous avez, pour ainsi dire, l’habitude d’être primé…

Nous avons l’impression que vous êtes davantage reconnu à l’extérieur qu’en Martinique ?

 

 

Pascal SAFFACHE : Avant tout, je tiens à remercier très chaleureusement la jeune chambre économique de la Martinique pour leur confiance et leur soutien. La reconnaissance de Pascal Saffache ne prime pas à mes yeux, ce n’est pas cela qui est important. La mission que je me suis donnée, c’est de faire de l’environnement et de l’aménagement du territoire les deux axes fondamentaux permettant d’accéder à un développement durable de la Martinique.

 

 

DIANA RAMASSAMY