Week-end sanglant en Tunisie. Plusieurs personnes ont trouvé la mort samedi et dimanche dans ce pays en proie depuis trois semaines à une révolte sociale inédite, lors d’affrontement avec la police. Dimanche, le gouvernemental tunisien a fait état de 14 tués par balles et neuf blessés, lors des accrochages entre manifestants et forces de police, à Thala et Kasserine, dans le centre-ouest du pays, où des affrontements ont aussi eu lieu ce lundi.
Le bilan donné par les autorités, hier, est contesté par des opposants et des syndicalistes, qui l’estiment en deçà de la réalité. Pour Ahmed Nejib Chebbi, opposant et chef historique du Parti démocratique progressiste, il y a eu au moins 20 tués par balles. « Les informations qui nous proviennent de Kasserine et Thala font état d’au moins de vingt morts tombés sous les balles depuis samedi » a-t-il déclaré à l’AFP, expliquant qu’il tenait ses informations des relais de son parti dans les deux villes. Il a appelé le président Zine El Abidine Ben Ali à ordonner « un cessez-le-feu immédiat ». De leur côté, des syndicalistes interrogés par l’AFP ont fait état, sous couvert d’anonymat, d’au moins 35 morts, entre Thala et Kasserine et Regueb. Proche de Sidi Bouzid (265km de Tunis), lieu de départ de la contestation sociale, cette dernière localité a été atteinte dimanche par les troubles, après qu’un officier de police eût confisqué les papiers et le téléphone portable d’un chauffeur de camion. Quatre personnes y ont été tuées, et deux autres grièvement blessées.
Le gouvernement annonce des mesures en faveur de l’emploi
Le mouvement de contestation a commencé le 17 décembre, après le suicide d’un vendeur ambulant sans permis, qui s’était immolé par le feu, après que la police eût saisi son chargement de fruits et légumes. Un geste désespéré qui a servi de déclencheur à la grogne populaire dans un pays où des milliers de jeunes, diplômés du supérieur pour certains, connaissent le chômage et à la précarité sociale. L’extension du mouvement dans plusieurs villes suscite de l’inquiète dans les rangs de la majorité au pouvoir. Dimanche, l’Union démocratique unioniste, un parti d’opposition réputé proche du pouvoir et qui dispose de huit sièges au parlement, a appelé à une action « urgente » du président Zine El Abidine Ben Ali, exigeant l’ « arrêt immédiat » des tirs à balles réelles contre les civils. Le parti a suggéré la prise de mesures pour « assainir le climat », notamment la création d’un fonds de chômage pour les diplômés de l’université.
« Le message a été reçu. Nous allons examiner ce qui doit être examiné, nous allons corriger ce qui doit être corrigé, mais la violence est une ligne rouge », a déclaré dimanche lors du journal télévisé de la chaine qatari Al Jazeera Samir Labidi, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement. Samedi, le patronat tunisien avait déjà annoncé une grande campagne d’embauche de jeunes diplômés des universités, pendant que le gouvernement présentait les projets lancés à Sidi Bouzid au début de l’agitation sociale. « Cette campagne vise à engager 50 000 diplômés des universités durant les quatre à huit semaines à venir », a indiqué Hédi Djilani, président de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA). De son côté, le gouvernement a rendu public un document intitulé « mesures concrètes », qui explicite les projets devant générer des emplois dans les zones en proie à l’agitation. Il s’agit notamment du renforcement des réseaux routiers et de télécommunications, de la création d’un complexe industriel et technologique, de la mise en place d’un fonds de développement d’un montant de 5 millions de dinars et d’un programme de formation pour les diplômés du supérieur. Les petits métiers, l’agriculture l’artisanat recevront également des financements de plusieurs millions de dinars.
SOURCE : Afrik.com