UN PAPE LATINO : 40 % DES CATHOLIQUES DU MONDE VIVENT EN AMÉRIQUE LATINE

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Le rôle politique de l'église

Le catholicisme subit la concurrence des églises protestantes tandis que la fracture entre une Église dite « progressiste » et une hiérarchie plus conforme aux canons traditionnels perdure aujourd'hui sur l'ensemble du continent.


 


40 % des catholiques du monde habitent en Amérique latine. Le Vatican s'inquiète pourtant de l'influence grandissante des Églises protestantes, particulièrement remarquable au Brésil. Au Mexique aussi, l'Église catholique perd chaque année de nombreux fidèles. Évangélistes et pentecôtistes ont commencé à s'implanter à la fin des années 1970. Ils ont été encouragés par Washington, qui voyait avec méfiance se développer dans la région un catholicisme inspiré de la théologie de la libération dont l'une des figures de proue fut le Brésilien Dom Helder Camara, participant actif au concile de Vatican II. Promu évêque de Recife le 20 avril 1952, il avait quitté son palais épiscopal pour s'installer dans un bidonville. 


«Quand je nourris un pauvre, on me dit que je suis un saint. Quand je demande pourquoi le pauvre n'a pas de quoi se nourrir, on me traite de communiste», disait le prélat pour résumer son engagement. Très vite, cette théologie de la libération sera contestée au Vatican, surtout quand ces partisans s'engagent ouvertement contre les dictatures de la région. Car pour le pape de l'époque, Jean-Paul II, le principal danger pour l'Église sud-américaine est le marxisme.


À la tête de la congrégation pour la Doctrine de la foi, le cardinal Ratzinger remplacera les évêques soupçonnés de sympathies communistes. Le conservateur Dom José Cardoso succède à Dom Helder Camara comme archevêque de Recife, et Jean-Paul II condamne les prêtres qui participent au gouvernement sandiniste au Nicaragua.


Le crucifix de Chavez


Cette fracture entre une Église dite «progressiste» et une hiérarchie plus conforme aux canons traditionnels perdure aujourd'hui. L'archevêque Diego Padron, président de la conférence épiscopale du Venezuela, a récemment salué l'attitude de Benoît XVI, pour mieux critiquer celle d'Hugo Chavez, alors que, dans les quartiers, les curés revendiquent leur appartenance au chavisme.

Mais c'est à Cuba que l'Église catholique a, ces dernières années, joué un rôle politique majeur. La première visite de Jean-Paul II a eu lieu en 1998. Depuis, le régime castriste et l'Église catholique n'ont cessé de dialoguer, sous l'impulsion du cardinal Ortega et des frères Castro. Ce rapprochement a permis la libération de nombreux prisonniers politiques et la mise en place de profondes réformes économiques. L'Église a eu l'autorisation d'ouvrir une université, brisant le monopole de l'État sur l'enseignement supérieur. Elle est devenue le principal interlocuteur du pouvoir et Benoît XVI a pu effectuer une visite sur l'île castriste en mars 2012.


Sur l'ensemble du continent, le catholicisme demeure une référence majeure. Lors de sa dernière allocution télévisée, le 10 décembre 2012, le Vénézuélien Hugo Chavez brandissait un crucifix et s'est plus souvent référé à Jésus-Christ qu'à Karl Marx. Récemment réélu à la tête de l'État équatorien, Rafael Correa, se revendique de la théologie de la libération. Et la présidente argentine, Cristina Fernandez de Kirchner, se refuse à envisager la légalisation de l'avortement au nom de son attachement aux valeurs du catholicisme.